A l'occasion des 10 ans du centre commercial de La Confluence situé dans le 2e arrondissement de Lyon, retraçons l’histoire du dernier quartier sorti de terre de la métropole.
Retour en arrière dix ans jour pour jour. Le 4 avril 2012, le centre commercial de la Confluence dans le deuxième arrondissement de Lyon venait d’ouvrir ses portes. Avec ses dix millions de visiteurs par an, c’est devenu en quelques années le cœur d’un quartier à l’architecture moderne et particulière. Récit d'un quartier fabriqué de toutes pièces.
Un territoire largement délaissé
La Confluence, c’est d’abord un quartier historique du sud de la presqu'île à Lyon : Perrache. Un nom en référence à Michel Antoine Perrache, sculpteur, architecte et urbaniste du 18e siècle. "C’est lui qui, un jour ,s’est dit que si on avait besoin de terrain, on avait un territoire donné : celui de la Presqu’Île", raconte Tristan Vuillet, chargé de l’action culturelle aux archives municipales de Lyon.
Il faudra attendre des décennies pour que ce territoire soit véritablement occupé. Au 20e siècle, le quartier devient le repère des usines, des dépôts et des marchés de gros comme le Marché Gare ouvert en 1961 et fermé en 2009. Un territoire donc dédié aux industries et largement délaissé.
Raymond Barre à l'initiative du projet
Mais dans les années 90, Raymond Barre à la tête de la municipalité souhaite reconquérir le territoire. Le projet est présenté comme le plus gros du 20e siècle. Une vaste opération d’urbanisme est amorcée pour faire de ce quartier une zone résidentielle, de commerce et de loisirs.
A l’image de Rome, Confluence ne s’est pas construite en un jour. Mahjour Major, gérant d’un restaurant dans le quartier, se souvient des premières années.
C’était très compliqué d’imaginer l’avenir. Il n’y avait pas de parking, pas de tram, pas de clients… Le centre commercial était fermé. On ouvrait uniquement l’été et on fermait l’hiver parce que c’était en construction. Il y avait encore les pelleteuses, c’était encore en chantier. Ça a commencé à évoluer au bout de quatre, cinq ans, on a commencé à voir l’avenir positivement.
Mahjour Major, gérant d’un restaurant dans le quartier
Le musée des Confluences, la tâche noire du projet
Progressivement, le quartier et ses symboles voient le jour. En 2010, la darse avec son petit port sort de terre. Un an plus tard, c'est au tour de l’Hôtel de région. Résidences, pôle loisir, commerces… Les projets fusent pour alimenter Confluence. A l’instar du Musée des Confluences, le gros projet du quartier, qui a longtemps tardé avant d'ouvrir ses portes. En cause : un retard de construction de dix ans et un coût dépassé à hauteur de cinq fois son montant initial, passant de 61 millions d’euros à 306 millions d’euros.
17 000 habitants d'ici 2030
Avec son architecture moderne aux multiples facettes, le musée d’histoire naturelle et d’anthropologie s’est imposé dans le paysage lyonnais. En 2019, avant la crise sanitaire, l’établissement enregistrait une fréquentation de 671 077 visiteurs.
Aujourd’hui, la première phase de la Confluence est achevée. De 2003 à aujourd’hui, la population a doublé, passant de 6 000 habitants à 12 000 aujourd’hui. Objectif d’ici 2030 : accueillir 17 000 habitants. Avec la mixité sociale au cœur du projet.
C’est important de garder un côté populaire dans ce quartier ambitieux d’un point de vue architectural et urbanistique. D’en faire un quartier mixte pour que tout le monde puisse y vivre.
Jérôme Humbert, président du comité d’intérêt local et agent d’immobilier
Place aujourd'hui à la phase 2 du projet, pas des moindres. Avec 35 hectares à construire, elle représente un chantier aussi grand que la phase 1 côté Saone. A ce jour, un tiers des aménagements prévus sur le site de l'ancien Marché Gare ont été réalisés.
Débutés en 2012, les travaux s'achèveront en 2030. Une chose est sûre : la voiture ne sera pas la bienvenue. "C'est plus d'espaces publics végétalisés, apaisés et moins de voitures, moins de places de stationnement pour les voitures dans les immeubles, commente Béatrice Vessiller, vice-présidente à la métropole de Lyon en charge de l'urbanisme et du cadre de vie. On mise sur le fait que les habitants se déplacent autrement qu'avec une voiture individuelle." Résultat : il y aura seulement une place de stationnement pour dix logements.