"On a l'objectif de bloquer Lyon" : les agriculteurs en colère maintiennent la pression

Après un week-end plus calme, avec plusieurs barrages levés temporairement, les agriculteurs de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes ont décidé de bloquer Lyon ce lundi 29 janvier. Ce choix fait écho à l'annonce, par les syndicats FNSEA et les Jeunes agriculteurs du Grand Bassin parisien, d'un "siège de Paris".

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Depuis plus d'une semaine, la colère gronde chez les agriculteurs. Sur tout le territoire français, des milliers de paysans ont temporairement quitté leurs exploitations pour bloquer de nombreuses autoroutes stratégiques. Ce week-end, certains barrages ont été levés pour que le mouvement réorganise sa "structuration de pression" et qu'il reprenne de plus belle lundi matin. "On ne court pas un 100 mètres mais un marathon, il faut tenir dans la durée" confie Michel Joux, Président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes (AURA).

"On restera là tant qu'on peut"

C'est pourquoi les agriculteurs de la FRSEA ont décidé de bloquer la ville de Lyon ce lundi 29 janvier. Une décision forte suite aux annonces des syndicats FNSEA et des Jeunes agriculteurs du Grand Bassin parisien, d'un siège de la capitale. "On a une stratégie commune avec nos amis franciliens qui vont bloquer Paris dès demain 14h00. Nous, on a l'objectif de bloquer Lyon, la deuxième ville de France. On a également avec d’autres collègues d’autres régions, l’objectif de bloquer dans les jours qui viennent toutes les autres grandes villes : Marseille, Toulouse ou encore Bordeaux pour que le gouvernement prenne conscience qui va falloir prendre la parole et nous annoncer des choses extrêmement sérieuses".

Le syndicat agricole souhaite bloquer les périphériques de Lyon, puis dans les jours à venir toute la métropole et le département, "pour que le Président de la République réagisse rapidement". "J'espère que le chef de l’Etat ne va pas essayer d’avoir une stratégie pour faire pourrir la situation parce que ça serait vraiment mal nous connaître. On restera là tant qu'on peut".

Une prise de conscience pas suffisante

Ce dimanche, un peu plus tôt dans la journée, le Premier ministre était en visite dans une exploitation bovine d'Indre-et-Loire. Deux jours après avoir annoncé des mesures pour tenter de répondre aux revendications des agriculteurs en colère, Gabriel Attal a reconnu n’avoir "pas répondu" à "tout le malaise", mais a affirmé être "résolu à avancer vite". Dans sa prise de parole, il a répété qu’il fallait renforcer les contrôles pour une meilleure rémunération des agriculteurs encadrés par les différentes lois Egalim, mais également "sortir de normes, de bâtons dans les roues, de procédures qui se sont empilés ces dernières décennies".

Les annonces du gouvernement sont plutôt vues d'un bon œil par les agriculteurs mais elles restent insuffisantes et loin de leurs revendications. Michel Joux remarque une réelle prise de conscience. "Lorsqu'on a écouté Gabriel Attal, on a vu un changement de paradigme. Ils se rendent compte que l'avenir de la population française passe par l'alimentation et donc par les agriculteurs. Ça aurait dû être fait depuis longtemps mais vaut mieux tard que jamais". Certaines mesures symboliques, comme la mise sous tutelle de l'Office français de la biodiversité (OFB) par les préfets, semblent satisfaire le Président de la FRSEA AURA. "Ce sont des bonnes choses. Et surtout, on a constaté que tout est faisable. Le Premier ministre a dit, je signerai des décrets demain et demain après-midi ça sera au Journal officiel. C'est déjà un premier pas."

Entre fatalisme et révolte

Mais selon lui, l'Etat reste loin du compte. "Ils ont tellement attendu pour réagir qu'aujourd'hui on est au bout du bout, que si on ne fait rien, si le gouvernement ne met pas l'agriculture en priorité nationale, s'il n'y a pas d'actions extrêmement fortes, ça peut devenir dangereux pour l'avenir des Français". Le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes pense que l'administration française doit donner un coup de main à l'agriculture pour qu'elle puisse conserver sa place : "On est la première agriculture du monde mais quand nous sommes numéro un, il faut toujours évoluer parce qu'autrement on se fait dépasser par les autres".

Il rappelle que les relations entre les producteurs, les industriels et la grande distribution sont tendues : "Il faut absolument que les relations commerciales se normalisent et qu'on puisse avoir la répartition de la valeur tout au long de la chaîne, c'est-à-dire du producteur jusqu'au consommateur. Parce qu'actuellement, il y a deux dindons de la farce dans l’affaire : les consommateurs qui payent des produits très chers et des producteurs qui ramassent les miettes".

Les agriculteurs vacillent alors "entre le fatalisme et la révolte". "Le fatalisme arrive à la toute fin, les gens arrêtent ou peuvent même dans certains cas se suicider. La révolte ce n'est pas bien mieux parce que lorsqu'on n'a plus rien à perdre, on casse tout donc il va falloir réagir vite, que des choses se stabilisent". Même les consommateurs qui voudraient aider les agriculteurs à leur échelle "ne peuvent pas le faire correctement". "Dans les supermarchés, il n'y a pas beaucoup d'indications sur les étiquettes, il y a un flou artistique magistral. Il faut changer ça et cibler des produits".

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé que de "nouvelles mesures" seront dévoilées dès mardi.

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