Un courrier adressé par la Préfecture de Rhône à la mairie de Lyon le 26 mars 2024 souffle un vent de panique dans les célèbres Halles Bocuses. Les services de l'État reprochent à la mairie de Lyon, propriétaire des lieux, sa lenteur pour mettre aux normes ses dispositions anti-incendie. Les Halles sont menacées de fermeture si rien n'est fait dans les deux prochains mois.
C'est une lettre qui a mis le feu aux poudres. Le 26 mars 2024, la préfecture du Rhône a adressé une missive à la mairie de Lyon pour lui rappeler de mettre à jour ses dispositions anti-incendie au sein des Halles Bocuses, dont la commune est propriétaire.
Tout a commencé huit mois plus tôt. En juillet 2023, la dernière commission incendie (obligatoire pour les lieux accueillant du public) souligne une série de manquements en termes de sécurité incendie au sein du site. Une liste de prescriptions est donc adressée à la mairie de Lyon, propriétaire et gestionnaire du lieu.
Aujourd'hui, la Préfecture revient à la charge, arguant que l'une de ses injonctions, la production d'un diagnostic de sécurité par une société agrée, n'a toujours pas été réalisée.
Toute une série de mesures ont déjà été prises et certaines prescriptions sont d’ores-et-déjà levées
Camille Augey, adjointe au commerce à la ville de Lyon
Retard du prestataire
Du côté de la mairie de Lyon, on assure prendre le sujet très au sérieux : "toute une série de mesures a déjà été prise et certaines prescriptions sont d’ores et déjà levées", affirme Camille Augey, l'adjointe au commerce à la ville de Lyon.
L'élue plaide un retard du prestataire missionné pour réaliser ce diagnostic : "il est encore en cours effectivement. Cela prend beaucoup de temps, car il faut regarder un très grand nombre d’éléments".
À la mairie, on s'étonne néanmoins du procédé employé par la préfecture pour rappeler ces injonctions. Chez nos confrères du Progrès, le maire de Lyon Grégory Doucet dénonçait le 30 mars une "volonté de nuire au patrimoine".
"On peut s’interroger sur le pourquoi de ce courrier en l’absence de dialogue préalable qui aurait été une manière plus saine de faire un point sur l’avancement de la situation", poursuit Camille Augey.
Contactée ce mardi 2 avril, la Préfecture du Rhône répond : "respecter le patrimoine, c'est d'abord respecter les normes", sans faire plus de commentaires sur l'affaire.
Peu d'inquiétudes chez les commerçants
Du côté des Halles, on ne s'inquiète pas particulièrement d'une fermeture administrative du site. "Il n'y a pas le feu aux halles. Ce n’est pas comme si le ciel allait nous tomber sur la tête. Ce n'est pas un arrêté de péril.", martèle Claude Polidori, le président de l'association des commerçants.
Selon lui, les 50 échoppes ne sont pas plus inquiètes que cela. "La préfecture endosse des responsabilités au niveau de la sécurité, et la mairie a celles de les mettre en place. Les normes sont de plus en plus draconiennes de jour en jour. S’il faut un référant incendie, la mairie en mettra un et tout rentrera dans l’ordre."
La préfecture a donné deux mois à la mairie pour se mettre en conformité. Faute de quoi, une fermeture administrative pourrait être ordonnée.