À partir du 1er janvier 2023, le service d'eau potable de la Métropole de Lyon va être géré par une régie publique, après des années de délégation au secteur privé. Les écologistes promettent notamment une meilleure préservation de la qualité de l'eau.
Trinquer à l'eau du robinet est plutôt vu comme un signe d'avarice que comme un élan de générosité. Pourtant, mardi 25 octobre dans les locaux de l'hôtel de la Métropole de Lyon, l'eau potable était érigée en liquide précieux. Le président métropolitain, Bruno Bernard, a présenté les enjeux autour du passage du service d'eau potable en régie publique à partir du 1er janvier 2023.
Une mutation peu spectaculaire aux yeux du grand public, mais qui tient à cœur aux élus écologistes de la Métropole. On vous explique en trois points à quoi peuvent s'attendre concrètement les habitants du Grand Lyon avec une gestion publique de l'eau potable (qui était gérée depuis trente ans par des acteurs privés).
La tarification de l'eau va-t-elle changer pour les habitants ?
Plusieurs communes et métropoles ont décidé, ces dernières années, de passer en régie publique pour gérer le service d'eau potable. Grenoble, dès le début des années 2000, puis Paris, Rennes ou Nice ont déjà fait ce choix. Et les métropoles de Bordeaux et Lyon feront de même à partir du 1er janvier 2023. Mais les habitants de ces collectivités n'ont pas forcément vu une baisse de leur facture.
Pour Christophe Lime, président du réseau France Eau publique et vice-président de Grand Besançon Métropole, l'opérateur public doit réinvestir l'argent qu'il "économise" en reprenant à son compte la gestion de l'eau potable, plutôt que de diminuer de quelques euros la facture pour les usagers. "Le principe c'est d'économiser 10 euros sur la facture des gens ou d'avoir encore assez d'eau dans 10 ans ?", interroge t-il faussement. Car il est en persuadé, une gestion publique de l'eau potable doit permettre avant tout de mieux gérer la ressource en eau d'un territoire.
Cependant, la Métropole de Lyon réfléchit à rendre gratuite la consommation d'un certain volume d'eau potable pour les ménages les plus défavorisés.
L'eau du robinet sera-t-elle de meilleure qualité ?
C'est la grande ambition de la Métropole de Lyon : mieux préserver la ressource en eau du territoire de la pollution. Une émission Complément d'enquête de France 2 avait révélé qu'entre janvier 2021 et juillet 2022 plusieurs milliers de communes françaises avaient enregistré des niveaux de molécules issues des pesticides au-dessus des seuils de qualité.
Une dizaine de communes étaient concernées dans le Grand Lyon avec surtout une pollution de la nappe phréatique de l'Est lyonnais. Sur la commune de Meyzieu, quatre dépassements de seuils avaient été ainsi enregistrés sur la période pour la molécule ESA metolachlore.
Pour éviter cette pollution, Bruno Bernard a demandé au préfet du Rhône que certains terrains agricoles autour des captages d'eau de la métropole puissent être préemptés pour assurer une eau de qualité aux Lyonnais. Plus globalement, la Métropole veut profiter du passage en régie publique pour mieux gérer la qualité de son eau. "En passant du privé au public, les investissements seront multipliés par deux. Ce qui permettra de mieux protéger les captages, mais aussi d'éviter des fuites sur le réseaux", promet le président écologiste de la Métropole.
Moins de pénurie en cas de sécheresse ?
L'autre ambition de la Métropole de Lyon avec ce passage à une régie publique est de mieux gérer le partage de l'eau sur le territoire, notamment face à la hausse de la fréquence des vagues de sécheresse causées par le réchauffement climatique.
"L'enjeu de la ressource est important. Les derniers mois l'ont montré. Et les habitants ont pris conscience de la raréfaction de l'eau", a déclaré Bruno Bernard en début de conférence de presse.
En mettant la main sur la gestion de l'eau locale, la Métropole veut donc mieux gérer le partage de l'eau sur le territoire. Christophe Lime, vice-président de Grand Besançon Métropole estime qu'un opérateur public aura toujours intérêt à tendre vers une économie de la ressource, contrairement à une entreprise privée qui vise plutôt à dégager du profit. "Si dans 30 ans, il y aura 20% de moins d'eau, il faudra consommer 20% de moins d'eau", conclut Christophe Lime.