Depuis le début de la crise sanitaire de nombreux restaurateurs ont dû cesser toute activité. D’autres pour survivre ont décidé de s’adjoindre les services de plateformes de livraison. L’offre de ces applications s’est étoffée de près de 30% en un an.
Sur les tables rangées dans un coin de la salle s’empilent des centaines de boites à pizza. Des cartons prêts à accueillir la prochaine «Margherita» ou autre «4 saisons». Les livreurs se chargeront de les mener à destination dans un rayon de 2,5 kilomètres.
Voilà plus de 6 mois que Maxime Serre n’a pas dressé de couverts. En mars 2020, ce restaurateur villeurbannais voit s’assombrir l’horizon. Sa pizzeria est ouverte depuis 9 mois et la pandémie le confine derrière son four. Pour pallier l’absence de clients, il fait appel aux services d’une plateforme de livraison à domicile. Uber Eats lui fournit une tablette sur laquelle il reçoit les commandes.
Au fil des semaines, entre renforcements et assouplissements des restrictions il jongle avec les livraisons et plats à emporter pour pouvoir payer ses charges. Le restaurateur perd 60% de son chiffre d’affaire. L’application lui permet de pondérer ses pertes et de poursuivre son activité en attendant des jours meilleurs mais le 2 janvier, la mise en place du couvre-feu change la donne. Pas d’autres choix : Il devient dépendant de la plateforme qui lui assure désormais 80% de son chiffre d’affaire.
« Le client paye à Uber Eats la pizza et les frais de livraison. La plateforme nous prend 30 % de commission. C’est énorme mais on n'a pas le choix. On fait plus de volumes mais la marge est moindre. Du coup, je restreins mes charges fixes. La priorité c’est de tenir jusqu’à la réouverture »
Entre le recrutement du personnel et l’achat de matériel, impossible financièrement pour Maxime d’organiser lui-même la livraison. Depuis le mois de mars 2020, les mesures sanitaires obligent de plus en plus de restaurateurs à se tourner vers les sites de livraisons.
De nombreux restaurateurs viennent enrichir l’offre des plateformes
Avec plus de 12,5 millions de téléchargements, Uber Eats revendique être l'application de livraison la plus téléchargée en France. Dans la région, le nombre de restaurants travaillant avec cette plateforme a augmenté de 25% en 2020 et le site s’enorgueillit de compter parmi ses clients de grands chefs comme Joseph Viola à Lyon. Le site observe que les familles représentent une nouvelle typologie de clients.
Même constat du côté de Just Eat :
«On a vu arriver d’avantages de familles ce qui a fait augmenter les paniers moyens, les montants de ces commandes» explique Meleyne Rabot, directrice générale chez Just Eat France.
Cette plateforme hybride qui travaille également avec des restaurants ayant leur propre service de livraison se félicite d’avoir élargi son offre de restaurateurs de 30% l’an dernier. En Auvergne-Rhône-Alpes, un millier de professionnels travaillerait aujourd’hui avec Just Eat.
Enfin, Deliveroo, autre grand acteur dans cette bataille des plateformes affirme dans les colonnes de nos confrères du Progrès être passé de 780 restaurants partenaires lyonnais à 950 en un an.
Des livreurs en CDI
La crise fait les beaux jours des plateformes en ligne et leur croissance s’accompagne, de fait, d’un autre phénomène : le nombre grandissant de livreurs. Malgré des conditions de travail régulièrement dénoncées, ils seraient, sur Lyon, 200 coursiers de plus depuis un an à effectuer des livraisons pour le compte de Deliveroo.
Dans ce marché du travail précaire, une plateforme veut se démarquer. Just Eat vient d’annoncer le recrutement de livreurs en contrat à durée déterminée.
#JustEat est fière de lancer son propre service de livraison avec des livreurs 100 % en CDI. Meleyne Rabot, la Directrice Générale de @JustEatFr témoigne dans le JT de @France2tv
— Just Eat France (@JustEatFr) February 1, 2021
⬇️https://t.co/fLmLsAZXa9
«On prévoit d’embaucher 4500 livreurs en CDI dans toute la France. La région Auvergne-Rhône-Alpes en bénéficiera. Cela nous permet de sécuriser et professionnaliser les livreurs. Pour les clients, ce seront des livreurs plus professionnels, plus souriants et mieux équipés. On a également interrogé les restaurateurs : 35% d’entre eux ont peur de l’image que cela peut avoir pour eux, c’est une prolongation de l’image de leur personnel aussi.»
Dans sa pizzeria, Maxime Serre restera lui client d’Uber Eats tant que les conditions sanitaires ne lui permettront pas d’ouvrir son restaurant. Mais il espère à terme pouvoir rendre sa tablette et garder… son tablier !