Sans le vaccin, les HCL seraient saturés et les opérations toutes annulées

Philippe Rejany fait un point d'étape sur la crise sanitaire à Lyon avec Raymond Lemoigne, directeur général des Hospices civils de Lyon.

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Encore une fin d'année sous tension à l'hôpital malgré le rempart du vaccin, le plan blanc a été déclenchée il y a 10 jours aux Hospices civils de Lyon. Un plan qui permet d'anticiper l'afflux des patients COVID ou porteurs d'autres pathologies, et de s'adapter.  Philippe Rejany a reçu Raymond Lemoigne, directeur général des Hospices civils de Lyon dans Entre deux.

Ph. Rejany. Ce nouveau plan blanc a été déclenché alors qu'on venait de passer le cap des 600 cas pour 100000 habitants dans le Rhône. Aujourd'hui, on est à plus de 700. Ça veut dire que la tension continue encore aujourd'hui à l'hôpital ?

R. Lemoigne. On a dépassé ce que l'on a connu pendant les 3e et 4e vague. On est en train d'approcher en terme de circulation du virus ce que l'on a connu pendant la 2e vague.   

PR. Circulation, contamination, ça ne veut pas dire hospitalisation. Olivier Véran nous dit qu'on est au pic des contaminations, ça veut dire que le pic des hospitalisations, c'est entre Noël et le jour de l'an ?

RL. A taux d'incidence équivalent, c'est à dire plus de 700 rapportés à 100 000 habitants, on a beaucoup moins de patients hospitalisés et beaucoup moins de patients hospitalisée en soins critiques grâce aux vaccins. L'effet vaccination fonctionne. Mais la spécificité de cette 5e vague, c'est que les professionnels sont fatigués, les organisations sont fatiguées et il y a en plus, en plein mois de décembre, des pathologies hivernales. C'est la conjugaison de ces 3 facteurs, c'est-à-dire la pression COVID qui, même s'il y a un effet vaccin, continue de fonctionner avec un effet décalé, ça veut dire qu'il y a toujours un décalage des admissions 15 jours, 3 semaines après le constat des taux d'incidence et les faits des pathologies hivernales et l'absentéisme du personnel au sens difficultés de recrutement.  Et c'est la combinaison de ces 3 facteurs qui a conduit à déclencher le plan blanc.

PR. Le plan est là pour pallier, ou en tout cas limiter ce genre de choses, notamment sur la déprogrammation possible d'opérations. Alors comment ça fonctionne aujourd'hui ?  Cette déprogrammation varie entre 30 et 50%.

RL. Une décision de déprogrammation c'est toujours très compliquée. Pour les équipes, pour les patients, pour les familles. Surtout qu'il faut se rappeler que c'est une déprogrammation qui intervient après plusieurs séries de déprogrammations. Vous pouvez imaginer qu'il y a des patients qui ont déjà vécu 2 ou 3 des programmations parce qu'ils ont été en plein dans les tourbillons de chacune des vagues épidémiques. Une déprogrammation, c'est une décision médicale, elle est collective. Autrement dit, elle peut être prise à l'échelle d'un service. Lorsque il y a un problème d'accès au bloc opératoire, et qu'il faut des priorités entre plusieurs services, il y a une collégiale de médecins qui se réunit chaque jour et qui répartit les accès au bloc opératoire en fonction des plages que l'on peut faire fonctionner.   

PR. Ça se fait au cas par cas et au quotidien. C'était le cas déjà à l'automne dernier. En revanche, au printemps 2020, certains ont dit que ça se faisait de manière très brutale et tout était déprogrammé.

RL. Il y a, outre que l'on a appris sur le tas, parce que je rappelle que c'est une crise longue. Il n'y a jamais eu d'improvisation, il n'y a jamais eu de déprogrammation brutale. Il y a eu un moment donné, on le rappelle en France, une décision des pouvoirs publics qui était une déprogrammation complète. Là, on est dans une déprogrammation partielle. On sait à peu près désigner les pathologies, les actes interventionnels, pour lesquels on peut déprogrammer sans prendre de risque pour les patients. Tous les actes urgents, tous les actes pour lesquels il y a nécessité d'un acte interventionnel sont réalisés aux Hospices civils de Lyon. 

PR. Ce plan blanc permet aussi de réarmer, comme on dit, des lits de réanimation. Aujourd'hui aux Hospices civils de Lyon, c'est 95% de taux d'occupation.   

RL. Alors pour vous donner une idée, on a habituellement 136 lits de réanimation, on en a maintenant 159. Et au plus fort de la 2e vague qui, dans la région a été la vague la plus importante pour notre population, les hospices ont été capables d'aller jusqu'à installer 250 lits de soins critiques. Mais installer des lits de soins critiques complémentaires, c'est pas autre chose que redéployer de la ressource humaine et donc déprogrammer de l'activité de médecine et de chirurgie.   

PR. Le plan blanc permet aussi de faire appel à renforts extérieurs pour pallier les   problèmes de recrutement de l'hôpital.   

RL. Exactement, même si tout le monde sait que le marché du travail dans le champ sanitaire et médico-social est un marché tendu puisque nous n'arrivons plus à recruter. C'est une réalité. Ce n'est pas la  spécificité les hospices de Lyon, c'est une réalité France entière, hôpitaux publics et et hôpitaux privés. La seule possibilité qui nous est offerte, c'est effectivement de faire appel aux personnes qui sont en retraite depuis très peu de temps ou à des étudiants qui acceptent des mensualités ou qui acceptent d'être salariés temporairement pour nous dépanner pendant un mois pendant les Inter stages.   

PR. La question des professionnels non vaccinés aux Hospices civils de Lyon, c'est marginal aujourd'hui ?

RL; Oui, pour donner un chiffre. Il y a 80 agents des HCL qui sont suspendus sans rémunération. Rapporter à 24 000, on peut considérer que la question est marginale et à l'intérieur de ces 80 agents, 40 sont des personnels soignants.   

PR. Le profil des patients COVID a changé par rapport à il y a un an ?

RL. On observe plutôt une diminution de l'âge moyen des patients hospitalisés en soins critiques, en réanimation et surveillance continue, c'est-à-dire qu'actuellement l'âge moyen des patients hospitalisés aux Hospices civils de Lyon en soins critiques est de 58 ans.
                                                                                                                                      PR. La proportion vaccinés non vaccinés ?

2/3 des patients qui sont hospitalisés en soins critiques aux Hospices de Lyon ne sont pas vaccinés ou ont été vaccinés il y a plus de 6 mois. Autrement dit, ils n'ont pas bénéficié de leur rappel vaccinal. 

PR. Avec un taux d'incidence à plus de 700 encore aujourd'hui dans le Rhône, sans vaccin, les HCL seraient saturés ?                                                                                                                                                                                                                      RL. Complètement. On est capable de dire que si on on faisait la comparaison du taux de saturation ou du taux d'admission de patients hospitalisés avec un tel taux d'incidence, une telle circulation du virus, là, l'hôpital serait très largement saturé. On sera plus de 200, 220 lits de réanimation, autrement dit, on serait à un niveau de déprogrammation qui serait quasiment complet. 

PR. Et des contraintes sans doute qui seraient plus fortes ? Il y aurait un confinement s'il avait pas de vaccin aujourd'hui, selon vous ?   

RL. Là, il appartient aux pouvoirs publics de voir quelles sont les décisions en termes de circulation du virus ou de limitation de la circulation de la population. On a appris à ne pas utiliser l'arme décisive qu'est le confinement. Il y a d'autres façons de procéder qui peuvent être la fermeture d'un certain nombre d'espaces ou la fermeture de lieux, donc il y a plein de gradiants qui peuvent être mobilisés par les pouvoirs publics.                                

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