Pour l’agence nationale de Santé Publique, les cas de puberté précoces seraient dix fois plus nombreux à Lyon et Toulouse que dans le reste de la France. Mais les médecins tempèrent : à Lyon, cette pathologie est plus souvent détectée et traitée que dans le reste du pays.
Il y a quelques jours, une enquête de Santé publique France, l’agence nationale de Santé, livrait ces conclusions inquiétantes : entre 2011 et 2013, les cas de puberté précoce chez les enfants étaient dix fois plus élevés autour de Lyon et de Toulouse que dans la plupart des autres départements.
"Une très grosse surprise"
«C’est une très grosse surprise, très compliquée à expliquer», reconnaissait Joëlle Le Moal, épidémiologiste chez Santé Publique France, dans les colonnes du Figaro. «Nous savons que l’excès de poids et l’origine ethnique peuvent jouer un rôle, ou que le nombre de pubertés précoces augmente lorsqu’on descend vers le sud, peut-être en lien avec l’exposition aux UV. Le niveau d’exposition aux perturbateurs endocriniens doit probablement aussi entrer en compte, mais nous ne savons pas dans quelle mesure.»L’agence va poursuivre ses recherches pour établir de possibles liens entre cette pathologie et les perturbateurs endocriniens, molécules qui agissent sur le système hormonal et que l’on trouve dans certains cosmétiques, certains objets, dans l’industrie et dans l’agriculture.
Plus de dépistage à Lyon
A Lyon, le professeur Marc Nicolino, chef service endocrinologie pédiatrique Hôpital Femme-Mère-Enfant, sans contester les chiffres de l’étude, tient à tempérer : « Il est important d’aller au fond des choses pour voir si à Lyon ou à Toulouse, l’industrie ou l’agriculture pourraient être une cause de cette pathologie », estime-t-il, « mais je pense qu’aller uniquement dans cette direction n’est pas tout à fait honnête, dans la mesure où notre façon médicale de rechercher cette pathologie, de la dépister et de la traiter est plus importante à Lyon et à Toulouse. Ça ne veut pas dire que dans ces deux régions nous avons des différences d’environnement par rapport à toute la France. »
L’étude de Santé publique France s’appuie en effet sur les registres de l’assurance maladie : à Lyon, la puberté précoce est plus souvent détectée et le traitement pour la contrer est plus souvent prescrit que dans le reste de la France.
Plus de prescription de médicaments
L’étude de Santé Publique France constate par ailleurs que les autres pathologies liées aux perturbateurs endocriniens, telles que les malformations de l’urètre (hypospadias) et les défauts de migration testiculaire de l’aine vers les bourses (cryptorchidies), ne présentent pas les mêmes disparités géographiques.
Pour l’agence nationale de Santé Publique, les cas de puberté précoces seraient dix fois plus nombreux à Lyon et Toulouse que dans le reste de la France. Mais les médecins tempèrent : à Lyon, cette pathologie est plus souvent détectée et traitée que dans le reste du pays.
Notre journaliste Sylvie Adam explique le phénomène sur le plateau du 19/20
La puberté précoce, qu’est-ce que c’est ?
On parle de puberté précoce lorsque les premiers signes de puberté apparaissent avant l’âge de 8 ans chez les filles et de 9 ans et demi chez les garçons.Le volume des glandes mammaires augmente chez les premières, celui des testicules s’amplifie chez les seconds. On observe une forte poussée de croissance. La principale conséquence visible de cette pathologie à l’âge adulte est une petite taille. Le traitement n’est pas obligatoire.
L’étude de Santé publique France constate 1 173 nouveaux cas par an chez les filles entre 2001 et 2013. Les garçons sont dix fois moins concernés.
Là encore, la question du dépistage entre en compte : on constate plus aisément l’augmentation des glandes mammaires.
Par ailleurs l’étude ne montre pas d’explosions des cas de puberté précoce ces dernières années.