A Thizy-les-Bourgs dans le Rhône, 17 jeunes migrants campent dans un parc, depuis lundi 1er juillet. Ils refusent d'être redirigés vers des centres d'hébergements, craignant de ne pas y être scolarisés. Faute de places disponibles, ils étaient logés dans un hôtel depuis plusieurs mois.
Abrités sous des tentes fournies par des associations locales, 17 jeunes migrants campent, depuis lundi 1er juillet, dans un parc de Thizy-les-Bourgs (69). Ils se sont installés à proximité d'un hôtel dans lequel ils étaient hébergés jusqu'ici, et refusent d'être redirigés vers des centres d'hébergements pérennes, craignant de ne pas être scolarisés.
A l'hôtel et sans école pendant 9 mois
Ils ont entre 16 et 17 ans, et viennent de Guinée, du Mali ou encore de Côte d'Ivoire. Conformément à la loi française, en tant que "mineurs non accompagnés", ils ont été pris en charge par le Conseil Départemental dès leur arrivée en France, au titre de sa mission de protection de l'enfance. Mais faute de place, ils ont dû être logés dans un hôtel de Thizy-les-Bourgs pendant plusieurs mois (jusqu'à 9 mois pour certains). Or pour l'Education Nationale, il faut d'abord disposer d'un logement pérenne, avant de pouvoir être scolarisé dans sa zone de résidence. Ils se retrouvent donc sans formation, contrairement à ce qu'on leur avait promis.
Ces derniers jours, leur situation se débloque. Des chambres supplémentaires ont été ouvertes sur le site de Saint-Clément-les-Places, dans le Rhône. Passé d'une capacité de 40 à 60 chambres, il est désormais en capacité d'accueillir la majorité de ces jeunes migrants. Leur transfert est prévu lundi 1er juillet. Mais les jeunes refusent de quitter Thizy-les-Bourgs. Ils ont créé des liens dans la commune, et surtout, ils veulent s'assurer qu'ils bénéficieront enfin d'une formation scolaire ou professionnelle.
Ils veulent être scolarisés
Dans le cadre de leur transfert, les jeunes perdent le contact avec les pouvoirs publics. Résultat, les inquiétudes, plus ou moins fondées, se multiplient. "Ils n'ont plus aucun contact avec leurs référents habituels, ils ne savent rien", rapporte Michelle François, membre de l'association RESF. La commune de Saint-Clément-les-Places leur paraît excentrée, et ils apprennent que le site est sous-doté. Là-bas, après des mois sans scolarisation, ils craignent de ne pas être davantage pris en charge, et leurs conditions d'hébergement restent incertaines.
Le site, même agrandit, manque en effet déjà de places. "Il y en aura 4 à 5 en surplaces", confirme Stéphane Gaucher, Directeur Général Adjoint en charge des solidarités, "mais ils seront redirigés vers un hébergement pérenne avant la rentrée", rassure-t-il. Quant à la scolarisation, il explique que l'Education Nationale vient d'apporter la garantie que tous les jeunes seront bien scolarisés à la rentrée prochaine". Ils iront dans des écoles de l'Arbresle, Tarare, Villefranche et Lyon.
Les 17 mineurs isolés vont donc bénéficier de solutions pérennes d'hébergement et d'une prise en charge scolaire, ou de formations professionnelles. Mais pour l'heure, ce mercredi, ils restaient sur leur campement, dans l'attente de précisions, et de "garanties".
En 3 ans, 10 fois plus de mineurs hébergés
Le Conseil Départemental ne parvient pas à répondre pleinement à l'évolution croissante du nombre de migrants à accueillir. "L'état nous demande d'accueillir dans notre département 0.79% des mineurs étrangers isolés en France. En 2015, on en accueillait 25. Cette année, on en est à 250. C'est 10 fois plus," explique M. Gaucher. Dans la métropole de Lyon toute proche, l'évolution est semblable, et les problèmes de saturations similaires, avec plus de 2 000 jeunes migrants à prendre en charge.
Pour faire face, le Conseil Départemental du Rhône multiplie les constructions de nouvelles places d'hébergement, mais le temps des travaux n'est pas celui du terrain. Ces derniers mois, dans ce département rural, jusqu'à 25 jeunes ont dû être logés à l'hôtel, faute de mieux.
Si tous les mineurs concernés devraient pouvoir être pris en charge cet été dans le Rhône, le problème risque de réapparaître à court terme. "On sollicite les communes pour construire de nouveaux centres, mais on essuie des refus de la part des maires ou des habitants", regrette M. Gaucher. Par ailleurs, les moyens du département sont limités. "On consacre 10 millions d'euros par an pour les mineurs étrangers, sur 25 millions affectés à la protection de l'enfance," précise-t-il. C'est difficile d'assurer cette mission, alors qu'on doit aussi s'occuper des enfants en danger dans le département. C'est peut-être à l'Etat qu'il revient d'assurer l'accueil des jeunes étrangers isolés", conclut-il.