VIDEO. "On attend des mesures concrètes" : des habitants du Tonkin en appellent à Gérald Darmanin après trois fusillades dans le quartier

Après trois fusillades liées aux trafics de drogue, les habitants du quartier du Tonkin, à Villeurbanne, en appellent au ministre de l'Intérieur dans une lettre lue publiquement. La lecture a eu lieu à l'arrêt de tramway Tonkin ce lundi matin 13 novembre, à 8h. Une lecture publique en présence de divers collectifs et associations, et des parents d’élèves des écoles du quartier.

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"C'est une école prise entre quatre points de deal". C'est une situation intolérable pour les parents d'élèves de l'école élémentaire Nigritelle Noire, dans le quartier du Tonkin. Impossible pour ces Villeurbannais d'ignorer la présence des trafiquants de drogue aux abords de l'établissement qui accueille de très jeunes enfants. Après le week-end, l'état des lieux est indescriptible selon Sébastien, représentant des parents d'élèves de l'établissement. "Quand on arrive le lundi matin, c'est une porcherie aux abords de l'école. C'est dégueulasse. C'est une honte de tolérer ça aux abords d'une école. Il faut se mobiliser", tempête le père de famille.

Trafic de drogue et fusillades

Leurs enfants sont en danger. Les parents d'élèves de l'école Nigritelle Noire sont à bout. Rongés par l'angoisse, ils espèrent faire entendre leur voix jusqu'à Paris. Ce matin, à 8h, la lecture publique d'une lettre adressée au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a été programmée à l'arrêt de tramway "Tonkin". Elle a été lue publiquement par un membre du collectif "TONKIN PAI(X)sible" et doit également être adressée au ministre de l'Intérieur dans la journée par courrier recommandé. 

Extrait de la lettre qui interpelle Gérald Darmanin :

durée de la vidéo : 00h01mn31s
"Laissera-t-on le Tonkin devenir la nouvelle colline au crack ?" Des habitants de ce quartier de Villeurbanne tirent la sonnette d'alarme et en appellent au Ministre de l'Intérieur. 13/11/23 ©France Télévisions

Une action symbolique qui s'est décidée tardivement la veille. Elle vise à dénoncer une situation devenue "intolérable" et "inacceptable" mais aussi à surtout à demander davantage de moyens humains et de sécurité.

Alors que le quartier est connu pour être une zone de trafic de stupéfiants depuis plusieurs années, cette colère explose après trois fusillades aux abords de l'école en l'espace de quelques jours. Des dizaines de tirs en plein jour et des enfants encore traumatisés. L'une des fusillades a fait un blessé grave le dimanche 5 novembre. Mais pour les parents, leurs enfants auraient pu être victimes de balles perdues. Ces faits de violence sont liés aux différents trafics de drogue qui gangrènent ce quartier populaire aux portes de Lyon. Vendredi matin, la préfète du Rhône, Fabienne Buccio et le maire de la ville, Cédric Van Styvendael, s'étaient rendus sur place. Un déplacement qui n'a pas apaisé les esprits.

"On en a ras-le-bol dans le quartier. On trouve qu'il y a une inaction globale et générale. Ce n'est pas normal," confiait ce lundi matin, Sébastien, représentant des parents d'élèves de l'école Nigritelle Noire. L'un de ses deux enfants est scolarisé dans cet établissement. Trois fusillades en l'espace de cinq jours aux abords de l'école de leurs enfants, les parents d'élèves ne cachent plus leur courroux et dénoncent une banalisation de la violence dans leur quartier : "ce n'est pas la première fois. Il y a eu des événements précédents. Un jeune s'est fait poignarder devant les grilles de l'école. Les enfants y ont assisté, ils sont traumatisés," raconte ce père de famille  installé depuis sept ans au Tonkin.

Inaction des pouvoirs publics et "saupoudrage"

Après la fusillade du jeudi 9 novembre, la préfète avait annoncé le renfort temporaire de CRS et des interventions quotidiennes des forces de l'ordre dans le secteur.  

Ce dimanche soir, ces renforts semblent avoir porté leurs premiers fruits dans le quartier du Tonkin. La préfecture du Rhône a fait état de trois interpellations à la nuit tombée. Les agents de la compagnie de CRS déployée au Tonkin ont en outre dressé cinq amendes pour consommation de stupéfiants.

Si Sébastien, le représentant des parents d'élèves, convient ce lundi matin que la municipalité fait son possible, il pointe du doigt des moyens insuffisants déployés pour éradiquer le problème : "le trafic de drogue est difficile à éradiquer et une compagnie de CRS ne résoudra pas le problème. On attend des choses concrètes, des actions fortes et pas des annonces et du saupoudrage"

Une insuffisance de moyens pointée du doigt aussi par le premier magistrat de la ville dans un message publié le 11 novembre sur le réseau social X. "Je prends acte des annonces de la préfète. Le renfort temporaire de CRS et les interventions quotidiennes des forces de l'ordre vont soulager le quartier du Tonkin et éloigner temporairement le trafic. Les habitants nous disent : "Et demain ?", écrit Cédric Van Styvendael, au diapason de ses administrés.

Alors aujourd'hui, les riverains et les parents d'élèves entendent dénoncer l'inaction des pouvoirs publics, voire une certaine forme de cécité face à la réalité du terrain : "j'ai entendu le discours de Mme le préfet, je l'ai trouvé très léger. On n'a pas l'impression qu'elle croit ce qu'elle avance. Elle n'est pas là depuis longtemps, mais elle n'a pas pris la mesure de ce qui se passe dans le quartier". Le Villeurbannais se demande aussi où est passée la promesse d'un commissariat de proximité.

Aujourd'hui, la plupart des riverains mobilisés soutiennent aussi la demande du maire de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael de classement du Tonkin en "quartier reconquête républicaine". Une demande restée lettre morte jusqu'à présent. Le classement permettrait d'obtenir des moyens policiers supplémentaires afin de combattre les trafics qui viennent empoisonner leur vie. "On adore notre quartier, on le surnomme "le Village" entre nous, mais il faut se mobiliser", explique Sébastien, plus que jamais déterminé à défendre le Tonkin.

Une dizaine d'habitants de ce quartier sensible de Villeurbanne, ont créé ce collectif en 2020, à la suite de différents événements liés au trafic de drogue. 


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