"Le handicap ne s'arrête pas à l'heure de midi", sans contrat ni salaire de l'État, les AESH n'assurent plus l'accompagnement de la cantine

Depuis le 4 novembre, les élèves en situation de handicap de l'école primaire de Lesneven dans le Finistère ne sont plus accompagnés sur le temps du midi. Les AESH n'ont pas été payées par l'État depuis le mois de septembre. Parents et mairie ne décolèrent pas.

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C'est une école connue et reconnue pour son engagement en faveur de l'inclusion sociale. Les élèves porteurs de handicaps y sont les bienvenus. Ils sont 31 à partager leurs différences à l'école primaire Jacques Prévert de Lesneven dans le Finistère. 

Certains sont épaulés par des AESH, des accompagnants d'élèves en situation de handicap. Sur le temps scolaire mais aussi à l'heure de la cantine. Or, depuis la rentrée de septembre 2024, ce temps d'accompagnement du midi n'est plus payé aux 8 professionnelles. Alors que l'Etat s'y était engagé. Sans contrat, ni salaire, elles ont décidé de ne plus assurer cette fonction.  

Le Temps du midi, c'est un temps précieux pour les enfants en situation de handicap. Un moment de socialisation où tous les élèves sont mélangés. Ils peuvent aller vers les autres, jouer avec les autres

Le père d'un élève en situation de handicap

Ces deux dernières années, la mairie rémunérait ces heures périscolaires, mais les règles ont changé.  

Depuis la loi du 27 mai 2024, l’État est désormais compétent pour prendre en charge financièrement les AESH qui interviennent pendant le temps de pause méridienne. Une loi censée "favoriser la continuité de l’accompagnement des élèves en situation de handicap et faciliter leur accès au service de restauration scolaire".

Sur le terrain, les AESH attendent toujours leur rémunération. Près de 400 heures n'ont pas été payées pour les mois de septembre et octobre à l'école de Lesneven. Un manque à gagner important pour des professionnelles qui touchent 900 euros brut par mois pour un contrat de 24 heures par semaine. 

Faute d'accompagnants pour leurs enfants en situation de handicap, des parents recrutent sur Leboncoin

Une marche arrière dommageable 

Le directeur de l'école comme les parents d'élèves et la maire de la commune estiment que l'on va à l'inverse de l'école inclusive et dénoncent une marche arrière dommageable. "On marche sur la tête" lâchent-ils, "c'est du grand n'importe quoi"

Les 7 élèves concernés ont besoin de quelqu'un auprès d'eux pour pouvoir aller à la cantine et partager sereinement la pause du midi. Le diagnostic a été réalisé par des professionnels de la Maison départementale des personnes en situation de handicap (MDPH). Or cet accompagnement individuel qui permet aux écoliers de vivre leur longue journée d'école comme les autres est remis en question. 

"On les récupère l'après-midi très énervés parfois. On les sent perdus", constate le directeur de l'école. 

Certains parents viennent désormais chercher leur enfant pour le déjeuner. D'autres qui habitent trop loin ont décidé de rémunérer eux-mêmes une accompagnante. "On ne voulait pas priver notre fille de ce moment d'échanges. Un temps essentiel pour son développement. Les enfants n'ont pas à payer les pots cassés de cette situation" précise ce papa. Quelques élèves fréquentent désormais l'école à mi-temps. Tous espèrent qu'une solution pérenne et de bon sens soit trouvée au plus vite. 

Le Temps du midi, un temps précieux pour aller vers les autres

Pour les parents, chaque jour qui passe est un jour de perdu. Ils estiment cette pause du midi comme un temps essentiel de la vie scolaire, presque plus important que les séquences d'apprentissage. Le temps de créer des liens pour des enfants souvent isolés des autres. 

La maire de la commune, Claudie Balcon, a interpellé le rectorat, le sous-préfet, la sénatrice Nadège Havet et la députée Graziella Melchior. Tout l'été, l'édile a frappé à toutes les portes. "Comment fait-on à la rentrée ? " a-t-elle demandé inlassablement. Sans réponse, elle se dit révoltée. 

Une convention a finalement été envoyée par le rectorat mi-novembre. Elle prévoit un poste d'AESH pour sept élèves. Une sorte de mutualisation imposée. 

"Impossible" pour les professionnels de terrain. Une seule personne ne peut pas accompagner 7 enfants souffrant de handicaps très différents en même temps selon eux. 

"Le handicap ne s'arrête pas à l'heure de midi" peste Claudie Balcon, la maire de la commune. Pourquoi une accompagnante par élève sur le temps scolaire et pas sur la pause méridienne comme c'est pourtant stipulé dans la loi ? 

Après réflexion collégiale, l'école, les parents et la mairie demandent au moins 4 AESH le midi. 

Ils espèrent une réponse pour Noël

Du côté du rectorat, on assure qu'une coordination entre les collectivités, les AESH et les services académiques s'opère progressivement. "Toutes les équipes sont mobilisées pour que cette phase transitoire soit réduite et aboutisse dans les prochaines semaines". 

En attendant, une famille a envoyé une mise en demeure à l’Éducation nationale. Dernier recours avant le tribunal. 

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