Depuis quelques jours, des réfugiés afghans sont accueillis par une association de Villeurbanne dans le Rhône. Après un départ chaotique de Kaboul, ils ont tout laissé derrière eux pour fuir les talibans. Leur quotidien est à réinventer avec les doutes et les douleurs dus à l’exil.

Entre espoir et déchirure, des réfugiés afghans sont arrivés à Villeurbanne où l’association Forum réfugiés les a accueillis depuis le 25 août. Ils ont quitté Kaboul à la hâte sans connaitre à l’avance leur point de chute. Inquiets pour leur pays, leurs proches, ils ont dû fuir à l’arrivée des talibans. A presque 7 000km de leur terre, ils espèrent vivre en sécurité. 

Ali et Léa sont assis un verre de thé à la main, quelques biscuits dans une assiette devant eux sur une table. Avec leurs enfants, ils sont en vie et ils le savent : ça n’a pas de prix. Le couple et ses deux enfants de 11 et 12 ans font partie d'un groupe de 85 réfugiés afghans, évacués par la France et accueillis en urgence à Lyon et Villeurbanne.

3 jours sans manger

Dans un français fluide, Ali décrit les conditions de leur départ : « Il y a eu un changement d’un coup dans le pays, c’était comme un choc. Nous sommes sortis de la maison, comme ça, sans préparation, juste avec les vêtements qu’on avait et avec des sacs à dos. Nous avons attendu à peu près trois jours derrière des barricades avant de pouvoir partir. C’était très difficile, sans manger, juste boire et restés assis. »

Une fois la barrière franchie, ils ont été nourris et après plusieurs heures d’attente, épuisés mais rassurés ils montent dans un avion qui les conduits à Dubaï sur la base militaire française d'Abu Dhabi. Enfin un autre avion les emmène sur le sol français, à Paris, un bus les conduit à Lyon.    

 « On a rien demandé, ce n’est pas nous qui avons choisi Lyon, c’est l’association qui nous a accueillis. Nous sommes contents, les gens  sont gentils et accueillants, on mange trois fois par jour. Mais il nous reste toujours une inquiétude par rapport à notre pays, notre famille, notre peuple parce qu’on pense toujours à eux, on ne peut pas oublier. On a eu des contacts récemment par Internet, les proches vont bien mais eux aussi ils sont très inquiets, à propos de leur avenir, personne ne sait ce qu’il va se passer, c’est toujours dangereux. »

En danger à Kaboul

Médecin de profession, Ali était en contact avec des homologues français. Son épouse, Léa, travaillait à Kaboul. Elle était médecin, prodiguait des conseils médicaux et juridiques aux femmes afghanes au sein d'une ONG. Rester sur place était dangereux pour eux.

« Avant que les talibans rentrent en Afghanistan, il y avait des inconnus qui appelaient ma femme pour lui dire d’arrêter son travail. Vous savez à peu près tout le monde a déjà vécu avec les talibans, c’est pour ça que la plupart des gens voulaient sortir de cette situation. On ne peut pas croire les promesses des talibans, de respecter les femmes quand on voit leur comportement dans la société. »

Ali souhaite que ses enfants retournent à l’école sans craindre pour leur vie, notamment pour celle de sa fille.

« En Afghanistan, on a eu un message de leurs écoles. L’école sera fermée pour les filles au-delà de la sixième, donc pour ma fille il n’y avait pas de classe » déplore Ali.

Il se remémore les derniers jours à Kaboul et l’impact sur les enfants : «Pour eux, c’était vraiment difficile parce qu’ils n’ont jamais vu la brutalité, les violences. Pour la première fois ils ont vu les Kalachnikovs, les pistolets et les tirs, c’était la première fois qu’ils entendaient d’aussi près des tirs. C’était vraiment choquant pour eux. Là, ils sont toujours un peu choqués mais vont mieux. Au début, ils ne dormaient pas bien. »

Demande d'asile

A la question, qu’allez-vous faire à présent ? Demander l’asile ? La voix d’Ali se fait plus hésitante, les mots ont du mal à sortir.

« C’est difficile de décider parce que je ne sais pas ce qu’il va se passer, parce qu’on a toujours envie de retourner chez nous. La demande d’asile nous garantit un peu de sécurité alors oui c’est peut-être ce qu’on va faire. »

Comme les autres réfugiés, ils ont obtenu à leur arrivée en France un visa de 15 jours. Crise sanitaire oblige, ils sont à l’isolement pendant 10 jours.

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