Nathalie Perrin-Gilbert a été démise de ses fonctions d'adjointe à la culture à la ville de Lyon. Depuis quelques mois, les relations entre l'élue de gauche et la majorité écologiste étaient tendues. Retour sur son parcours politique émaillé de prise de position sans concession.
Elle aurait appris la nouvelle "par un petit coup de téléphone", selon elle. Nathalie Perrin-Gilbert a été démise de son poste d'adjointe à la culture par le maire de Lyon, l'écologiste, Grégory Doucet, suite à une série de profonds désaccords entre les deux personnages.
"Rien de surprenant, c'est dans son caractère. Elle constate qu'elle est en rupture avec Grégory Doucet." Le politicologue, spécialiste de la vie lyonnaise, Daniel Navrot, analyse ce coup de théâtre : "elle a toujours été indépendante, sa liberté de parole, c'est d'abord sa liberté qui lui est si chère".
Un parcours atypique
Proche de Gérard Collomb, la jeune femme devient en 2001, maire du 1ᵉʳ arrondissement. En 2014, elle mène sa propre liste de gauche face à son ancien allié. Elle sera exclue du parti socialiste pour "dissidence".
Elle a soutenu Gérard Collomb, elle était fidèle, c'était même la dauphine. Elle était encore à ses côtés en 2008. Elle s'est progressivement éloignée sur une ligne plus à gauche et ainsi monter sa propre liste.
Daniel Navrot, politologue
Adjointe à la culture
Son histoire avec les écologistes avait plutôt bien commencé. Lors des élections municipales en 2020, elle avait d'abord présenté sa propre liste, issue des mouvements de la gauche lyonnaise. Au second tour, elle s'était ralliée aux écologistes. Juste retour des choses, elle se voyait récompensée avec un poste d'adjointe à la culture. Un domaine qu'elle affectionne particulièrement. Mais les événements vont précipiter sa chute.
Les premiers désaccords
En mars 2024, des militants écologistes lancent de la soupe sur un tableau de Monet au musée des Beaux-Arts. La majorité écologiste a du mal à clairement condamner l'acte. Elle, elle n'hésite pas : "il faudrait excuser des militantes parce qu’il y aurait une visée écologique. Là-dessus, je voudrais, Monsieur le Maire, exprimer mon profond désaccord".
Une succession de crises
En avril, elle annonce que le musée Guimet, ancien lieu emblématique de Lyon qui abritait les collections du musée d'histoires naturelles aujourd'hui désaffecté, pourrait rouvrir au public. Une exposition en lien avec le Centre Pompidou pouvait, selon elle, être proposée au printemps 2025. Une annonce que la ville a très vite démentie : "il est prématuré de faire des annonces tant que le projet de mise en sécurité (...) n'a pas été arbitré", avait alors écrit Audrey Hénocque, 1ʳᵉ adjointe écologiste au maire, en charge des finances.
L'épisode du conservatoire
Le coup de grâce est arrivé au début du mois de mai. Critiquée pour sa gestion du Conservatoire par des élus de la majorité écologiste, elle démissionne de son poste de présidente du comité syndical de l'institution. Elle annonce alors ne pas vouloir poursuivre l'aventure politique avec ses alliés.
La majorité écologiste porte une vision de la vie politique dont l'alpha et l'oméga sont la question écologique. Nathalie Perrin-Gilbert fait partie d'une gauche qui met en avant la question sociale. Les deux visions ne sont pas antagonistes, mais on a deux visions, avec deux priorités bien différentes.
Daniel Navrot, politologue
"Un petit coup de téléphone"
Trop c'est trop. Elle apprend qu'elle est démise de sa fonction d'adjointe à la culture. Ce mardi 14 mai, jour des obsèques de Bernard Pivot, l'ex-future adjointe se rend devant la fresque des Lyonnais pour un hommage à l'homme. Elle évoque l'élégance du personnage. Quand on lui demande comment elle a appris la nouvelle, elle répond : "par un petit coup de téléphone". Puis, elle ajoute, "quand je parlais d'élégance" avec un sourire en coin.
À nos confrères du Progrès, le 13 mai, elle explique : "cela fait bien longtemps que je n'ai plus confiance dans les écologistes pour gérer la ville dans l'intérêt général".
"Rupture de confiance"
De son côté, le cabinet du maire se contente d'évoquer "une rupture de confiance, suite à ses dernières déclarations".
Nathalie Perrin-Gilbert n'a pas souhaité expliquer cette démission. Elle affirme vouloir réserver ses commentaires pour le conseil municipal du 30 mai prochain.
Après avoir été aperçue au meeting pour les élections européennes du candidat socialiste, Raphaël Glucksmann, le 1er mai, le prochain conseil municipal risque d'être bien agité.