Sécurité : une appli pour que les femmes ne rentrent plus seules à Lyon

Pour de nombreuses femmes, l'idée de marcher seules dans la rue, notamment le soir, est effrayante. Entre alpagage, sifflement voire agression, beaucoup ne se sentent pas en sécurité. L'association Safe Women Walk propose de les mettre gratuitement en relation pour qu'elles puissent "co-piétonner" à Lyon.

Tout commence en Octobre 2020. Suite à l'agression de son ex-petite amie, Alexis Mouchot décide de créer un groupe sur Facebook nommé Safe Women Walk Lyon, pour que les femmes puissent proposer ou trouver des trajets à faire ensemble. 

"Sortie de métro à Garibaldi, deux hommes assez véhéments se sont montrés très insistants avec elle au point de lui toucher les fesses en pleine rue. Elle était choquée d'un tel comportement, et moi aussi. C'est pourquoi j'ai décidé de faire quelque chose car je n'en pouvais plus t'entendre ce genre d'histoires qui sont quasi quotidiennes pour les femmes", témoigne-t-il. 

L'idée fonctionne assez vite. Un an plus tard, le groupe compte 2 500 membres et une dizaine de propositions de trajet par semaine. Face à ce succès, Alexis Mouchot est rejoint par Sabrina Lafrej, Pauline Péra et Anthony Putzolu pour gérer et développer ce qu'ils appellent un "outil de mise en relation".

Tous les quatre ont la vingtaine et occupent des emplois à temps plein. Mais à côté, ils ne comptent pas les heures qu'ils investissent bénévolement dans leur action. Ensemble, ils créent une association éponyme à l'été 2021 et se lancent dans le développement d'une application pour gagner en efficacité. 

Sentiment d'insécurité

Ils le constatent, le besoin est bien présent. "On a pas mal de témoignages avec des histoires très dures, très compliquées. Certaines femmes n'osent plus sortir dans la rue car elles sont traumatisées", explique Sabrina Lafrej. "L'idée c’est de créer un espace de confiance. Un espace safe pour les femmes qui ne se sentent pas en sécurité dans l’espace publique, particulièrement le soir"

Mais pas que : "cela peut-être des trajets ponctuels ou répétés. Certaines personnes ont vécu des choses tellement compliquées que pour elles, même sortir la journée devient difficile"

En parallèle, l'association a aussi créé des groupes WhatsApp par arrondissement et pour certaines grosses stations de métro.

Un groupe réservé aux femmes

Dès le départ, le parti pris est de réserver cet espace aux femmes. "Pour certaines femmes qui ont déjà subi des agressions sexistes dans la rue, c’est rassurant" explique Sabrina Lafrej. 

Les membres de l'association modèrent le groupe Facebook, ce qui est déjà très chronophage. En conséquence : "on n’a pas le temps de filtrer les hommes pour vérifier qu’ils soient bienveillants en menant des entretiens avec eux", poursuit-elle. 

Les hommes sont néanmoins bienvenus pour s'investir dans le projet. "Pour le moment, nous sommes deux hommes et deux femmes au sein de l'association.", rappelle Sabrina Lefrej.

Redonner aux femmes leur place dans l'espace public 

Leur action est bien ciblée. "Le premier mot qui me vient à l'esprit c'est "empowerment" (autonomisation en anglais ndlr), explique Anthony Putzolu. "Je connais de très nombreuses personnes qui se font harceler et je trouve ça dommage de se dire "je ne veux peut-être pas sortir ce soir parce que j'ai peur", poursuit-il. "L'idée est de rendre les femmes plus fortes, plus confiantes et plus tranquilles".

Sabrina Lafrej voit son engagement comme "une action" pour l'égalité homme-femme. "Elle vise à permettre aux femmes vivre de comme les hommes, sans peur ni crainte d'être sur la voie publique", explique-t-elle. 

Développement d'une application

Pour gagner en efficacité, l'association est en train de développer une application. "Si une femme poste un message en pleine nuit pour rentrer de boîte par exemple, elle a assez peu de chance de trouver quelqu'un. C'est là que l'on voit la limite de l'outil Facebook." 

L'idée germe donc de développer une application pour smartphone, dont le codage est confié à Anthony Putzolu. "Œuvrer pour la bonne cause c'est toujours gratifiant", explique-t-il.

L'équipe garde un œil sur ce qui se fait ailleurs. "Il y a une autre association qui fait actuellement une levée de fonds pour un projet similaire, c'est à dire uniquement pour les femmes. Sinon il existe une application de co-piétonnage ouverte à tous mais payante", détaille le codeur. 

Les quatre membres restent fermes : leur application ne sera pas payante. "Hors de question de monnayer la sécurité des femmes", affirme Sabrina Lafrej. 

Pour la financer, l'association espère obtenir des subventions. Elle accepte également les dons via son profil HelloAso.

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