L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié jeudi le rapport final de l’étude de pharmaco-épidémiologie sur les conséquences du passage à la nouvelle formule du Lévothyrox. Elle suscite la colère des victimes du changement de dosage.
Le passage à la nouvelle formule du Lévothyrox n'a pas provoqué plus d'hospitalisations, selon le rapport final de l'Agence du médicament publié jeudi. Pourtant certains malades de la thyroïde se plaignaient d'effets indésirables depuis la modification du laboratoire Merck (Lyon) au printemps 2017.
L'Agence du médicament a publié son rapport final ce jeudi, à partir des données du Système National des Données de Santé. Elle a porté sur une étude de plus de 2 millions de patients. Cette étude de pharmaco-épidémiologie a comparé la période entre avril et juin 2017 (à l'arrivée de la nouvelle formule) et la période d'avril à juin 2016 pour les patients prenant l'ancienne formule.
Pas de risques augmenté de risques de santé, selon l'ANSM
L’étude indique que « parmi les patients qui avaient initié la nouvelle formule du Levothyrox entre avril et juin 2017, à la fin de la même année, 18% ont opté pour une autre spécialité, dans le contexte de la diversification de l’offre thérapeutique mise en œuvre à partir d’octobre 2017. Dans le même temps, la fréquence des dosages de TSH a nettement augmenté (+31%) suite au passage à la nouvelle formule. » En clair, l’ANSM estime « que les résultats ne fournissent pas d’argument en faveur d’un risque augmenté de problèmes de santé graves au cours des mois suivant l’initiation de la nouvelle formule du Lévothyrox. ». Selon le rapport, les résultats ne mettent pas en évidence « d’augmentation spécifique de survenue d’hospitalisations, de décès, d’arrêts de travail d’au moins 7 jours. »
« L’ASNM ne veut pas entendre les malades », dénonce l'avocat des "4 000"
« C’est encore de l’enfumage pseudo-scientifique », lâche Me Christophe Leguevaques, avocat des « 4 000 ». Pour ce dernier, qui défend des personnes victimes du changement de dosage, un peu plus de 3 000 à ce jour, "suivant le montage des chiffres on parvient à un résultat favorable à la nouvelle formule". Encore faudrait-il que la comparaison entre les deux groupes (ancienne version et nouvelle version du Lévothérox) soit acceptable, estime Me Leguevaques. Et l’avocat de chercher à démontrer que la durée d’exposition soit être rigoureusement prise en compte. « Le fait de modifier de quelques jours cette durée modifie mathématiquement le résultat », estime t-il. Et de critiquer le fait, encore une fois, selon lui, d’être sur une « moyenne ». Or, dans un certain nombre de cas, cette moyenne ne correspond à rien.
L’avocat toulousain en profite pour insister sur le fait que selon lui, l’étude reconnaît que la nouvelle formule ne serait pas aussi efficace que la version d’origine. Et de citer le rapport qui mentionne une augmentation du nombre de consultations. Elles seraient 360 000 de plus auprès des médecins généralistes et des endocrinologues. De même qu’il apparaît que des effets indésirables se sont fait sentir avec la nouvelle formule après son introduction en 2017 par le laboratoire Merck. Des effets qui demeurent inexpliqués, reconnaissent les chercheurs dans leur rapport. Ces effets pourraient être liés à la modification des excipients utilisés dans la nouvelle version, normalement destinés à stabiliser la molécule.