Mort d'Axelle Dorier : le procès s'ouvre avec la confrontation de deux versions très différentes

Le procès de deux hommes de 22 et 25 ans a débuté devant la cour d'assises de Lyon ce 17 janvier 2023. Il comparaissent pour violence avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner et non assistance à personne en danger. Dans la nuit du 18 au 19 Juillet 2020 Axelle Dorier, 22 ans, mourait après avoir été trainée sur 807 mètres par une voiture à Lyon.

Le soir du 18 juillet 2020 sur les hauteurs de Lyon, la soirée d'anniversaire d'Axelle Dorier et ses deux frères, Evan et Théo, tourne au drame. Renversée puis traînée sur plus de 800 mètres par une voiture, la jeune femme n'aura jamais 23 ans. Le chauffeur de la voiture et son passager comparaissent devant les assises du Rhône du 17 au 20 janvier 2023. 

Deux ans et demi plus tard, la famille d'Axelle Dorier est arrivée en bloc au Palais de Justice de Lyon. La jeune femme est décédée à à peine quelques centaines de mètres de là. L'ambiance est calme et solennelle lorsque les parties civiles entrent dans la salle d'audience, un portrait grand format entre les main de son frère.

Une soirée qui tourne au drame

Ce soir là, plusieurs groupes d'amis se sont donnés rendez-vous dans un parc des hauteurs de Fourvière, à Lyon. La soirée s'achève vers 03h30 du matin, les voitures quittent les lieux lorsque la conductrice d'une Twingo percute le chien d'un ami des Dorier. Le ton monte. Certains bloquent les véhicules qui accompagnait la Twingo en attendant l'arrivée de la police.

Mais le chauffeur d'une Golf force le passage malgré la présence de nombreux témoins. Pour les deux frères d'Axelle Dorier, les souvenirs de cet instant sont flous :  "J'ai peut-être un souvenir de voir la robe rouge d'Axelle une dernière fois, quand il la percute. Après, la voiture repart, plus d'Axelle", explique Théo Dorier.

Me David Metaxas, l'avocat de Youcef Tebbal, le conducteur, défend une autre version des faits: "pas d'antécédent judiciaire, jamais condamné. Pas un type violent, 22 ans à l'époque, il ne connaissait pas Axelle Moi je crois que c'est l'enchaînement des événements avec un vent de panique général qui explique ce qui s'est passé". 

Il raconte que selon son client : "un groupe de plus d'une vingtaine d'individus au total fêtent leur anniversaire et à 3h30 du matin, ils apparaissent comme passablement éméchés. Il faut appeler un chat un chat. Donc Youcef et ses amis décident d'aller ailleurs et malheureusement, en repartant, les filles du groupe dans leur voiture à elle, vont percuter un chien. Et ça, ça met le feu aux poudres".

Selon cette version la conductrice de l'autre voiture aurait été agressées par les amis d'Axelle Dorier : "Il n'y a pas d'autre mots, physiquement verbalement. Ils vont détruire leur véhicule, casser la lunette arrière, péter les rétroviseurs et ils vont très loin puisqu'ils vont jusqu'à extraire la conductrice de son véhicule. Ils s’y mettent à 5 pour lui tirer sur le bras. Et puis ils mettent un coup de poing". 

Dans ce contexte, l'accusé explique aux enquêteurs qu'il décide de fuir, jusqu'à sentir un poids sous la voiture :"c'est lorsqu'il va faire une marche arrière que le corps va se décrocher. D'ailleurs, il va rouler dessus, en repartant parce qu'il ne peut pas passer à côté, il roule dessus une nouvelle fois. Là il s'aperçoit qu'effectivement il y a un souci, il regarde son rétroviseur, nous dit-il, et il constate qu'effectivement c'était un corps qu'il sentait sous sa voiture".

Deux heures plus tard, vers 6h du matin, Youcef Tebbal et son passager se sont finalement rendus à la police de leur plein gré. Le chauffeur a justifié sa fuite par la peur de se faire lyncher. Il aurait paniqué et aurait percuté Axelle sans s’en rendre compte.

"Comment on peut percuter une personne devant soi?"

Le conducteur s'est-il rendu compte qu'Axelle Dorier se trouvait sous la voiture au moment où il redémarrait ? La famille Dorier en a l'intime conviction. 

"Comment on peut percuter une personne qui est devant soi en fait? Parce que Axelle Dorier s'est positionnée face à la voiture, face au conducteur" interroge leur avocat, Me Gabriel Versini-Bullara. Les parties civiles "n'entendent pas effectivement imaginer que l'on puisse ainsi avancer en conduisant sans voir la personne qui est devant vous avec un pied sur un capot, il ne peuvent pas comprendre qu'on puisse partir avec le corps d'une personne sous les essieux pendant 807 m sans se rendre compte qu'il y a effectivement une femme ou un homme sous ses essieux, voilà ce qu'ils ne comprennent pas".

Placé dans un premier temps en détention provisoire après sa mise en examen, le conducteur du véhicule, qui était sous le coup d'une annulation de son permis de conduite, doit répondre de  "violence avec arme ayant entrainé la mort sans intention de la donner" et de  "délit de fuite",  il risque jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.  Le passager, à l'époque âgé de 19 ans, va comparaître libre pour répondre de "non assistance à personne en danger". Ce dernier avait été placé sous contrôle judiciaire, il encourt 5 ans de prison. 

Le verdict est attendu en fin de journée le vendredi 20 janvier 2023. 

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