Docteur, il est scotché aux écrans toute la journée, c'est grave ? Difficile de prendre position sur quelque chose que l'on n'a pas connu, mais avec du bon sens et un peu de communication, ça passe.
L’influence des écrans sur nos enfants est un sujet sensible. Internet, réseaux sociaux, consoles, ordinateurs, jeux vidéo, téléphones utilisés comme nouveaux doudous, tous suscitent des craintes sur l’utilisation qui peut en être faite. Avec toujours en filigrane la peur de l’échec scolaire ou le risque de mauvaises rencontres.
Alors, de la passion à l’addiction, du «geek» au «no life», où se situe la limite ?
L’impact des nouveaux médias n’est pas forcément négatif, mais les parents sont désemparés face à une activité qu’ils n’ont pas connue et que leur méconnaissance contribue à diaboliser. L’utilisation des écrans peut même être considérée comme un outil d’avenir sur le plan du développement individuel et social, dans une logique pédagogique et thérapeutique. Des conseils simples permettent de proposer des postures éducatives adaptées
Olivier Revol, pédopsychiatre, père de quatre enfants, est comme nombre de parents de grands enfants. Il a vu arriver la télé en noir et blanc, puis la télé en couleur. Il était ravi, mais il n'a pas connu ces 5 ou 6 écrans par foyer que l'on décrit actuellement. Il vous éclaire, et donne quelques clés.
Tous les écrans ne se valent pas
Il faut premièrement dédiaboliser. Tous les écrans ne sont pas forcément dangereux. Il y a plusieurs types d'activités sur les écrans, il y a les écrans pour travailler et les écrans loisirs. Dans ces derniers, il y a les loisirs sans interactivité, c'est-à-dire Youtube, la télé, les séries et puis les écrans interactifs, où là, on a plus de chances de devenir addict : les jeux vidéo et les réseaux sociaux.
Une chose est sûre : on doit poser les téléphones le soir à l'entrée de la chambre.
Trois réflexes pour les parents,
1 - s'intéresser.
2 - Limiter.
3 - Paramétrer.
C'est très facile d'interdire un certain nombre de jeux et d'applications sur le téléphone et d'ailleurs les adolescents sont contents de voir qu'il y a des limites.
S'intéresser, se renseigner, échanger
Il peut être constructif de poser la question : à quoi tu joues, est-ce que tu peux me montrer ? Et on va s'apercevoir qu'il y a des jeux qui sont des jeux créatifs comme Minecraft. Des jeux qui sont des jeux d'exploration tout à fait positifs et qui n'ont aucun risque de dégénérer vers de la violence. C'est toujours mieux quand il y a un dialogue autour de ça et que l'enfant peut partager avec les adultes.
C'est un phénomène de société incontournable et c'est un plaisir pour les enfants qui peut être partagé. Bien sûr, c'est à utiliser avec modération, car comme tout ce qui fait plaisir, à petite dose, ça ouvre les relations sociales, mais à haute dose, ça les ferme. C'est aux parents de trouver la bonne limite, d’autant plus que pour nos petits enfants urbains, l'écran est presque l'équivalent de la cabane au fond du jardin.
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Le Dr Olivier Revol,
Il a 64 ans et est l'auteur de nombreuses publications scientifiques, concernant la précocité intellectuelle, l'hyperactivité et les difficultés scolaires.
Il dirige un service de Neuro-psychiatrie de l’enfant au CHU de Lyon. Il enseigne à l’Université Lyon 1 et milite depuis 30 ans pour que chaque enfant, quelles que soient ses compétences, découvre à l'école le plaisir d'apprendre.
Il a publié trois ouvrages chez JC Lattès : "Même pas grave ! L'échec scolaire, ça se soigne" en 2006, "J’ai un ado, mais je me soigne" en 2010, et "On se calme" en 2013. Il a co-écrit en 2019 « Les Philocognitifs » chez Odile Jacob et "100 idées pour accompagner les enfants à Haut Potentiel (Tom Pousse)" en 2021.
Il aide les parents et les professionnels à comprendre les nouveaux codes des enfants et des adolescents, avec un intérêt particulier pour les fratries d’enfants différents.