Hommage à Samuel Paty pas suffisamment préparé, rentrée sous confinement... Certains profs et surveillants ont choisi de faire grève, ce lundi. Les cérémonies ont eu lieu, mais des cours ont été annulés. C'était le cas dans un lycée professionnel de Bron et un collège de Lyon 8ème.
"Ce lundi 2 novembre 2020, il était inconcevable de retrouver nos élèves sans la moindre concertation pédagogique. Une minute de silence isolée ne pouvait constituer un hommage décent à notre collègue assassiné et ne nous permettait pas de porter auprès des élèves les valeurs de la République". Ainsi commence la lettre ouverte adressée au ministre de l'Education nationale par les enseignants grévistes du lycée professionnel Tony Garnier de Bron. Dans cet établissement qui forme aux métiers du bâtiment et des travaux publics, 25 professeurs n'ont pas repris le travail ce matin et une partie des 550 élèves a dû rentrer à la maison.
"Ce n'est pas comme cela qu'on prépare un moment aussi délicat"
Olivier Frezza-Buet, prof de maths et sciences et représentant CGT-Education, s'explique :"La seule information que nous avions ce matin, en arrivant, c'était un mail de notre proviseur, reçu la nuit dernière à 1 heure du matin !... Les seules deux heures de concertation initialement prévues ont été annulées à la dernière minute... Ce n'est pas comme cela qu'on se prépare à un moment aussi délicat." Les enseignants grévistes ont préféré se réunir autour de leurs collègues d'Histoire pour réfléchir ensemble à des actions de court et long terme pour aider leurs élèves à intégrer les valeurs de laïcité et de liberté d'expression.Dans leur lettre, ils insistent sur la place accordée à ces questions dans les programmes : "Comment remplir cette mission quand les horaires alloués à ces enseignements ont été drastiquement réduits dans les lycées professionnels ?", écrivent-ils. "Comment, dans ces conditions, former « des citoyens libres et éclairés » ?"
"Un protocole sanitaire de pure façade"
Au Collège Alice Guy, dans le 8ème arrondissement de Lyon, les motifs de la grève étaient autant liés au coronavirus qu'à l'hommage à Samuel Paty. Les 6 surveillants de cet établissement classé REP+ qui accueille quelque 500 élèves, ont débrayé ce lundi. A l'origine de leur colère, "l'impréparation scandaleuse de cette rentrée qui met les personnels et les élèves en danger du fait d'un protocole sanitaire de pure façade, alors même que les effectifs d'encadrement et de vie scolaire sont très insuffisants", précise leur communiqué.Clara Feroukh-Fagnoni, assistante d'éducation, s'indigne : "A la cantine, on nous demande d'espacer les élèves d'un mètre, mais on ne peut pas pousser les murs !" Elle ajoute que l'Education nationale ne fournit pas de masques aux surveillants : seuls les personnels permanents sont dotés de cet équipement pourtant essentiel à la sécurité sanitaire de chacun.
Des grèves dans 7 établissements de l'Académie
La semaine dernière, plusieurs syndicats réclamaient la mise en oeuvre du "plan de continuité pédagogique" qui prévoit, en cas d'accélération du virus, l'accueil de demi-groupes d'élèves uniquement. Une option qui n'a pas été retenue par le ministre Blanquer. Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a déposé un préavis de grève du 2 au 7 novembre.D'après les chiffres transmis par le rectorat, sur toute l'Académie de Lyon (départements de l'Ain, la Loire et le Rhône), 7 établissements ont signalé des enseignants ou personnels grévistes ce lundi. La minute de silence en hommage à Samuel Paty s'est tenue partout, à l'exception d'un établissement où la totalité des enseignants étaient en grève.