RETRAITES. "Pourquoi pas une manifestation sur le périph ?" : les commerçants de Lyon veulent négocier le parcours des cortèges

S'entendre sur le tracé de la manifestation du 6 juin prochain. C'est l'objet d'un courrier adressé à l'intersyndicale par l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Rhône. L'initiative intervient après les dégradations survenues le 1er mai à Lyon.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Des vitrines saccagées, des scènes de pillages et des dégradations du mobilier urbain… Le 7e arrondissement de Lyon a été durement touché par des violences en marge de la manifestation unitaire du 1er mai. Un nouveau rassemblement avait été annoncé sur les réseaux sociaux ce samedi 6 mai pour dire non à la réforme des retraites. Cette manifestation a finalement été interdite. Ce vendredi 5 mai 2023, Thierry Fontaine, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Rhône et de la métropole de Lyon  (UMIH), s'est dit "soulagé". "On avait vraiment peur", explique-t-il.

6 mai : manifestation interdite à Lyon

Pris jeudi, l'arrêté préfectoral a été publié ce vendredi matin. La manifestation est interdite en raison des risques de débordements, en raison "des appels à participation d'éléments radicaux à l'origine depuis plusieurs semaines des dégradations lourdes de commerces & d'importantes blessures de policiers nationaux, cibles de nombreux jets de projectiles", précisent les autorités préfectorales.

Des commerçants sous le choc

"J'ai eu la chance pour cette fois de ne pas être touché. Mais certains de mes confrères vont être dans de grosses difficultés financières," explique un coiffeur de l'avenue Jean-Jaurès. "Lundi dernier, je pense que mon salon a été sauvé par un ami qui s'est interposé. Les casseurs s'apprêtaient aussi à mettre le feu à un transformateur électrique collé au mur du salon. Des gens sont intervenus. Ils ont sauvé mon salon et l'immeuble."

Son enseigne a été épargnée par les casseurs le 1er mai dernier, mais il n'en va pas de même pour tous. Pour ce commerçant, les conséquences de ces dégradations sont difficiles à évaluer. "Au-delà des assurances, il y a des fermetures, il faut faire des travaux, ça peut vraiment compromettre la survie de certains commerçants, des indépendants, des franchisés" selon le professionnel.

Des professionnels, déjà à bout, qui n'ont pas de temps à perdre en démarches pour obtenir des dédommagements auprès des assurances, attendre le passage des experts. Ou même se lancer dans d'interminables travaux de réparation alors que matériaux et artisans font défaut. "Ce qui n'est jamais remboursé, c'est le temps perdu. Si un commerce doit rester fermé plusieurs semaines pour des travaux, il n'y a pas d'indemnisation", explique le commerçant. Des fermetures qui riment avec chômage technique. "On a juste envie que ça ne se reproduise pas", explique le responsable d'un commerce de deux-roues, victime de dégradations sur la vitrine et de vol de vélos. 

Un peu d'uchronie... 

Au lendemain de la manifestation du 1er mai, un nouveau défilé avec demande de départ de la place Jean Macé était déjà dans les tuyaux pour ce samedi 6 mai. Initialement, les marcheurs devaient déambuler sur un axe Jean Macé, Jean-Jaurès, Saxe, Lyautey - Général Leclerc. Un parcours qui aurait conduit les manifestants du 7e jusqu'au 6e arrondissement, sur des artères qui avaient été lourdement touchées par les dégradations. Dans le 6e arrondissement notamment, des casseurs avaient déjà semé le trouble en marge du cortège du 13 avril.

Les 2 et 3 mai, dans des courriels d'informations adressés aux commerçants des secteurs concernés - environ une centaine d'enseignes - les autorités faisaient état d'une manifestation "plus à risque" ce 6 mai et de la présence de membres de l'ultra-gauche.

Les commerçants ont alors été informés de la modification du parcours de la manifestation. Un tracé reliant, cette fois-ci, la place Jean Macé à la Manufacture des Tabacs, via l'avenue Berthelot et le boulevard des Tchécoslovaques, avait finalement été privilégié. Avant que la préfecture ne prenne finalement la décision de l'interdire.

Mobilisation du 6 juin...

La nouvelle grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites est prévue dans un mois. Le 6 juin prochain. Cette date n’a pas été choisie au hasard. Le 8 juin 2023, aura lieu la présentation à l’Assemblée de la proposition de loi visant à abroger le texte.

Si une manifestation doit avoir lieu dans les rues de Lyon, il est encore trop tôt pour connaître les parcours envisagés pour battre le pavé, selon la préfecture.

"La prochaine manifestation, c'est le 6 juin, mais tout le monde angoisse déjà", rétorque Thierry Fontaine. Restaurateurs, professionnels de l'hôtellerie et commerçants sont déjà très inquiets. Les manifestations émaillées de violences agiraient comme un repoussoir.

"Ça rayonne. Quand on entend des faits de violences dans le centre-ville de Lyon. On évite le secteur. On évite ces zones, comme si elles devenaient contagieuses", explique le président de l'UMIH du Rhône. "Le 1er mai, à Lyon, les restaurateurs ont été plutôt épargnés pour une fois. Mais ceux qui ont été touchés lors des précédents manifestations sont au bout du rouleau", ajoute-t-il.

... une rencontre en URGENCE

Une inquiétude dont le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Rhône et de la métropole de Lyon se fait le relais. Jeudi soir, il a adressé un courrier à l'intersyndicale. 

"Je vous propose une rencontre en URGENCE pour travailler ensemble sur un parcours pour la manifestation du 6 juin et celles à venir, avec l'objectif majeur de réduire l’impact sur nos entreprises, en très grande majorité des TPE", écrit Thierry Fontaine. Ce dernier préfère prendre les devants, un mois avant la date de cette nouvelle journée de mobilisation. 

"De grâce, ne laissons pas les casseurs continuer à enfoncer tout un pan de l’économie qui est étranger à ce conflit et trouvons ensemble un tracé aboutissant à une solution favorable pour tous, afin d’éviter un chaos que cette situation est en train d’entrainer, mettant les commerçants à genou !" implore le patron de l'UMIH du Rhône.

Des clients qui désertent, des manifestations qui dégénèrent, des dégradations… les restaurateurs ne veulent pas être "les victimes collatérales" de cette lutte sociale. Pour Thierry Fontaine, il s'agit de "trouver un parcours qui ne comporterait pas de commerces et qui serait facile à sécuriser". "Pourquoi pas une manifestation sur le périphérique ? Ça aurait de la gueule," lance Thierry Fontaine. Une piste qu'il entend explorer avec les syndicats et proposer aux autorités. "À nous de faire des propositions avec l'intersyndicale", explique-t-il. "Mais nous ne sommes pas des spécialistes de la sécurité", rappelle-t-il en guise de conclusion. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information