Ce dimanche 12 février, la Ville de Lyon commémorait les 80 ans de la rafle de la rue Sainte-Catherine, qui avait entraîné la déportation de 84 Juifs. En ce jour de mémoire, le maire de Lyon Grégory Doucet a également témoigné son désir d'apaiser les relations avec la communauté juive, après la polémique de la table ronde sur les accords d'Oslo.
"Comment ne pas être saisi d'effroi devant la cruauté et l'arbitraire de cette rafle" déclare, émue, la préfète de région Fabienne Buccio lors de son discours. 9 février 1943, une date inscrite à jamais dans l'histoire de la ville de Lyon. Il y a 80 ans, 86 Juifs sont raflés par la Gestapo sur ordre de Klaus Barbie, au 12 rue Sainte-Catherine, qui était à l'époque l'Union générale des israélites de France, un organisme chargé d'assurer la représentation des Juifs auprès des pouvoirs publics. D'abord emprisonnés au Fort Lamothe, 84 d'entre eux sont ensuite emmenés au camp d'internement de Drancy, avant d'être déportés vers les camps de concentration.
Devoir de mémoire
C'est pour ne pas oublier, des décennies plus tard, que plusieurs personnalités politiques se sont recueillies ce dimanche devant la plaque commémorative où sont inscrits les noms des déportés. Entouré notamment de la maire du 1er arrondissement Yasmine Bouagga et de la préfète de région, le maire de Lyon Grégory Doucet a rendu hommage à ces victimes. "J'avais à cœur de rappeler l'importance de la mémoire, déclare l'édile. On est là pour commémorer les 86 personnes qui, il y a 80 ans, ont été raflées. C'était ça l'essentiel pour moi aujourd'hui". Béate et Serge Klarsfeld, qui ont dédié leur vie à traquer les nazis et à combattre l'oubli de leur barbarie, étaient également présents.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) de Lyon Richard Zelmati a quant à lui lancé un appel à la vigilance face à l'antisémitisme. "Le crime qui s'est passé ici nous afflige autant qu'il nous oblige à la conscience et à la lucidité devant ceux qui veulent encore et toujours la destruction des Juifs. Souvenons-nous qu'un peuple qui perd son histoire est comme un homme qui perd sa mémoire" a-t-il martelé lors de son discours.
Priorité à l'apaisement des tensions
La cérémonie, débutée à 11h, a duré une heure et demie environ. Après l'énonciation des noms des personnes déportées par des élèves de l'établissement Notre-Dame de Bellegarde de Neuville-sur-Saône et un temps de prière, Grégory Doucet s'est exprimé devant le public. Il a notamment profité de ce moment pour revenir sur la polémique autour de l'organisation d'une table ronde commémorant les 30 ans des accords d'Oslo (qui étaient censés mettre fin au conflit israélo-palestinien) qui agite la ville depuis plusieurs jours. "Tout le monde est dans l'apaisement aujourd'hui, indique l'élu. Tout le monde cherche à focaliser son attention sur la question principale, celle de la mémoire. On est là uniquement pour la mémoire." Le maire a par ailleurs rappelé le lancement du concours d'architecture pour le futur mémorial de la Shoah, qui sera érigé à Lyon Perrache.
Sur la polémique de la table ronde, si Richard Zelmati affirme que pour lui "il n'y avait pas querelle", il rappelle aussi sa volonté d'interpeller la Ville, "de manière à ce que ça sollicite une considération pour ce nous sommes, pour ce que nous entreprenons". "Indiscutablement, je crois que la sérénité a été retrouvée aujourd'hui", a-t-il toutefois conclu.
L'assemblée a ensuite procédé à un dépôt de gerbes devant la plaque commémorative. La cérémonie s'est terminée sur les notes de la Marseillaise.