La ville de Saint-Priest vient d'inaugurer une nouvelle rue. Elle porte le nom d'André Pédron. Un Lyonnais, entré dans la résistance en 1942, arrêté puis déporté dans les camps nazis. Libéré en 1945, il a passé sa vie à raconter ce qu'il appelait lui même "l'enfer sur terre".
Dans son livre, écrit un an après sa libération des camps en 1945, André Pédron raconte l'insupportable. Il y a un peu de Primo Levi dans ses mots. Il y a beaucoup d'atrocité. Il y a cette volonté de vivre malgré l'horreur.
"Ceci est un livre de bonne foi" indique dans sa préface Edmond Locard. Il rajoute même : "atroce avec simplicité".
Je ne sais pas ce qu'est l'enfer, mais je crois que nous en avons eu là un aperçu.
André Pédron, "Matricule 34900", éditions BGA Permezel
André Pédron était comptable dans une entreprise basée à Saint-Priest, spécialisée dans le pétrole. En 1940, après la défaite militaire française, il va commencer à faire acte de résistance. Il subtilise du carburant à l'occupant, réalise de faux papiers et renseigne les réseaux de résistance. Il surveille les mouvements d'avion sur l'aéroport de Bron tout proche. Il participera même à des actions de sabotage sur les voies SNCF.
Montluc puis les camps
Un détenteur de faux papiers, arrêté puis torturé, donnera son nom. André Pédron sera arrêté, à son tour, par la Gestapo le 19 octobre 1943.
Sur les registres des archives départementales du Rhône concernant les prisonniers d'alors, on peut lire au motif de son arrestation : "appartient à un groupement de terroristes".
Enfermé à la prison de Montluc, à Lyon, il sera transféré dans les camps de concentration nazis. En 1945, à l'approche des troupes alliées, Il sera conduit à celui de Bergen Belsen en Allemagne.
Il vivra les pires heures de la condition des prisonniers. Racontant comment, lors d'un transfert, des prisonniers ont été assassinés.
Les SS choisissent quinze hommes parmi les soixante arrivants, les font mettre à genoux, et devant leurs camarades horrifiés les frappent à coups de bâton jusqu'à ce que mort s'en suive.
André Pédron, extrait du chapitre "le camp de la mort" dans "Matricule 34900"
Le 15 avril 1945, il est libéré. Cet habitant de Saint-Priest a passé sa vie à raconter son histoire. Par devoir de mémoire. Décédé en 1985, à l'âge de 76 ans, il a été mis à l'honneur.
Hommage
La ville vient de donner son nom à une rue nouvelle du centre ville, elle vient d'être inaugurée.
En donnant le nom d'André Pédron à une rue du centre ville, notre municipalité a souhaité rendre hommage à un San-Priod d'exception.
Gilles Gascon, maire (LR) de Saint-Priest
Située entre la rue Récamier et la rue Victor Hugo, la rue André Pédron relie désormais d'anciens bâtiments conservés et de nouveaux îlots construits dans le cadre d'une opération de renouvellement urbain du quartier. Comme un trait d'union entre le passé et l'avenir.