L'adjointe à la culture du maire de Lyon, Nathalie Perrin-Gilbert, a exprimé son "profond désaccord" avec la majorité écologiste en conseil municipal, jeudi 21 mars. Elle lui reproche "d'excuser" des actes de dégradation dès lors qu'ils répondent à des visées écologistes.
La soupe est indigeste pour la majorité écologiste de Lyon. Un vif débat a divisé le conseil municipal de Lyon, jeudi 21 mars, autour de l'absence de condamnation de la majorité après l'action de deux militantes écologistes contre un tableau de Monet, en février dernier, au musée des Beaux-arts.
🦺 ACTION EN COURS - LYON
— Riposte Alimentaire (@riposte_alim) February 10, 2024
Samedi 10 février. 15h30
Deux citoyennes engagées avec la campagne Riposte Alimentaire ont aspergé de soupe le tableau “Le Printemps” de Claude Monet au musée des Beaux-Arts de Lyon #A22Network #Lyon #RiposteAlimentaire [1] pic.twitter.com/EBQPHQexir
L'élue de la majorité Nathalie Perrin-Gilbert s'est illustrée en se désolidarisant fermement de sa majorité... Sous les applaudissements de l'opposition.
"Je me désolidarise"
La polémique est lancée par le conseiller municipal et maire LR du 2e arrondissement Pierre Oliver. Au début du conseil municipal, il regrette l'absence de condamnation par le maire de Lyon.
Le co-président du groupe écologiste, Gautier Chapuis, lui répond qu'il faut "comprendre l'inquiétude" de ces militantes. Le débat s'envenime.
Nathalie Perrin-Gilbert, membre du groupe "Lyon en commun" au sein de la majorité et adjointe du maire chargée de la Culture, réagit : "je me désolidarise de la parole du co-président du groupe écologiste (...) et je persiste à condamner fermement l'acte [de dégradation]. Je ne comprends pas : il faudrait condamner la violence sociale, mais il faudrait excuser des militants parce qu'il y aurait une visée écologique ? Je tenais, Monsieur le maire, à exprimer mon profond désaccord." Elle se retrouve applaudie... Par l'opposition.
Débat houleux
Nathalie Perrin-Gilbert, ancienne maire du 1er arrondissement de Lyon, se voit alors contredite par celle qui lui a succédé à la mairie, Yasmine Bouagga. Cette dernière défend "un groupe d'activistes non-violents qui a ciblé un tableau protégé, et dont l'objectif n'était pas la dégradation mais le buzz médiatique".
Les élus des oppositions abondent dans le sens de Nathalie Perrin-Gilbert. Parmi les intervenants, Charles-Franck Levy, du groupe "Pour Lyon" et conseiller du 8ème arrondissement : "je ne comprends pas qu'en Conseil municipal de la ville de Lyon, on applaudisse des délinquants qui dégradent le bien commun de notre ville ! Vous n'êtes pas à un congrès !" , s'offusque-t-il.
En réponse aux interpellations de l'opposition, le maire de Lyon tente de faire valoir un "en même temps", rappelant qu'un dépôt de plainte a été effectué suite à cette attaque. "J'ai pu m'exprimer en disant que ce n'était pas la bonne façon de mettre le sujet de l'écologie sur la table", explique-t-il. Mais il ne condamne toujours pas.
L'évènement date du 10 février dernier. Deux femmes avaient aspergé de soupe la toile de Claude Monet intitulée "Le printemps", pour "alerter sur la crise climatique et sociale à venir”, selon un communiqué du mouvement écologiste Riposte alimentaire. La toile, protégée par une vitre, n'avait pas subi de dommages, mais son cadre, du 19e siècle, avait été endommagée.
Le jour même de la dégradation, le maire de Lyon avait déjà été accusé de complaisance à l'égard des militantes par divers opposants, après avoir "regretté" l'action, tout en évoquant alors "une angoisse légitime". Une position ambiguë qui divise sa propre majorité.