Quelques centaines de personnes ont manifesté place Bellecour à Lyon, samedi 19 septembre, pour dire non à l'implantation de la 5G, dont les premières antennes devraient commencer à fonctionner d'ici la fin de l'année. Ils mettent en avant un risque pour la santé des habitants.
La "Coordination Stop 5G lyon" organisait une chaîne humaine et une manifestation à Lyon samedi 19 septembre pour exiger un moratoire sur le déploiement de cette nouvelle technologie de téléphonie mobile, qui doit être déployée à partir de la fin de l'année 2020.
Les manifestants demandent le retrait des 22 antennes déjà en fonctionnement sur Lyon et l'arrêt des expérimentations à Saint-Priest et à la SNCF.
Avec toute une série de petits bandeaux, pour ne pas se toucher la main directement, les manifestants ont organisé une immense chaîne humaine qui faisait largement le tour de la place.
Sur les pancartes, plusieurs références aux hamish, moqués récemment par le président Emmanuel Macron qui a donné sa bénédiction pour le déploiement des antennes 5G. Autre petite pique contre le président Français, ce carton :"C'est le débat démocratique qui s'éclaire à la lampe à huile".
"Pour la vie!"
Dans la foule, Arianne est institutrice, venue du sud de la France avec ses deux enfants. A la question de savoir pourquoi elle manifeste, elle répond spontanément : "Pour la vie". Elle si dit convaincue d'un risque pour la santé avec ces nouvelles antennes.
Avec son T-Shirt marqué "Assez de cancer, Boycott des objets con / nectés", elle affiche la couleur: "En France, les politiques ne savent rien. Ils ne savent pas si c'est nocif, ou pas. Il faut se dépêcher parce que les opérateurs sont pressés et les actionnaires ont besoin d'argent. Tout çà pour que le frigo nous dise qu'il n'y a plus de yaourt !?"
Sa fille, Myriam, 16 ans et demi, précise: "C'est important que les jeunes viennent. Ils se mobilisent pour le climat, mais pas encore sur ce sujet de la 5G. Le principe de précaution n'est pas respecté. Ce sont les associations qui ont raison."
"Un magma éléctro-magnétique"
Alice fait partie du collectif organisateur de cette journée de mobilisation. Pour elle, "aucune étude n'apporte la preuve de l'absence de risque pour la santé. Nous on dit qu'il ne faut pas aller trop vite et on revendique le principe de précaution. C'est la multiplication des antennes à faible portée qui nous inquiète. Pour des voitures autonome spar exemple, on va être entouré d'un magma éléctro-magnétique, c'est une pollution. Les objets connectés eux-même peuvent être des relais potentiels."
"Je n'arrive plus à vivre"
Un peu à l'écart, il y a aussi Jocelyne qui se dit électro-sensible depuis quelques années. Elle aussi s'inquiète pour sa santé avec la multiplication des antennes en ville.
Pour l'instant, les choses semblent aller assez bien dans son appartement en rez-de-chaussée qui donne sur un parc à Caluire. Mais avec le prochain déploiement de la 5G, c'en est trop. Elle a décidé de quitter la ville et d'aller vivre dans la Loire dans un petit village.
"Dès que je sors, je n'arrive plus à vivre. Là, je brûle. Je sais que je vais avoir mal aux bras, aux jambes, aux oreilles. Aujourd'hui je n'ai plus de portable bien-sûr, et ce n'est pas très pratique au quotidien... C'est important qu'on dise que les risques sanitaires sont majeurs."
Quelles études scientifiques ?
Les opposants mettent en avant près d'un millier d'études scientifiques prouvant selon eux le lien entre risques de cancers et exposition aux ondes électro-magnétiques, et rappellent que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a classé en 2011 les ondes électro-magnétiques comme potentiellement cancérigènes (classement B2).
Enfin, toujours selon les opposants, les normes françaises actuelles seraient "parmi les plus laxistes": de 41 à 61 volts/mètre: "La résolution 1815 du Conseil de l’Europe de 2011 préconise un seuil de prévention pour les niveaux d’exposition à long terme aux micro-ondes en intérieur, conformément au principe de précaution, ne dépassant par 0,6 volt par mètre, et de le ramener à moyen terme à 0,2 volt par mètre."
Aucun risque sanitaire pour la ministre de l'environnement
Barbara Pompili, ministre de l'environnement, a rejeté mercredi 16 septembre l'idée d'un moratoire sur les futures enchères des fréquences 5G qui ne présentent "aucun risque" sanitaire, plaidant dans le même temps pour une sobriété numérique "qui n'est pas un retour à la lampe à pétrole".
Le président Emmanuel Macron a balayé l'idée d'un éventuel moratoire sur le lancement de cette nouvelle technologie, renvoyant ironiquement les sceptiques à "la lampe à huile".
Les membres de la Convention citoyenne pour le climat, qui avaient recommandé un tel moratoire dans leurs propositions remises en juin au chef de l'Etat, "nous ont dit qu'il faudrait peut-être prendre le temps pour vérifier s'il n'y a pas de problème sanitaire et pour vérifier comment on peut faire pour qu'il n'y ait pas trop de problèmes environnementaux" a déclaré Mme Pompili.
Cette demande de moratoire a été reprise par 70 élus de gauche et écolos dont les maires de Lyon Grégory Doucet et de Grenoble Eric Piolle.
Selon le ministère de l'Environnement, il n'y a pas "d'effets néfastes avérés à court terme en-dessous" des valeurs limites recommandées concernant l'exposition aux ondes électromagnétiques. "Toute la littérature scientifique nous dit que sur la bande des 3,5 gigahertz, (...) qui est concernée par les enchères qui vont être lancées à la fin du mois, il n'y a pas de sujet", a souligné la ministre, en relevant que cette bande de fréquence "est utilisée depuis longtemps".
Les enchères pour l'attribution des premières fréquences de la 5G en France doivent se tenir fin septembre, ouvrant la voie à de premières offres commerciales d'ici fin 2020.
22 antennes à Lyon et Villeurbanne
A Lyon et Villeurbanne 22 antennes ont été autorisées pour mener des expérimentations depuis le début 2018 (rue Thomassin, rua Rabelais, boulevard Vivier-Merle etc.). C'est dans le Rhône que Bouygues a installé la majorité de ces supports expérimentaux, et des projets sont également portés par SFR ou Orange.
A Lyon la SNCF collabore avec Bouygues Telecom grâce à une antenne qui couvre la gare de la Part-Dieu, en utilisant un débit 10 fois supérieurs à celui de la 4G. La SNCF pourrait ainsi extraire et transmettre "de grandes quantités de données techniques des trains à quai" selon l'autorité indépendante nationale l'ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques des Postes et de la presse).
D'autres expérimentations sont en cours, dans le 6e arrondissement de Lyon, ou encore dans la zone industrielle de Saint-Priest (69), où de nombreuses entreprises doivent avoir accès au réseau 5G pour tester des usages professionnels, mais très souvent, dans le plus grand secret.
Selon l'Arcep, les opérateurs doivent équipées, chacun, deux villes avant la fin 2020. Les antennes doivent se déployer ensuite progressivement, sur 3.000 sites en 2022, 8.000 sites en 2024, et 10.500 sites en 2025.