L'heure des vendanges a sonné pour Christian Carion. Sur une parcelle de Caluire, le réalisateur, issu d'une famille d'agriculteurs, s'est lancé un défi en mai 2020 : planter de la vigne et faire du vin sur la rive droite du Rhône, tout près de Lyon.
"C'est une jeune vigne, c'est la première année qu'on a une récolte aussi belle", confie Pierre-Marie Chermette, avec fierté. Avec le réalisateur Christian Carion, il est l'autre artisan de cette réussite. Replantés voilà quatre ans à Caluire, ces ceps ont déjà livré plusieurs cuvées. C'est ainsi que le réalisateur est devenu producteur ... de vin ! Une sorte de retour aux sources pour l'homme de cinéma qui n'a pas hésité aujourd'hui à endosser une pesante hotte de vendangeur. Les voisins et amis sont venus lui prêter main-forte.
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"Lumière"
"Pendant des années, ici, il y avait du maraîchage. Tout était vendu quai Saint-Antoine (nb : à Lyon). Il y a 30 ans, tout s'est arrêté et la parcelle s'est endormie. C'était à l'abandon", raconte Christian Carion. Le réalisateur a racheté l'ancienne ferme située sur les hauteurs de Caluire et sa parcelle envahie par les ronces. "Cette parcelle, je voulais la remettre en culture, je trouvais dommage de la laisser comme ça. Ce sont mes origines agricoles," explique le réalisateur originaire du Nord. Avec de Pierre-Marie Chermette, un vigneron du Beaujolais, Christian Carion a replanté plus de 1800 pieds de Syrah.
"C'était en plein confinement. Tout s'arrêtait et nous, on replantait. C'était une vraie lumière. Tout s'éteignait dans le monde et nous, on avait un projet. C'était de planter. Planter, c'est croire en l'avenir et espérer",
Christian Carion
Il faut dire que cette parcelle est particulière. Située sur la rive droite du Rhône, elle se trouve dans le dernier virage du fleuve avant son entrée dans Lyon. Déjà, dans le monde romain, le site était un vignoble. "On avait envie que dans le Grand Lyon, une parcelle produise de manière professionnelle", explique Christian Carion. Une manière aussi de rétablir une continuité entre les vignobles de la vallée du Rhône et ceux du Beaujolais. Le projet a pris racine avec succès. Trois cuvées ont déjà vu le jour. Le vin est vendu à plusieurs établissements, cavistes et bouchons lyonnais.
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"Plein Soleil"
Mais pourquoi avoir baptisé ce vin "Plein Soleil" ? Hommage cinématographique et réalité géographique s'assemblent à merveille. "Plein Soleil est un des plus beaux films avec Alain Delon. Un film de René Clément. C'est une vigne qui est plein soleil. Je trouvais que le titre faisait le lien entre les deux mondes", explique le réalisateur. La parcelle, établie sur les hauteurs de Caluire, orientée sud sud-ouest, est baignée par la lumière.
Faire renaître la vigne sur les hauteurs de Caluire, le projet était un défi, mais surtout une histoire de patience. Et le réalisateur ne manque pas de faire le parallèle avec le 7ᵉ art. "Entre l'agriculture et le cinéma, il y a plus de passerelles qu'on croit. Un scénario, c'est une promesse. Quand on plante une vigne, la promesse, c'est le vin. Il faut être patient. Ce sont des métiers d'espoir. Il faut beaucoup de patience pour réaliser un film. "Joyeux Noël", j'ai mis 10 ans pour le faire", ajoute le réalisateur.
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Cette aventure viticole, il la résume en quelques paroles. "C'est une belle histoire, comme les bons films", résume Christian Carion. Une belle histoire et certainement pas la dernière.
Christian Carion s'est fait connaître en 2001 avec "Une hirondelle a fait le printemps". Un film tourné dans le Vercors et inspiré de la véritable histoire d'une Parisienne décidée à refaire sa vie à la ferme. Plus de deux décennies après ce succès, le réalisateur n'en a pas fini avec ses racines paysannes. Il dit avoir d'autres projets qui "tournent" autour de l'agriculture. Pour preuve, son prochain sujet de film : celui d'un agriculteur qui s'est "rebellé" contre le géant Monsanto. Une histoire de bon sens paysan et de résistance.
