Depuis dimanche, conformément aux mesures contre la propagation du coronavirus, la SPA a fermé au public ses refuges, à l'instar de toutes les associations de protection animale. Elle redoute aujourd'hui une vague d'abandons. Illustration à Marennes, près de Lyon.
La Société Protectrice des Animaux (SPA) subit aussi les conséquences de l'épidémie de coronavirus qui frappe le territoire. Après l'annonce samedi soir par le gouvernement de la fermeture des commerces et activités non essentiels, la SPA a annoncé que ses refuges, maisons et dispensaires resteraient temporairement clos à partir du dimanche 15 mars et ce, jusqu'à nouvel ordre.
L'appel de la Société Protectrice des Animaux
"Toutes les sources scientifiques, l'Organisation mondiale de la santé en tête, concordent: le Covid-19 n'atteint pas les animaux de compagnie comme les chiens et les chats, et ils ne sont pas impliqués dans la propagation de cette épidémie", rappelle-t-elle dans un communiqué diffusé le 16 mars;
? Communiqué de presse SPA / COVID-19 sorti aujourd'hui, à partager sans modération ! ?? pic.twitter.com/QDmQmfKz5s
— La SPA France (@SPA_Officiel) March 16, 2020
Au-delà de la question sanitaire humaine mise en place par l'État, la SPA alerte les Français "sur une situation catastrophique concernant nos animaux de compagnie" et "en appelle à la responsabilité des propriétaires d'animaux de compagnie à ne pas croire les rumeurs à ce sujet qui pourraient avoir des conséquences catastrophiques en termes d'abandons".
Les fourrières publiques, ainsi que les refuges des associations de protection animale qui récupèrent les animaux auprès de ces fourrières pour les faire ré-adopter, sont déjà pratiquement tous saturés en termes de capacité d'accueil.
"La fermeture au public des refuges va freiner drastiquement les adoptions. Si une vague massive d'abandons d'animaux de compagnie intervient, cela entraînera une vague d'euthanasie massive dans les fourrières, comme le prévoit la loi française", s'inquiéte-t-elle. Pour le Président de la SPA, abandonner son animal pour des fausses rumeurs "serait dénué de bon sens et d'humanité ".
Comment s'organise-t-on au refuge de Marennes, près de Lyon ?
Au refuge de Marennes, comme dans tous les autres refuges de la SPA de France, la fermeture au public est effective depuis ce début de semaine. Mais cinq animaux ont été adoptés "sur le fil" et ont échappé ainsi au confinement dans le centre.
Ces animaux ont été récupérés "in extrémis" lundi 16 mars, mais dans des conditions très strictes : pas d'échange de laisses, pas de contacts entre le personnel du centre et les adoptants, pas d'échanges de documents validant l'adoption de la main à la main. Les adoptants qui avaient rendez-vous ce lundi ont donc pu récupérer leur animal de compagnie en toute sécurité dans le parc détente du refuge. Ils avaient vu leur animal, repéré au préalable sur le site Internet
Avec cette mesure de confinement comment s'organise-t-on à Marennes pour nourrir, soigner les animaux du refuge et les faire se dépenser quotidiennement ? "Les équipes du refuge sont scindées en deux," explique Christophe Dumont-Richet, directeur du refuge de Marennes et responsable régional de la SPA. Les équipes dédiées aux animaux se croisent et le reste du personnel est en télétravail.
Un appel à la responsabilité des propriétaires d'animaux
A Marennes, le refuge SPA est-il au bord de la saturation ? "Le refuge est actuellement proche de ses capacités maximum avec une cinquantaine de chiens et une centaine de chats," précise Christophe Dumont-Richet. Ce qu'il redoute le plus ? Une vague d'abandons des chiens et chats de compagnie par des maîtres apeurés par la pandémie. Et il martèle le message : "les animaux de compagnie ne présentent aucun risque de contamination de leur propriétaire ! Ils ne transmettent pas le coronavirus.". Les inquiétudes infondées et il ajoute à l'adresse de chacun : "Soyez responsables avec vos animaux!"
Le refuge de Marennes a notamment du faire face à des messages sur Facebook de gens qui se posaient des questions sur le risque de transmission du Covid-19 par les animaux, ou en encore des appels de particuliers qui manifestaient des craintes vis à vis de leur animal: "on tente de rassurer les gens mais tant de rumeurs circulent sur les réseaux," explique-t-on au refuge. "On a assi des appels de gens qui s'estiment à risque et prennent les devants. Ils souhaiteraient nous confier leur animal si quelque chose devait leur arriver..."
Que se passerait-il en cas d'abandon massif d'animaux de compagnie ?
"Les animaux errants recueillis par les fourrières publiques durant 8 jours ouvrés. Si les recherchent n'ont pas permis de retrouver leur propriétaire, ils sont normalement transférés vers un centre comme le notre et deviennent adoptables," explique le responsable du refuge de Marennes. Problème : si les refuges sont saturés, faute d'adoptions en raison du confinement, les animaux restent en fourrière. Ils risqueraient alors d'être euthanasiés, faute de place !
Sur la question des euthanasies d'animaux, Christophe Dumont-Richet rappelle avec fermeté qu'"au centre SPA, il n'y a pas d'euthanasie de convenance !"(NB : sauf raison médicale de l'animal ou décision de justice, si un chien est dangereux). "Les animaux qui entrent chez nous, sortent par la grande porte!" tient-il à rappeler. Mais il ne voudrait pas en arriver à être "obligé de refuser des animaux" qui leur sont adressés par des fourrières saturées.
Et après la crise et la fin du confinement ?
Christophe Dumont-Richet s'inquiète aussi de "l'après-crise". Le confinement pourrait cesser au moment où les refuges sont très sollicités, notamment en mai avec l'arrivée massive des chatons nés au printemps. A cette période les refuges doivent aussi gérer une explosion des abandons aux beaux jours. La situation pourrait alors devenir ingérable.
Petits conseils à l'adresse des maîtres en période de confinement
Le responsable du centre SPA de Marennes rappelle que cette période de confinement est aussi l'occasion de s'occuper de son animal. Attention à ne pas trop en faire, l'animal doit aussi conserver ses repères : si l'on est en télétravail, on peut s'isoler un moment et laisser l'animal seul. Attention pour les compagnons à quatre pattes nouvellement adoptés et aux mauvaises habitudes : il faut veiller à ce que l'animal ne s'habitue pas à avoir son "humain" en permanence à ses côtés. "Le retour à la normalité pourrait être difficile," prévient Christophe Dumont-Richet. Des portes ouvertes prévues en mai au refuge de Marennes ont été annulées.