Il a exercé un mandat de maire à Lyon au début des années 1990. Michel Noir est aujourd'hui à la retraite. Jamais très éloigné de la politique, il poursuit sa lutte contre l'exclusion sociale, à travers la littérature notamment.
"On peut travailler jusqu’à un certain âge et ne pas forcément tout arrêter d’un coup". Michel Noir a pris sa retraite, il y a deux ans. De député, maire de Lyon, ministre du Commerce Extérieur du gouvernement de Jacques Chirac à chef d’entreprise dans le domaine des sciences cognitives, le Lyonnais a endossé une multitude de fonctions tout au long de sa carrière professionnelle.
Et au milieu, une passion : l’écriture. "Depuis deux ans, j'ai repris la table d'écriture", explique l’octogénaire inspiré par ses années au service de la démocratie et de la science.
Des ouvrages politiques, des essais, des recueils de poésie, des ouvrages sur les sciences cognitives et des romans policiers, il y en a pour tous les goûts. Mais avec un dénominateur commun : la lutte contre l’exclusion sociale.
Écrire contre l'exclusion sociale
"Lisez Les Chemises bleues d’Oppède le Vieux ! C’est exactement le sujet", affirme Michel Noir, évoquant le dernier roman policier qu'il a rédigé depuis sont départ à la retraite. Le héros de l’histoire est un jeune de Vaulx-en-Velin, une ville de la banlieue lyonnaise qu’il connaît très bien puisqu’il a travaillé avec son maire, Maurice Charrier, à l’époque où il était lui-même élu à la mairie de Lyon. Engagé sur un chantier d’insertion dans le Lubéron, le jeune banlieusard est soupçonné d’un meurtre, avant d’aider à le résoudre.
"Le drame de la société française, c'est que l’on fabrique 15 % d'exclusion sociale, et donc on fabrique des bombes à retardement", souligne Michel Noir avant d’ajouter : "quand on découvre que l’on a besoin de parler aux autres, on franchit déjà 2-3 marches sur la bonne voie. Et c'est exactement ça dont parle le roman".
Plume à la main, l’ancien maire de Lyon est déjà sur de nouveaux projets d’écriture. Un roman par exemple dont l’intrigue se déroule dans la région parisienne des années 60, avec comme personnage principal, un émigré galicien. Des pièces de théâtre également. Le Lyonnais s’essaie à un genre nouveau très peu prisé en France, "toujours autour de cette idée d’intégration", précise-t-il.
Engagé pour la mémoire juive
"Et puis je suis présent aussi sur certaines causes", renchérit-il. L’ancien élu municipal figure au conseil d’administration de la Maison d’Izieu, lieu de mémoire de l’accueil des enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi de sa rafle par les soldats du 3ème Reich.
"Ce combat contre tous ceux qui refusent l'autre, au prétexte qu'ils n’ont pas la même tête, pas la même couleur ou pas la même religion, est dans mes tripes", explique le fils d’un résistant déporté dans le camp de Mauthausen en Autriche.
"C'est pour ça que j'ai toujours combattu le Front national à l'époque, et aujourd'hui le Rassemblement national. Donc je suis assez occupé", finit-il par conclure.
"On est là dans une situation prérévolutionnaire"
S’il n’a plus eu de fonctions électives depuis février 1997, entaché par l’affaire Botton, son ex-gendre, Michel Noir n’a jamais cessé de suivre de près la politique de son pays et de sa ville. "J’ai de grosses insatisfactions !", affirme-t-il.
Maire RPR (Rassemblement pour la république), parti gaulliste, Michel Noir se dit "navré" par la politique menée aujourd’hui en France. "On est là dans une situation prérévolutionnaire, si je puis dire, puisque l'autorité de l'État vacille, le respect de l'autre est inexistant et les décisions brutales qu'on veut imposer s'avèrent inefficaces. Il y a une exaspération avec une montée du ras-le-bol dans des tas de catégories, ce qui donne un contexte presque explosif", déclare-t-il.
Et il en revient toujours et encore à ceux qui sont exclus de la société :
Tant que l’on continuera sur cette voie, on va générer une part de génération perdue qui n'a pas de métier, qui va sombrer dans l'économie souterraine, expliquant la situation dans nombre de quartiers difficiles dans nos agglomérations en France. Ça alimente la sensation que cette forme de délinquance est liée à des gens qui sont un peu trop différents.
Michel NoirAncien maire de Lyon
L’ancien élu invite donc la politique à être repensée afin de donner une seconde chance à ces jeunes en difficulté qui, le plus souvent, cumulent plusieurs handicaps sociaux.
Que devient Lyon ?
Concernant la politique lyonnaise, Michel Noir salue les ambitions écologiques de la mairie. En revanche, il regrette des politiques un peu "abruptes", mises en place par une équipe qui selon lui se cherche.
Ce sont des gros changements que l’on demande aux citoyens. Et on y va à mon avis à marche forcée sur certains sujets. Je pense notamment aux déplacements urbains. C’est antipédagogique, car au lieu d'inviter les gens à essayer de comprendre, à travers cette transition, pourquoi c'est nécessaire, ça crispe. Et quand vos décisions publiques consistent à crisper les citoyens, c'est complètement contre-productif.
Michel NoirAncien maire de Lyon
L’homme âgé de 80 s'occupe régulièrement de ses 12 petits-enfants, trouve également le temps d’animer des conférences, toujours sur la thématique de l’intégration sociale.
Retrouvez Michel Noir sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, le mercredi 19 juin à partir de 10h30 sur le plateau de Vous êtes formidables et en replay sur france.tv
