Ce dimanche 6 octobre, un supporter lyonnais du groupe "Six Neuf Pirates" a été blessé à la cuisse au couteau. Si les affrontements entre supporters d'équipes opposées sont courants, cette fois-ci, il s'agirait d'une rixe entre passionnés de l'Olympique Lyonnais, mais appartenant à des groupes de supporters différents.
On peut être supporter d'une même équipe de foot et s'affronter. C'est ce qui est arrivé ce dimanche 6 octobre à la sortie du Groupama Stadium. Après le match entre l'Olympique Lyonnais et Nantes, remportés par l'OL 2-0, les Lyonnais avaient toutes les raisons de faire la fête, mais un supporter a été blessé.
Nouveau venu
Devant les portes du bloc 439, sous la tribune Est, des supporters en seraient venus aux mains. Un membre du collectif "Six Neuf Pirates" a été blessé à la cuisse par arme blanche. Des affrontements rapidement condamnés par Laurent Prud'homme, Directeur général de l'Olympique Lyonnais : "ces évènements sont indignes de notre blason".
Les violences, quelles qu’elles soient, n’ont pas leur place à l’OL. Nous condamnons très fermement les affrontements et agressions qui ont eu lieu dans le stade cet après-midi.
— Laurent Prud'homme (@LaurentPrudhom) October 6, 2024
Ces événements sont indignes de notre blason.
L’Olympique Lyonnais doit rester uni et indivisible.
" Six Neuf Pirates "(SNP) est un très jeune groupe de supporters qui compte aujourd'hui une quarantaine d'abonnés. Leur premier post sur les réseaux sociaux remonte à février 2024 et il commençait à se faire une petite place au stade.
Si le groupe est régulièrement présenté comme "antifa" (NDLR : antifasciste, opposé à l'extrême droite), dans un communiqué publié ce lundi 7 octobre, le groupe de supporter se présente comme "totalement apolitique, cosmopolites, ouverts à toutes et à tous, non violents ". Selon le SNP, ce sont des membres des " Bad gones " et de " Lyon 1950 ", autres groupes de supporters, qui les attendaient en bas des marches à la fin du match.
"On aime tous profondément le sport, les supporters qui nous ont agressés, ce sont des gens avec qui on chante au stade ", se désespère Pierre (prénom d'emprunt), membre du groupe des "Six Neuf Pirates", présent au stade dimanche soir.
Un groupe plus inclusif ?
S'ils ne se revendiquent pas "antifa", le groupe de supporters Six Neuf Pirates se veut inclusif. " Nous devons nous rassembler, nous, peuple lyonnais, amoureux de l'Olympique Lyonnais, quelles que soient nos cultures, nos religions, nos couleurs de peau. Car le peuple lyonnais c'est nous ", affirmaient-ils dans un communiqué sur X (ex-Twitter) le 27 mai.
Une déclaration qui faisait suite à la finale de la Coupe de France en mai, qui opposait les Lyonnais au PSG. Dans la fan zone du Groupama Stadium, deux jeunes femmes avaient été victimes de ce qui semble être des violences racistes de la part d'un supporter, le club s'était constitué partie civile.
Accidents à répétition
Ce dimanche 6 octobre, selon le bureau du SNP, ce sont deux de ses membres qui auraient été blessés au couteau. " Pour l'un des deux, ce n'est passé loin de l'artère, ça aurait pu être dramatique, explique Pierre. Ce matin, j'avais une dizaine de messages d'amis qui me demandaient si j'étais toujours en vie, je ne suis pas sûr de retourner au stade après ça."
Pour le groupe des " Six Neuf Pirates ", ça ne serait pas une première. Le 26 septembre, quand l'Olympique Lyonnais avait reçu le groupe grec Olympiakos au Groupama Stadium, un "guet-apens" aurait déjà été tendu par d'autres supporters, faisant des blessés chez les " Six Neuf Pirates ".
" Depuis le début de la saison, il y a des tensions : des membres du groupe ont reçu des menaces de mort, il y a eu des intimidations sur les réseaux sociaux, quelques insultes quand on sortait du stade, retrace Pierre qui a rejoint le Six Neuf Pirate cet été. Je suis abonné depuis 2010, je sais qu'il y a de la violence dans le foot, mais je ne pensais pas qu'entre supporters d'un même club, on pouvait être aussi violents."
La mauvaise réputation des Lyonnais
L'OL compte de nombreux groupes de supporters. Les deux principaux : les "Bad Gones" dans le "Kop Virage Nord " et "Lyon 1950" dans le virage sud, ont été liés à plusieurs accidents racistes depuis leurs créations respectives.
Saluts nazis, cris de singe, insultes racistes, les groupes de supporters lyonnais ont la réputation tenace de conserver un noyau lié à l'extrême droite, aux antipodes du discours affiché par le nouveau venu " Six Neuf Pirates ".
Pourtant, pour Pierre, plus qu'un conflit d'idéaux politiques, il s'agirait plutôt d'un conflit territorial. " La création d'un nouveau groupe n'est pas la bienvenue, on pourrait attirer des supporters qui ne veulent plus être associés à des groupes qui, même s'ils se disent apolitiques, ont encore un noyau dur de personnes d'extrême droite ", analyse-t-il.
Pour Pierre, au lendemain de l'altercation se pose la question de l'avenir du groupe "Six Neuf Pirates " qui n'est qu'au début de son histoire : les membres pourront-ils encore aller au stade, sans risquer d'être pris à partie et mis en danger par d'autres supporters ?