Michel Mercier, son épouse et une de ses filles, sont poursuivis pour des "détournements de fonds publics". Le procès de l'ancien ministre de la Justice et ex-président du Rhône s’ouvre ce lundi 31 octobre au tribunal judiciaire de Paris.
Au détour d'une porte, Michel Mercier lance : "je suis très content d'aller voir des magistrats". Puis entre dans la salle d'audience du tribunal judiciaire de Paris ce lundi 31 octobre. Son épouse Joëlle et sa fille Delphine sont, elles aussi poursuivies, entrées discrètement. Les trois prévenus se sont présentés au tribunal pour des soupçons d'emplois parlementaires fictifs de 2005 à 2014.
En ce premier jour de procès, l'homme de 75 ans garde un air serein. Au président du tribunal correctionnel, l'ancien président du conseil général du Rhône affirme même : "Il y a cinq ans que j'attendais de rencontrer des magistrats, je répondrais à toutes vos questions autant que je puisse m'en souvenir... Je ne suis plus très jeune !"
Une enquête après un article du Canard Enchaîné
En août 2017, une enquête du parquet national financier (PNF) s'ouvre. Elle fait suite aux révélations du Canard enchaîné sur des soupçons d’emplois fictifs. Les faits se seraient déroulés lors des mandats de Michel Mercier, de 2005 à 2014, à une époque où les emplois parlementaires familiaux n'étaient pas encore interdits. Ils le sont depuis l'été 2017 et la retentissante affaire Fillon. Michel Mercier, alors promis au Conseil Constitutionnel, renonce à sa place : "Je considère (...) que je ne pourrai pas siéger avec la sérénité nécessaire."
Les investigations ont duré plus de trois ans. Elles se sont d'abord portées sur l'emploi d'assistante parlementaire occupé par Delphine Mercier auprès de son père. Entre août 2012 et avril 2014, la jeune femme résidait alors à Londres. Interrogé lors de l'audience, Michel Mercier précise avoir eu besoin de son expertise "d'historienne de l'art" pour "renforcer ses propres connaissances en culture". Selon les enquêteurs, il n'a pas été possible de trouver trace de son travail, qui aurait notamment porté sur des revues de presse. L'homme politique se justifie ce lundi : "Je n'ai jamais demandé aucune note, aucun écrit, à aucun de mes collaborateurs"
L'enquête s'est ensuite intéressée aux activités de Joëlle Mercier, son épouse, chargée de recevoir les doléances, les demandes à leur domicile. A la barre, Michel Mercier précise que "ce n'était pas aux horaires de bureaux, et c'était 7 jours sur 7". Là encore, les investigations n'auraient pas permis de trouver des éléments attestant de ce poste d'assistante parlementaire entre 2005 et 2009.
Favoriser sa réélection au Sénat
De nouvelles pièces devraient toutefois être produites par la défense au cours du procès devant le tribunal correctionnel. Michel Mercier, qui risque en théorie jusqu'à dix ans d'emprisonnement, aurait également chargé son épouse d'organiser différents évènements culturels destinés à favoriser sa réélection au Sénat mais financés par le conseil général du Rhône, qu'il a présidé de 1990 à 2013. A ce titre, il comparaîtra également pour "prise illégale d'intérêts". Le procès devrait se tenir jusqu’au 10 novembre.
(Avec AFP)