PFAS, oxyde d'éthylène, des scandales sanitaires se succèdent dans l'actualité ces dernières années. Polluants et pesticides ont des conséquences tragiques sur la santé des salariés. Depuis 2 jours, l'association Henri Pézerat, tient son assemblée générale à Lyon et alerte sur la répétition de ces affaires.
Depuis jeudi 6 juin, les adhérents de l'association Henri Pézerat (du nom du toxicologue qui a alerté sur les méfaits de l'amiante), se réunissent en assemblée générale. Les membres de l'association souhaitent alerter sur les scandales sanitaires à répétition.
Oxyde d'éthylène, amiante, PFAS...
Dans le local où se tient leur AG, Josette Roudaire, victime de l'amiante étreint dès son arrivée, Cathy et Sabine, toutes deux ex-salariées de Tétra Médical.
Les deux femmes ont été exposées à l'oxyde d'éthylène, un gaz toxique utilisé pour stériliser les compresses médicales.
Leur carrière professionnelle est non seulement gâchée mais des questions les taraudent sans fin. Le fils de Sabine cumule de graves complications de santé depuis sa naissance. Visiblement émue, elle lit son message au groupe. "Trois jours plus tard, le professeur et le chef de service sont venus nous annoncer que la trisomie 21 était bien là, et qu’il y avait aussi des cellules leucémoïdes. Est-ce que l’oxyde d'éthylène a un lien quel qu’il soit, avec les problèmes de santé de notre fils ? Oui, nous le pensons. Notre vie aurait pu être différente et surtout choisie et non subie".
Une salve d'applaudissements retentis dans la salle, les autres adhérents expriment à la fois leur accord à ses propos et leur soutien.
Pour Josette, l'histoire de Cathy et Sabine, lui rappelle la sienne chez Amisol, le producteur d'amiante de Clermont-Ferrand. " Les problèmes sont soulevés après, déplore-t-elle, la mine, l'amiante, la laine de roche et bonjour le cercueil".
Une histoire qui se répète
En 1974, l'usine Amisol ferme ses portes. Grâce à leur combat pour faire reconnaître leur maladie professionnelle, Josette et ses collègues obtiennent l'interdiction de l'amiante en 1997.
Une lutte épaulée par le toxicologue Henri Pézerat, il est le lanceur d'alerte sur les dangers de l'amiante. Cinquante ans plus tard, sa compagne, la scientifique Annie Thébaud Mony est atterrée par les bégaiements de l'histoire.
"Les combats sont toujours les mêmes, lâche-t-elle désabusée.
Moi, je parle de crimes industriels car les industriels savent ce qu’ils font, en faisant de la désinformation, en créant des lobbys extrêmement actifs et puissants auprès des pouvoirs publics.
Annie Thébaud MonyFrance 3 Rhône-Alpes
"Autant quand l’amiante a démarré, reprend-elle, on pouvait imaginer que les politiques et les administratifs ignoraient la gravité de la situation. Aujourd’hui, on n’en est plus là ! Et quel que soit le polluant, ils savent aujourd’hui que c’est dangereux."
Une lutte qui continue
Aujourd'hui, scientifiques, syndicats et ex-salariés revendiquent l'interdiction de l'oxyde d'éthylène pour tous les usages. Ils témoignent encore et encore pour tenter de faire bouger les lignes comme Cathy Guironnet. "Le but, en fait, c’est de faire reconnaître notre exposition, dit-elle, de pouvoir parler du sujet "oxyde d’éthylène" qui est encore un peu tabou. Cela peut constituer une alerte pour tous les autres."
"De toute façon, aujourd’hui, si vous n’avez pas un syndicat derrière vous, un cabinet d’avocats, malheureusement vous n’êtes rien", conclut-elle.
L'assemblée générale a permis de partager les expériences, en attendant la fin de l'enquête pénale sur la mise en danger des ex-salariés de Tétra médical.