Procès du meurtre de la Croix-Rousse : les audiences commencent aujourd'hui, la famille attend la "vérité"

Ils sont suspectés d’avoir torturé à mort Ahmed K en mars 2019. Trois hommes comparaissent à partir de ce lundi 11 avril devant la Cour d’Assises des mineurs de Lyon. La scène avait été filmée et diffusée sur internet. La famille espère entendre enfin « la vérité ».

C’est la violence de la scène qui donne son nom à l’affaire. « Le meurtre barbare de la Croix-Rousse », comme l’appelle la presse, adepte de titres évocateurs. Car ce jour-là, le 5 mars 2019, à 17h, lorsque la police découvre le corps, dans un appartement de la Croix-Rousse donc, elle découvre aussi l’horreur, la terreur qu’a dû ressentir la victime.

Une victime torturée et mise à mort 

Du sang. Un peu partout, dans l’entrée, sur le sol, sur les murs. Et un homme. Ahmed K, 28 ans. Sa famille le recherchait depuis plusieurs jours déjà. Et Ahmed est là. Les pieds et les mains ligotés. A moitié nu. Torturé, lacéré, décédé des nombreuses blessures qu’on lui a infligées. Et filmé, dans son agonie, par ses tortionnaires.

Mais que s’est-il vraiment passé dans cet appartement ? Qu’est-ce qui peut expliquer un tel déchainement de violence et de barbarie ? Pourquoi a-t-on voulu humilier la victime de la sorte ? C’est ce qu’espère comprendre sa famille.

Connaitre la vérité 

Trois des quatre suspects arrêtés pour ce crime doivent comparaître à la barre, à partir de ce lundi 11 avril, et expliquer… 

« On attend la vérité, on veut comprendre comment on peut arracher la vie d’une personne de manière aussi sauvage, sanguinaire. Qu’est-ce qui a pu les motiver ? Pourquoi personne n’a prévenu les secours ? »,

se demande Me Jean-Baudoin Shibaba Kakela, l’avocat de la famille Kourak

Le jeune homme venait d’arriver à Lyon. 

Pour Nour, nièce de ce marin-pêcheur algérien, fiancé et venu ici chercher une vie meilleure, ce procès est "très important". Il est aussi "très dur" parce que "ça fait trois ans qu'on reste dans le flou", a-t-elle confié lors d'une suspension d'audience.

Une autre victime 

Et puis il a y a la deuxième victime. Un autre jeune algérien, torturé lui aussi, il a réussi à s’échapper. Main fracturée. Nombreuses plaies et hématomes. Il s’est vu prescrire 45 jours d’ITT mais n’a jamais prévenu la police. «  Il a très peur de revoir ces garçons à l'audience", précise à l’AFP Me Laila Nemir, son avocate.

Elle souligne qu'il a "besoin d'une réparation" passant par une condamnation des accusés, parce qu'ils "ont tué son ami", "il est traumatisé
psychologiquement et très en colère", se sentant "presque coupable d'avoir survécu
alors que son ami est décédé", n'ayant pu lui porter secours.

Une vidéo circulait sur internet 

Car des circonstances du crime, de l’implication des uns et des autres, l’on a peu de certitudes. Mais l’on a cette vidéo. Cruelle, filmée par les tortionnaires eux-mêmes et puis, comble de la barbarie, diffusée sur les réseaux sociaux et envoyée à la famille de la victime.

Elle permettra aux enquêteurs d’identifier rapidement les personnes présentes cette nuit-là. Et puis d’en arrêter trois d’entre elles en Espagne, quelques jours après les faits, en tentant de frauder le métro de Valence. Et un autre, celui qui filmait, à la Guillotière, quelques mois plus tard. Les trois premiers, mineurs à l’époque, seront jugés par la cour d’assises des mineurs, à huis-clos. Le dernier avait 15 ans, il comparaitra donc en mai prochain devant le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle.

Des versions qui se contredisent 

Mais qui a fait quoi ? Qui a commencé ? Qui a porté les coups de couteau ? Il y en a eu 74. Sur cela, les suspects sont confus, se contredisent, se reprennent parfois. Ils avaient fumé, beaucoup, bu, beaucoup aussi. Ils aurait pris de la drogue, ecstasy, cocaïne, cannabis. Qu’est-ce qui a déclenché l’incident ? Le vol d’un téléphone portable, s’accordent-ils à dire. « Mais ils ont changé de déclaration de nombreuses fois, ils n’ont jamais été cohérents. Au début, ils parlaient même d’agression sexuelle, puis il y a eu cette histoire de portable », affirme l’avocat de la famille, qui refuse de s’exprimer par peur de représailles.  

«  Comme d’habitude dans ce genre d’affaire, on ne s’attend pas à un miracle, à des révélations soudaines à la barre, ils vont camper sur leurs positions et plaider l’enfance malheureuse »,

ajoute Me Jean-Baudoin Shibaba Kakela.

Les accusés, comme les victimes, étaient tous originaires du même endroit, Mostaganem, une grosse agglomération algérienne de 730 000 habitants. Des jeunes en situation irrégulières, des « jeunes dans des parcours d’errance, embringués dans des réseaux de criminalité et menant des existences de fantôme », résume Me Jean-Baptiste De Decker, qui défendra l’un des trois suspects à l’audience.

Des suspects qui vont devoir répondre à de nombreuses questions. Ils auront cinq jours pour le faire. Les audiences sont prévues jusqu’à vendredi.  

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