160 000 m² : c'est la taille du futur entrepôt d'Amazon qui devrait s'implanter à côté de l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry. Les associations s'y opposent, mais le Conseil d'État a rejeté leurs recours.
Amazon a gagné. Le géant va pouvoir faire construire son bâtiment de 160 000 m2 sur trois niveaux à Colombier-Saugnieu (Rhône). Le 30 octobre 2023, le Conseil d'État ne s'est pas opposé à ce projet. La construction de la plateforme logistique est jugée compatible avec le Plan local d'urbanisme.
La municipalité est satisfaite
Tout commence le 23 décembre 2017. Le constructeur Goodman choisit le site d'implantation Cargo port, rendu constructible depuis la création de l'aéroport (1975), "mais qui n'avait jamais été développé", précise Pierre Marmonier, maire (sans étiquette) de Colombier-Saugnieu. Et c'est là une belle opportunité de lancer son développement. Si Amazon s'installe, l'élu est persuadé que d'autres suivront.
Le maire voit aussi ce projet comme une opportunité de création d'emplois.
Ils [Amazon] vont avoir besoin de sous-traitants qui vont s'installer dans nos communes, qui vont venir habiter dans nos communes, tout comme les employés.
Pierre Marmonier,maire (sans étiquette) de Colombier-Saugnieu
Le nombre d'emplois qui pourraient ainsi être créés est estimé entre 1000 et 1500. Pierre Marmonier argumente encore : si le projet ne se fait pas dans sa commune, il se fera ailleurs et ce sera alors un manque à gagner substantiel pour les finances locales.
La taxe d'aménagement est évaluée à 3 millions d'euros au profit de la commune sans compter la taxe foncière annuelle.
Les associations vont riposter
"On est très déçu par la décision du Conseil d'État qui n'a pas compris que le temps a changé et qu'il ne faut plus favoriser ce genre de commerce."
Gilles Renevier,président de l'association Fracture
"C'est une entreprise qui va continuer à polluer et à piller notre environnement et la planète par une construction de produits à obsolescence très rapide" ajoute Gilles Renevier, président de l'association Fracture.
Les craintes sont nombreuses : intensification du trafic routier, élargissement des voies au frais du contribuable. À terme, des centaines de camions (300 camions/ jour et plus de 1 000 camionnettes selon Fracture) se rendront chaque jour sur le site de stockage. "On nous fait la leçon sur l'artificialisation des sols au niveau des communes, or ces dernières veulent construire pour le bien commun. Là, on va permettre à une entreprise privée qui, par ailleurs n'est pas française et paye rarement ses impôts en France malgré son chiffre d'affaires national, de construire" s'insurge Gilles Renevier.
Dernier argument du collectif d'associations : le site situé à proximité de l'aéroport Lyon Saint-Exupéry, dans la zone sud, est intégré au Plan de protection de l'atmosphère. Les communes environnantes doivent déployer des efforts pour diminuer la pollution locale, ce qui, selon lui, n'est pas compatible avec le projet.
Le tribunal administratif puis la cour administrative d'appel de Lyon ayant déjà refusé d'annuler l'arrêté préfectoral autorisant l'exploitation du bâtiment, il n'existe plus de recours devant la justice française. Les associations vont se consulter pour saisir la Cour de justice de l'Union européenne. En dernier recours, elles envisagent même d'empêcher physiquement la construction si elles ne sont pas entendues. "Si d'aventure, on n'y arrive pas, il y a des actions locales qui pourraient se faire pour empêcher toute construction d'entrepôt à cet endroit-là", avertit Gilles Renevier.
Pas de calendrier à ce jour
Interrogé sur le calendrier des travaux, Amazon botte en touche dans un communiqué de presse. "Le développement d'un projet logistique est un processus long et nous ne pouvons confirmer un projet qu'une fois qu'il a atteint un certain niveau de maturité. Nous n'avons pas de projet concret à annoncer à ce jour."
Les démarches s'annoncent encore longues pour relancer ce chantier stoppé depuis des années