Le Conseil des mosquées du Rhône crie à l’injustice. Depuis 2 ans, les comptes bancaires de plusieurs mosquées de la métropole lyonnaise sont fermés par certaines banques sans aucun motif aux dires des représentants du Conseil. De quoi mettre en péril les chantiers de nouvelles mosquées.
Kamel Kabtane, le Président du Conseil des mosquées du Rhône ne décolère pas. Il affirme que depuis deux ans, certaines banques ont décidé sans préavis de clôturer les comptes de plusieurs mosquées : « Ce sont des décisions qui tombent du jour au lendemain. Nous recevons des lettres avec accusé de réception nous informant de la fermeture de comptes bancaires. Plusieurs mosquées sont en cours de construction et nous devons éviter de nous retrouver en cessation de paiement. Ce n’est plus possible. Les entreprises sont aussi en droit de savoir ».
Quatre chantiers de mosquées sont en cours sur la métropole de Lyon. Une dans le quartier de Gerland, deux à Villeurbanne et une dernière à Vaulx-en-Velin. Sur ces quatre constructions, trois sont en suspens suite à la défection des banques.
« Aujourd’hui est-ce que ces banques obéissent à une injonction qui vient de plus haut ou est-ce que ce sont des mesures isolées ? Je ne sais pas… Nous n’avons aucun motif justifiant ces fermetures et ne pouvons avoir aucun recours en justice car c’est contractuel».
« Nous devenons suspects aux yeux de certains »
Depuis la loi de 1905, les institutions religieuses ne perçoivent aucun financement public. Les édifices sont financés par les fidèles lors des quêtes. Une accumulation de petits dons qui progressivement représente de grosses sommes virées directement aux banques. Le Conseil des mosquées présume que ce sont ces transferts d’argent liquide qui posent problème mais redoute une forme de défiance envers la communauté :
« Les fidèles sont la seule source de financement de nos mosquées. Il n’y a plus d’argent qui arrive de l’étranger. Nos comptes sont tracés par des experts comptables… Il y a une injustice qui touche partout les institutions musulmanes de France. Nous devenons suspects aux yeux de certains, comme des hors la loi. C’est cette suspicion qui est insupportable et qui nous inquiète. »
Selon Kamel Kabtane, ces clôtures de comptes seraient de plus en plus nombreuses depuis la mise en place de Tracfin, le service administratif de traitement du renseignement financier. Dans un communiqué le recteur alerte l’Etat et demande aux pouvoirs publics « de prendre toutes les dispositions nécessaires pour interdire ces fermetures injustifiées et rétablir le droit inaliénable de disposer d’un compte en banque pour tout citoyen français ».
Et de rajouter : « Tracfin est puissant. Il a condamné en 2018 la Banque Postale à 50 millions d’Euros pour ne pas avoir pris de mesures suffisantes pour surveiller les comptes». Ceci expliquerait peut-être cela ?