Une publicité de trop ? A La Réunion, les "Burgers de Papa" ont publié une photo et un slogan jugée choquants par un collectif d'associations qui a porté plainte contre la franchise lyonnaise, pour provocation à la haine et à la violence. La chaîne s'est excusée et a retiré la photo.
"Les burgers de papa, ils déchirent leur maman": la phrase, à vocation uniquement publicitaire, n'est pas digérée à la Réunion.
L'enseigne lyonnaise a parié depuis longtemps sur l'humour, parfois très noir, ou le second degré, un brin potache, pour se faire connaître et véhiculer une image jeune et décontractée.
L'entreprise lyonnaise née en 2013, spécialisée dans la conception de burgers gourmets à base de produits frais, est-elle allée trop loin cette fois-ci?
Une plainte déposée
Un collectif de 9 associations a déposé plainte pour provocation à la haine, à la discrimination et à la violence.
Pour Serge Lebon, "Tout le monde n'est pas capable de comprendre le second degré, et l'humour noir. Est-ce qu'un adolescent va le prendre comme de l'humour? Ou est-ce qu'il va s'identifier? Va-t-il se dire que dans une relation de couple, l'homme doit être celui qui abuse du corps de sa conjointe?"
Il faut dire qu'à la Réunion, les violences intra-conjuguales sont un véritable fléau. De 2006 à 2018, plus d’une cinquantaine de femmes ont été assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint selon l’I.R.T.S. (Institut Régional du Travail social) et l'ORVIFF (Centre de Recherche Juridique de l’Université de La Réunion).
Pour la fête des mères, les Burgers de papa deviennent régulièrement les Burgers de maman, avec de belles réductions à la clé pour celles-ci, mais cela n'éteint pas la polémique.
"C'est destructeur"
Pour l'avocat du collectif, la communication des "Burgers de papa" associe l'image du père à un prédateur sexuel, et l'image de la femme à un objet sexuel, ce qui pourrait avoir un impact désastreux.
Maître Alex Vardin, Avocat du collectif: "Au-delà de tout çà, ce sont les répercussions que cela peut avoir sur les personnes et leur psychologie, sur les tout petits. C'est destructeur chez les gens faibles."
"On s'en est excusé"
Sur la page facebook de la marque, implantée à Saint-Denis et à Saint-Pierre, les publicités jugées choquantes ont été retirées avec à la place un mot d'excuse: "Nous tenons d'abord à présenter nos excuses à toutes les personnes que ces publications ont pu offenser. Notre entreprise se veut positive et engagée, cet engagement passe par la dénonciation via l'humour noir de certains faits ou personnages publics dont nous n'apprécions nullement le comportement. Nous sommes conscients que cette tentative de dénonciation du sexisme ait pu être mal interprétée et dorénavant nous serons beaucoup plus vigilants."
Au micro de nos collègues de RFO, Thibaut Demangeat, Président des "Burgers de Papa" à la Réunion précise: "En Métropole, ils ont mandaté une société de communication qui décide d'adopter un ton décalé. On a 10 millions de burgers vendus à ce jour, donc une grosse clientèle qui nous fait confiance, et c'est un ton décalé. On reconnaît que la sensibilité à la Réunion, plus que dans certaines grandes métropoles françaises, a été heurtée. C'est pour çà qu'on s'en est excusé et qu'on a publié un article là-dessus."
Le collectif envisage de déposer une autre plainte, devant un tribunal lyonnais.
Un ton très très décalé
- Le 30 mai 2020, la chaîne de burgers publiait un dessin humoristique à l'occasion de son burger "Giscard" avec cette phrase "haut les mains" justifiée plus loin : "même les burgers n'aiment pas qu'on leur tripote le bun!", faisant référence à l'accusation d'une journaliste allemande d'agression sexuelle de la part de l'ancien président français lors d’un entretien à Paris en décembre 2018.
- Le 12 février, c'était un dessin de Patrick Balkany qui était mis en avant avec cette légende, "qui veut encore des frites", et un slogan, "Balkany, le retour, il blanchit toujours, oui mais des frites...".
- Toujours dans un esprit décalé, dans une publication datant du 5 juillet 2015, et toujours visible sur leur page facebook, un homme tient dans son bras, bien amusé, une poupée gonflable avec cette phrase : "Y'a pas à dire, les cadeaux du menu enfant de chez Papa, c'est quand même autre chose que le happy Meal de l'autre clown!"