Une galerie a lancé un défi à une vingtaine d'artistes. La contrainte : utiliser les tickets papier des transports en commun lyonnais pour créer des œuvres d'art. Une exposition présente le fruit de leur imagination. Débordante et insolite.
"C'est hétéroclite, intéressant". Les visiteurs semblent sous le charme. En déambulant dans la galerie EM'Arts, dans le 2° arrondissement de Lyon, on s'étonne. Les tickets de bus et métro ont été transformés en tableau, en objet ou purement détournés de leur fonction première. Ici, les tickets ont été soigneusement pliés en forme de col de chemise et enfermés dans un bloc transparent. Là, une reprise du fameux tableau de Michel Ange (La création d'Adam) où la main de Dieu rejoignant celle d'Adam lui tend quatre tickets. Un peu plus loin, on ne cherche même plus à les compter. L'artiste Geoffrey Foucher s'est "amusé" à découper millimètre par millimètre plus d'une centaine de tickets pour réaliser le portrait d'une femme de profil.
C'est minutieux. C'est long. Les tronçons de quelques millimètres sont amassés les uns derrière les autres. Ce que j'aime, ce sont les courbes, mais comme je n'avais que des lignes droites, il fallait que je joue avec les lignes droites pour récupérer les courbes. La difficulté était là.
Geoffrey Foucher (alias Fouch), artiste
Des tickets de bus comme matière première
La matière première permet différentes formes d'expression. Certaines œuvres sont en noir et blanc, mais le rouge, couleur d'origine du réseau lyonnais, domine. Un portrait d'un homme aux cheveux tressés en a nécessité plusieurs centaines. Une maquette entièrement constituée de tickets, collés les uns aux autres, fait furieusement penser à l'opéra de Lyon en relief.
La fin d'une époque
Pour Emmanuelle, à l'initiative de l'exposition, il y avait nécessité de continuer à faire vivre cet objet du quotidien si familier. Il disparaîtra courant 2024, remplacé par des modes dématérialisés. Fini le ticket laissé aux portiques des entrées du métro afin d'en faire profiter un autre usager.
J'aime bien cette chose papier. C'est graphique. Il y avait aussi cette histoire de ticket solidaire que j'aimais bien. C'est avec un peu de nostalgie que je me suis dit : ça va disparaître et quoi après ? Il y aura moins d'interactions humaines, moins d'échanges.
Emmanuelle Col-Urich, galerie EM'Arts
Intitulée "Collector avant l'heure", l'exposition-vente se déroule jusqu'au 27 janvier. La galerie est située rue de la Poulaillerie dans le 2e arrondissement de Lyon. Elle est facilement accessible en transports en commun.