Stationnement : les garagistes de Villeurbanne passent à la caisse

Depuis que la ville de Villeurbanne a confié le contrôle du stationnement à une société privée, les petits garagistes de la commune dont les ateliers ne sont pas extensibles récoltent prune sur prune...

"450 euros... C'est le montant des contraventions que j'ai payées en un mois !" C'est peu dire qu'Olivier Maurer est amer. Une douzaine de prunes récoltées entre la mi-avril et la mi-mai 2023. Non pas qu'Olivier passe son temps à se garer n'importe où sans payer, mais ce garagiste de Villeurbanne n'a pas d'autre choix que de garer les voitures de ses clients dans la rue devant son garage-mouchoir de poche.

Il n'a pas de cour, ni de parking privé pour ranger les véhicules qu'il entretient, le temps que ses clients viennent les récupérer. Des voitures pourtant nettement plus sexy à l'œil que la moyenne.

Car Olivier Maurer est un garagiste particulier. "80 % de mon activité consiste à restaurer des véhicules anciens. Et surtout des véhicules populaires comme la Dauphine, la 403, la Coccinelle ou la Deux-Chevaux. Les 20 % restants concernent l'entretien courant des voitures d'aujourd'hui."

Adieu au modus vivendi 

Depuis 2018, année où il a ouvert ce garage, il n'avait jamais eu de problèmes de stationnement. "Comme les autres petits garagistes du quartier, je garais les véhicules dans la rue, en payant quelques euros. Les agents de contrôle du stationnement de Villeurbanne étaient bienveillants, on plaçait un petit panneau sur le pare-brise pour signaler que le véhicule venait de passer au garage et il n'y avait pas de problème".

Mais ça, c'était avant. Avant qu'en avril dernier, la mairie de Villeurbanne ne délègue à une société privée le contrôle du paiement du stationnement, une société équipée d'un véhicule hérissé de caméras, qui identifie les plaques d'immatriculation et verbalise sans état d'âme le moindre dépassement d'horaire.

Pas droit à la carte résident

Résultat : en un mois, Olivier a reçu une bonne douzaine de PV, qu'il a payé rubis sur l'ongle. "Mais ce n'est pas fini, d'autres amendes arrivent régulièrement. J'en conteste certaines mais ce n'est pas une solution". Une situation qu'il vit d'autant plus mal qu'en tant que commerçant, il n'a pas droit à une carte de résident pour bénéficier d'un forfait de stationnement moins cher. "On est plus mal lotis encore que les particuliers, alors qu'il s'agit de notre gagne-pain".

Et tous les petits garagistes et autres commerçants automobiles du secteur se retrouvent dans la même situation. "La plupart sont comme moi, ils travaillent seuls et paient déjà des charges conséquentes. Ces prunes à répétition vont tuer nos garages". Olivier a donc créé un collectif regoupant une bonne dizaine de ses collègues et envoyé un courrier à Cédric Van Styvendael, le maire de Villeurbanne, pour exposer le problème et solliciter un rendez-vous. Réponse courtoise : le domaine public ne peut être utilisé gratuitement à des fins commerciales, il est impossible de prévoir des traitements particuliers pour les commerçants par souci d'égalité. Bref, une fin de non-recevoir.

Pourquoi pas un forfait mensuel ? 

Pas de négociation possible non plus du côté de la société privée qui gère désormais le contrôle du stationnement à Villeurbanne. Elle se borne à appliquer les consignes et dispositions définies par la mairie. Autrement dit, si la mairie ne décide pas que quelques emplacements gratuits seront réservés aux garagistes, la voiture-cerbère continuera à verbaliser impitoyablement.

Pourtant, le collectif des garagistes a des propositions à faire." Par exemple, nous sommes tout à fait prêts à payer un forfait mensuel de stationnement pour pouvoir garer deux ou trois véhicules sur la rue. C'est la raison pour laquelle nous souhaitions rencontrer Cédric Van Styvendael".

Aujourd'hui, Olivier Maurer est inquiet pour l'avenir même de son garage. Depuis qu'il récolte des amendes et qu'il doit les payer, son revenu a baissé de près de 50 %. Si un compromis n'est pas trouvé, les petits garagistes de quartier comme lui finiront par mettre la clé à molette sous la porte. On ne vit pas que d'eau fraîche et d'amour des belles mécaniques... Surtout dans une époque où l'automobile devient le principal bouc émissaire dans la lutte contre les nuisances urbaines.

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