"Docteur, il a 10 ans, il n'arrive toujours pas à lire correctement. Il lit la tabe au lieu de la table, il mélange le B et le D". Pas de panique, votre enfant est peut-être dyslexique. Ce n'est pas grave. C'est un handicap, invisible, mais, c'est un handicap.
La dyslexie est une difficulté pour la lecture, qui touche 8 % des enfants. Elle est due à un trouble d’origine neurologique qui ne se guérit pas, mais qui se rééduque grâce à l’orthophonie. Considéré comme porteur d’un handicap (invisible), l’enfant dyslexique est souvent doté de belles compétences sur le plan affectif et sur le plan moteur, avec une créativité et un sens de l’effort hors du commun. Ce qui explique sans doute la réussite de dyslexiques célèbres comme Léonard de Vinci, Churchill ou encore le chanteur Mika !
Lorsqu'un enfant ne lit pas correctement, il peut souffrir de dyslexie, mais ce n'est pas la seule explication. La première chose à faire, c'est obtenir un diagnostic pour écarter les autres causes : problème de stratégie visuelle pour poser son regard sur les lignes, problème d'audition ou juste un retard qui va passer tout seul. La première personne à consulter, c'est le médecin de famille, ou le médecin scolaire qui sauront dire s'il faut poursuivre les investigations. En général, ils vont vous adresser à un orthophoniste. C'est lui qui dira s'il y a vraiment dyslexie que l'on appelle maintenant un trouble du langage écrit. "Transformer ce qui est écrit en son".
Le docteur Revol, pédopsychiatre, vous éclaire, et vous donne quelques clés.
Reconnaître le handicap et s'adapter
Un enfant dyslexique, c'est un enfant intelligent qui a la même volonté d'apprendre que les autres, mais qui n'a pas exactement la même compétence parce que la région gauche de son cerveau marche moins bien. Il suffit de le reconnaître, de l'expliquer à l'enfant, à l'enseignant et à l'entourage. Un dyslexique ne saura pas lire à la fin du CP ni du CE1. En revanche, il est bon ailleurs. Il faut le protéger, ne pas le faire pas lire devant tout le monde, préférer les dictées à trous... Il faut reconnaître que c'est un handicap, qu'il ne le fait pas exprès et que ce n'est pas un enfant fainéant.
À partir de ce moment-là, on le remet au même niveau que les autres. Il peut avoir une auxiliaire scolaire qui va l'aider, qui va lui lire le texte pour qu'il soit à égalité avec les autres. Ainsi, il ne perd pas de temps à déchiffrer un problème de maths qu'il va réussir très bien à partir du moment où il l'a compris. On reste dyslexique toute sa vie, mais on apprend à vivre avec, on apprend à contourner et à trouver des stratégies.
Le dyslexique saura lire un jour. Et, quand ce moment sera venu, on s'apercevra de tout le reste que l'on n'avait pas vu. Parce que quand on est dyslexique, on est aussi très créatif, très travailleur, très accrocheur, très empathique. Et, lorsqu'on l'aura aidé à dépasser sa dyslexie, que l'on aura transformé son handicap en tremplin, on verra ses points forts. Il pourra dire lui-même qu'il est dyslexique, mais fantastique.
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Le Dr Olivier Revol,
Il a 64 ans et est l'auteur de nombreuses publications scientifiques concernant la précocité intellectuelle, l'hyperactivité et les difficultés scolaires.
Il dirige un service de Neuro-psychiatrie de l’enfant au CHU de Lyon. Il enseigne à l’Université Lyon 1 et milite depuis 30 ans pour que chaque enfant, quelles que soient ses compétences, découvre à l'école le plaisir d'apprendre.
Il a publié trois ouvrages chez JC Lattès : "Même pas grave ! L'échec scolaire, ça se soigne" en 2006, "J’ai un ado, mais je me soigne" en 2010, et "On se calme" en 2013. Il a co-écrit en 2019 « Les Philocognitifs » chez Odile Jacob et "100 idées pour accompagner les enfants à Haut Potentiel (Tom Pousse)" en 2021.
Il aide les parents et les professionnels à comprendre les nouveaux codes des enfants et des adolescents, avec un intérêt particulier pour les fratries d’enfants différents.