Se lever plus tôt, rentrer plus tard, faire la queue longtemps, le quotidien des automobilistes est compliqué ces derniers jours. Autour de Lyon, faire le plein de carburant relève d'un parcours semé de désillusions. Reportage.
Dès potron-minet, ils sont là, à l'affût, plein d'espoir. A Vénissieux, à côté d'un centre commercial, la pompe n'est pas encore ouverte. Mais déjà, des voitures forment une file d'attente. Ce mercredi 12 octobre à l'aube, il n'y a pas de débordement mais les automobilistes ne cachent pas leur agacement.
Se lever tôt pour faire le plein
Farid est dépité. Quand enfin il peut saisir le pistolet à essence, il voit que la cuve est vide. "Il n’y a plus de gasoil et je vais au travail, je vais faire au moins 15 à 17 km. J’habite à Vénissieux. Je suis allé à Carrefour, la station était fermée et je suis obligé de faire le plein au moins pour pouvoir faire mes trajets jusqu'au travail."
Un gasoil très convoité
Si certaines stations avertissent leurs clients en indiquant les carburants manquants, ce n'est pas le cas partout. Nombreux sont ceux qui ont attendu, atteint la pompe mais qui ne pourront pas remplir leur réservoir.
Allure sportive et tresses plaquées sur le crâne, une conductrice sort de sa voiture. "Ça dure depuis déjà une semaine, explique-t-elle. On se lève de bon matin et on ne trouve pas d’essence. On a beau faire des stations autour de la maison, il n'y a rien. Ça m’est arrivé deux fois. On arrive enfin à la pompe, mais c'est vide. On repart et on a attendu une demi-heure pour rien. Je pense que là il faut quand même faire quelque chose pour les professionnels, c’est notre gagne-pain. Si l’on a pas de carburant et bien on ne peut pas travailler."
Fausse joie également dans une autre station située sur le périphérique lyonnais, un automobiliste repose le pistolet, visiblement irrité. "Je croyais pouvoir faire le plein et, en fait, il n’y a pas d’essence : c'est hors-service. Il n'y a pas de gasoil, donc ça va être une vraie galère pour se déplacer pour pouvoir aller au travail. Tout en s'asseyant derrière son volant, il poursuit : "je me suis levé à 5h justement pour trouver du gasoil et il n’y a plus de gasoil. J’ai essayé sur l’autre pompe, il n’y a que l’essence."
Des professionnels embarrassés
Dans cette galère généralisée, il y a ceux qui doivent aller travailler et ceux qui aimerait rentrer chez eux. Une femme, pompe à la main, fait partie de la deuxième catégorie, elle contourne légèrement l'arrière de son véhicule, lasse après avoir travaillé de nuit. "J’en ai mal au ventre. J’ai fini à 5h45 mais il est 7h30 et je ne suis pas rentrée chez moi, je suis fatiguée, mais bon il n'y a pas le choix. Pour aller travailler, on est obligé de mettre l'essence sinon on reste chez nous."
Pressé, une parka sur le dos, un chauffeur de taxi s'impatiente. "C’est très compliqué, je ne sais pas comment je vais faire, dit-il. Je me suis réveillé à 4h du matin, j’ai une course et je me suis dit que peut-être dans les grandes enseignes, il y avait une possibilité de trouver de l’essence, mais il n’y en a pas. Dans les petites stations, il n'y a plus rien du tout, ça va être le rush à partir de 8h, 9h. Il me reste un demi plein pour finir la journée. J’essaye d’anticiper un maximum mais là c’est compliqué. Je pense qu’aujourd’hui et demain ça va être très compliqué pour tous, surtout pour nous les professionnels du transport. On est censé être prioritaire, mais personne ne nous laisse passer. On fait la queue et là j’ai peur de ne pas pouvoir travailler demain, de ne pas finir la semaine."
Le conflit qui bloque les raffineries risque de durer.