Maternité et handicap : maman en fauteuil roulant, un tabou tombe et les hôpitaux lyonnais cherchent à s'adapter

Être maman et en fauteuil roulant... Pendant longtemps, la société à jugé les deux images incompatibles. Mais depuis quelques années, les mamans en situation de handicap sont de plus en plus nombreuses et les maternités cherchent à s'adapter... avec plus ou moins de difficultés. Exemple aux Hospices Civils de Lyon.

Sur son lit de maternité, Floriane Vintras serre sa petite fille avec amour. Une image douce, naturelle et conforme à la normalité. «Mais je suis une maman comme tout le monde, j'ai juste une façon différente de me déplacer», pose Florian en préambule. Maternité, handicap, les mots sont longtemps restés antinomiques dans l'imaginaire collectif. Et pourtant.

« Il y a de plus en plus de femmes en fauteuil roulant qui voudraient être mamans et qui doutent que cela soit possible, notamment par rapport aux infrastructures. Mais c'est possible », sourit la jeune-femme, aujourd'hui épanouie.

Possible, mais pas simple

Les mamans en fauteuil roulant ont de moins en moins peur d’avoir un enfant, donc ça devient de plus en plus courant… et je pense qu’il faut ouvrir la maternité à tout le monde

Floriane Vintras, jeune maman

Car pour en arriver là, la jeune paraplégique a connu un véritable parcours du combattant. Une césarienne au CHU de la Croix-Rousse, une petite main qu'elle n'a vu que quelques secondes, deux transferts, faute de chambre PMR disponible, et une séparation pendant plus de trois jours...

Douloureuse épreuve, pour une toute jeune maman. Reconnaissante envers le personnel de santé, elle aimerait que la parentalité et le handicap soient aujourd'hui encore mieux encadrés. « Les mamans en fauteuil roulant ont de moins en moins peur d’avoir un enfant, donc ça devient de plus en plus courant… et je pense qu’il faut ouvrir la maternité à tout le monde ».

Car c'est l'une des principales difficultés pour une maman handicapée. Les maternités ont été construites il y a une quinzaine d'année et n'ont pas forcément été pensées pour accueillir des personnes en situation de handicap. Les Hospices Civils Lyonnais cherchent donc à évoluer dans ce sens. Floriane et sa fille, par exemple, ont pu utiliser une couveuse réglable. «On voit d'année en année, de plus en plus de personnes en situation de handicap souhaitent mener des grossesses et on doit s'adapter à ses mamans», explique Frank Plaisant, médecin chef du service de néo-natalité HFME.

Des maternités qui s'adaptent

«La prise en charge des personnes en situations de handicap dans les maternités est une question récente pour laquelle on est en train de mettre en place des actions nouvelles », assure le professeur Philippe Michel. Les HCL proposent aux futures mamans en situation de handicap un parcours dédié et adapté pour les accompagner depuis la première consultation jusqu'à l’accouchement, et même au-delà. «La spécificité du handicap, ce n'est pas juste pendant l'accouchement, c'est avant et après. Avant, comment je me prépare, avec mes besoins, à accoucher ? Et après, comment je peux gérer des situations un peu particulières, du fait de mon handicap ? ».

Mais pour l'instant, seul l’hôpital de la Croix Rousse est équipé et peut proposer des chambres adaptées, où le bain du bébé est par exemple possible à toute hauteur et où le berceau est un cododo facilement accessible depuis le lit. «Il faut encore généraliser les chambres seules, où le conjoint qui est aussi un aidant, puisse dormir également », reconnaît le professeur Philippe Michel.

Encore de nombreux efforts à faire

Car même si de nombreux efforts ont déjà été faits, «il y a encore beaucoup de choses à améliorer pour faciliter leur accueil au quotidien, on doit progresser sur l'accessibilité», ajoute Frank Plaisant. «On manque de moyens... Aujourd'hui on voudrait développer un parcours de handicap sensoriel, pour les patientes malvoyantes ou malentendantes, mais là dessus, on est un peu limités.», regrette Nicole Dupin, sage-femme coordonnatrice HandiMam à l'hôpital de la Croix-Rousse.

Des chambres adaptées et un parcours de soins prometteurs. Mais pas suffisants. «On voit que les choses avancent, il y a de plus en plus de médecins qui se sensibilisent et qui se forment,  mais pour que la maternité en fauteuil roulant soit plus facile, il faut prendre en compte nos besoins, pas seulement pendant la grossesse, mais aussi après, et dans plus d'hôpitaux qu'actuellement. Il faut aller au bout des choses pour montrer que c'est possible. Parce que c'est possible», tient à rappeler Floriane, en caressant tendrement la tête de sa petite fille.

Avec Béatrice Tardy

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