Ce vendredi 12 mai en commission permanente, étaient votées les subventions attribuées par la Région aux acteurs culturels pour l'année 2023. De nouvelles baisses ont été actées. À Lyon, certaines institutions trinquent tandis que l’exécutif dit défendre une politique de "rééquilibrage" au profit des "territoires".
Huit euros par habitant contre douze en moyenne au niveau national, le budget de la culture en Auvergne-Rhône-Alpes ne bénéficie pas de grandes largesses de la part de l’exécutif. Ce sont essentiellement les grosses structures qui en font les frais. Déjà, fin avril, suite à un coup de gueule de son directeur, Joris Mathieu, le TNG (Théâtre Nouvelle Génération) voyait ses 149.000 euros de subventions intégralement supprimés. Dans les jours qui suivent, une tribune était signée par 200 personnalités dénonçant la politique de Laurent Wauquiez en matière culturelle.
Dans la foulée, Sophie Rotkopf, élue en charge de la culture à la Région, défendait devant la presse son président soutenant que le directeur du TNG “méprisait la région et tous ses habitants”. La vice-présidente présentait les nouveaux axes de sa politique culturelle :
“Il a été choisi d’investir, de manière plus importante, au profit des structures culturelles situées en zone rurale, éloignées des grandes aires urbaines... Jusqu’à présent, les grandes institutions artistiques métropolitaines concentraient quasiment 60% du budget au détriment des plus petites structures et manifestations des autres territoires.”
La Région se félicite donc aujourd'hui d’octroyer près de 110 hausses de subventions et d’accompagner plus de 530 festivals en 2023. Le vote des subventions, qui a eu lieu ce vendredi 12 mai 2023 en commission permanente, pourrait tout de même susciter encore quelques aigreurs du côté des acteurs régionaux.
Festival Woodstower : 40.000 euros supprimés sans explications
Le TNG n’est pas la seule structure à voir l’aide régionale complétement supprimée. L’association Woodstower, qui organise depuis 20 ans un festival en plein air au grand parc de Miribel-Jonage, voit sa subvention de 40.000 euros intégralement supprimée. Maxime Noly, directeur et programmateur de l’événement, a aujourd’hui du mal à comprendre cette décision.
“On a l’impression que les festivals ont été considérés, mais dans notre cas, on ne comprend pas. On avait eu un rendez-vous à la Région en décembre qui était plutôt engageant. Les services n’ont aujourd’hui pas donné d’explications sur cette suppression. D’un point de vue technique notre dossier était recevable, cela fait 20 ans qu’on était soutenu... On est forcément en colère, on n'a pas d’explications.”
Sur un budget de 2 millions d’euros (autofinancé à 82% par la billetterie), cette somme de 40.000 euros pourrait presque paraitre anecdotique, mais avec cet argent le festival a pu mettre en place des offres gratuites à destination de familles ou des publics éloignés de la culture.
D’autres structures sont impactées par les baisses de subventions. Ainsi, le centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, le festival Regards croisés ou encore la Biennale d'art contemporain voient l’aide de la Région réduite.
Enfin, l’opéra de Lyon qui avait subi deux coupes budgétaires successives (l'une décidée en 2021 par la nouvelle équipe municipale, l'autre par le conseil régional en 2022) doit recevoir 250.000 euros supplémentaires cette année en contrepartie de spectacles itinérants. En difficulté financière, l'institution lyonnaise a annoncé la déprogrammation de plusieurs événements et sa fermeture exceptionnelle entre les 15 juillet et le 15 août prochains.