Près de 200 plaintes déposées à Lyon par des cheminots exposés à l'amiante dans un centre de la SNCF

"L'amiante, on en mangeait tous les jours": l'accusation de Daniel, peintre de la SNCF à la retraite, est catégorique. Comme lui, près de 200 salariés étaient exposés à l'amiante tous les jours dans un centre à Oullins pendant des dizaines d'années. Mais le procès attendra un an au minimum.

183 plaintes ont été déposées au tribunal des Prud'hommes de Lyon par la CGT Cheminots pour un préjudice d'anxiété lié au risque d'amiante. Le syndicat accompagne des salariés de la SNCF qui auraient été exposés à l'amiante dans un centre d'Oullins pendant des dizaines d'années.

"On nous a fait travailler dans des conditions déplorables" accuse Daniel Ventura, aujourd'hui retraité. Il est entré à la SNCF en 1971, comme peintre-carrossier: "On travaillait tous ensemble dans le même atelier qui s'appelait "Le Montage" à Oullins. J'étais avec les chaudronniers, les soudeurs, les électriciens, les mécaniciens."

Avec l'exposition à l'amiante, les médecins de Daniel ont diagnostiqué un cancer des poumons en 2005. La tumeur était cachée sous la clavicule.

"L'amiante, on en mangeait tous les jours"

Les souvenirs de Daniel sont très précis: "On manipulait l'amiante tous les jours. Je travaillais sur les autorails. Il y avait des chauffages avec des plaques d'amiante. On les prenait, on les manipulait, on les déchirait. Tout ça sans protection. L'amiante, on en mangeait tous les jours, sans nous avoir prévenus qu'il fallait se protéger ! Nous, on travaillait tranquillement avec çà. Des collègues sont morts. J'ai eu un cancer du poumon. La SNCF, ce n'est pas normal qu'elle ne nous ait pas protégés."

Aujourd'hui guéri de son cancer, Daniel reste fragile des poumons et s'inquiète particulièrement de la pandémie du Covid-19: "Dès que je tousse, ça commence à m'inquiéter." Et à chaque nouveau scanner, l'anxiété revient.

 

"Une épée de Damoclès sur la tête"

Christophe Parra est le représentant de la CGT-Cheminots à Oullins. Il était secrétaire du CHSCT de 2009 à 2018. Selon lui, plusieurs droits d'alerte ont été lancés. Il affirme que du matériel amianté est toujours utilisé sur place :

"Chaque année nous sommes intervenus. La SNCF n'a jamais été dans la prévention. Elle a toujours été dans la réaction. Nous avons encore aujourd'hui du matériel amianté. Si les salariés ne contestent pas, la SNCF ferme les yeux et ne pense qu'à la productivité. Il faut que la direction paye, pour nous avoir fait travailler sans protection pendant toutes ces années sans nous alerter des risques encourus, et qu'elle prenne en compte l'anxiété parce que tous les jours on vit avec ça. On psychote dès qu'on a un petit pépin de santé. On vit avec une épée de Damoclès sur la tête. On ne gagne pas notre vie à la perdre."
 

Une quinzaine de morts

Un cheminot, André Triadon, est mort en 2007. Son cancer a été reconnu comme maladie professionnelle la même année. A côté de lui, une quinzaine d'autres salariés sont décédés de maladies ou de cancers liés à l'amiante. 25 salariés ou anciens salariés ont été reconnus malades par l'entreprise.

Mais le grand procès n'est pas prêt de commencer. L'avocate de la SNCF a demandé que la procédure soit déboutée. Le tribunal a donc reçu et consulté les différentes pièces et doit maintenant fixer un calendrier : cela prendra entre un an et un an et demi.
 
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