En pleine pénurie de carburant, les Français ont recours au système D pour se déplacer : louer une voiture avec un plein d'essence, se mettre au covoiturage... Témoignages.
À Saint-Laurent-de-Mure dans l'Est lyonnais, à quelques kilomètres au sud de l'aéroport Saint-Exupéry, l'agence de location de voiture Ada peine à faire le plein de ses véhicules avant de les laisser aux clients. "On travaille beaucoup avec Esso et Total, donc ce n'est pas facile pour nous actuellement. On n'a pas toujours réussi à faire le plein, mais on n'a pas encore eu à annuler des locations", confie Jules Obineau, employé de l'agence.
Un client devait aller à un rendez-vous médical, l'autre en avait besoin pour aller au travail
Jules Obineau, loueur de voiture
Au fil des jours et de la pénurie de carburant qui se poursuit, il voit des clients qui galèrent tout autant à rendre des voitures avec le plein d'essence et sont obligés de payer un surplus à Ada. De manière tout à fait inédite, des habitants de l'Est lyonnais viennent aussi louer une voiture pour faire un déplacement urgent, alors qu'ils n'ont plus une goutte d'essence dans leur véhicule personnel. "Deux personnes ont loué des voitures, car elles n'avaient plus assez de carburant dans leur propre voiture. Un client devait aller à un rendez-vous médical, l'autre en avait besoin pour aller au travail", raconte Jules Obineau. Pour l'instant, il peut encore assurer à ses clients qu'ils auront bien un peu d'essence dans la voiture réservée.
L'explosion des demandes pour le covoiturage
Quand toutes les stations sont en rupture de carburant dans le secteur, il y a moins cher que de louer une voiture pour se rendre au travail. En Auvergne-Rhône-Alpes et à Lyon, les recherches ont explosé sur l'application "daily" du site de covoiturage Blablacar. "Avant cette crise des carburants, il y avait déjà une hausse du covoiturage à cause du prix de l'essence", confie Nicolas Micheau, porte-parole de Blablacar.
À Lyon, les recherches sur l'application "daily" (dédiée aux trajets quotidiens entre le domicile et le lieu de travail) du leader du secteur ont grimpé de 33% en une semaine. Ce qui signifie concrètement que les conducteurs qui publient des annonces sur le site de covoiturage ont en moyenne un tiers de demandes en plus par trajet depuis quelques jours. "Il y a aussi une hausse du nombre de conducteurs qui postent des trajets, mais ça ne suffit pas à répondre à la demande", note Nicolas Micheau.
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Dans l'ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes, la hausse des recherches pour des trajets en covoiturage est de 20%. "Il y a des gens qui s'inscrivent pour la première fois sur notre site et d'autres qui avaient l'habitude de faire un trajet par semaine sur l'application "daily" et vont en faire tous les jours à cause de la pénurie de carburant", poursuit le porte-parole de Blablacar.
Les déménagements peuvent tourner à la galère
Parmi les entreprises de déménagement que nous avons contacté dans la région lyonnaise, la situation est inégale. Chez Gonnet, spécialisé dans les déménagements sur de courts trajets autour de Lyon, les camions roulent sans problème. "Nous ne sommes pas de gros rouleurs. On surveille la situation, mais pour le moment ça se passe bien. On croise les doigts pour les prochains jours", dit une cadre de l'entreprise.
Le camion qui devait servir au déménagement est à 500 kilomètres de Lyon et il est bloqué
Amélie Zidelmalprésident Atlas déménagement
C'est tout l'inverse dans les locaux d'Atlas déménagement, basé dans le 7e arrondissement de Lyon. Ce spécialiste propose des longs trajets et cela peut virer au casse-tête. "C'est très compliqué de s'approvisionner. Nos chauffeurs vont faire le plein dans des petites villes tôt le matin. On a été obligé d'annuler un déménagement demain (samedi). Le camion qui devait servir au déménagement est à 500 kilomètres de Lyon et il est bloqué. Il n'a pas assez de carburant pour le trajet. Évidemment, la cliente est très mécontente", soupire Amélie Zidelmal, présidente d'Atlas.
C'est la première fois que son entreprise est contrainte d'annuler un déménagement depuis le début de la pénurie de carburant. "D'habitude, on arrive à remplir des bidons pour faire des stocks. Un déménagement annulé ça a beaucoup de conséquences. Cela repousse tout, la remise des clés, les rendez-vous avec le notaire. Il y a tout un cercle de métiers autour de nous", poursuit Amélie Zidelmal. Elle suit de près l'actualité en espérant une amélioration dans les prochains jours.
