Pénurie de médicaments : les pharmaciens guère convaincus par la vente à l'unité de certains antibiotiques

À l'approche de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2024, le gouvernement envisagerait que certains antibiotiques soient vendus à l'unité. Une mesure visant à éviter le gaspillage et les tensions dans la distribution des médicaments. Explications.

L'été touche à sa fin et le gouvernement prépare déjà l'hiver. Selon des informations révélées par franceinfo ce 20 septembre, le gouvernement pourrait rendre obligatoire la distribution à l'unité de certains médicaments en rupture de stock. Une décision motivée par le risque de pénurie des antibiotiques utilisés pour lutter contre les maladies hivernales.

L'amoxiciline, premier antibiotique concerné

Les pharmacies devront distribuer les médicaments cachet par cachet aux patients, plutôt qu'une boîte entière. "On le fait déjà pour l'amoxicilline", sourit Cécile Michelet, membre du bureau du syndicat des pharmaciens du Rhône qui a appris la mesure par voie de presse ce midi.

Depuis la pénurie l'année dernière, les pharmaciens sont incités à donner le nombre exact de comprimés de cet antibiotique utile contre les angines et les otites. "Les patients sont un peu surpris de voir qu'il n'y a pas toutes les coques d'emballage dans la boîte, mais on leur explique, on leur donne toutes les informations nécessaires et les dosages", explique la pharmacienne installée sur le Cours Lafayette dans le 3e arrondissement de Lyon.

Aucun problème de traçabilité, encore faut-il rentrer dans le logiciel le nombre de comprimés donnés par lot, "cela prend du temps", concède-t-elle.

"Cela ne résoudra pas le problème"

Depuis novembre 2022, les stocks d'amoxicilline restent en tension, du fait notamment de problèmes d'approvisionnement. C'est l'un des antibiotiques les plus prescrits en France, particulièrement chez les enfants. Or, "la distribution à l'unité ne pourra pas se faire pour sa version pédiatrique car c'est un sirop. Donc cela ne va pas résoudre le problème de fond, c'est un effet d'annonce ou un bricolage", note Cécile Michelet. La situation demeure angoissante avant l'hiver, période du pic de prescriptions pour cet antibiotique.

La praticienne juge tout de même l'idée utile en attendant, pour éviter le gaspillage et fournir le médicament au plus grand nombre : elle reçoit en moyenne 150 à 200 clients par jour. Avec ses confrères du syndicat du Rhône, elle souhaiterait voir la mesure étendue aux corticoïdes qui sont, eux aussi, soumis à des problèmes de stock. "Quand j'ai 10 boîtes par semaine, c'est le luxe, mais j'en fournis une centaine par mois en moyenne".

De son côté, l'union des syndicats de pharmaciens d'officine (Uspo) se dit totalement opposée à la dispensation à l'unité. "Elle est dangereuse pour les patients qui stockeraient des médicaments en vrac dans leur armoire à pharmacie", alertait déjà le syndicat en 2019. Il demande une meilleure prescription des médecins et un ajustement des boîtes par les industriels.

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