Témoignage. "Comment aurait été ma vie avec lui ?", Raymond a perdu son père lors du bombardement de Lyon en 1944

Publié le Mis à jour le Écrit par Jean-Christophe Adde et Marius Renaudet
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Le 26 mai 1944, la ville de Lyon se retrouvait sous un déluge de bombes américaines. Les alliés, pour préparer les débarquements en Normandie et en Provence, visaient des infrastructures ferroviaires. Mais les dommages collatéraux furent meurtriers, plus de 700 personnes ont trouvé la mort. Le père de Raymond Drevet était de ceux-là. Il raconte.

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Vers 10 h00, ce 26 mai 1944, les sirènes retentissent sur la ville de Lyon. Environ 400 avions sont signalés, ils volent à 7 000 mètres d'altitude. En une vingtaine de minutes, un déluge de feu s'abat sur l'agglomération lyonnaise.

Dommages collatéraux

Des immeubles, des maisons, des quartiers entiers de la ville se retrouvent sous les bombes. Une usine, située dans le quartier de Gerland est entièrement rasée. Des ouvriers et des clients se sont pourtant réfugiés dans un abri, sous le bâtiment, 83 personnes seront retrouvées mortes, ensevelies sous les décombres. Leurs corps déchiquetés ne sont, pour certains, identifiés qu’au bout de plusieurs semaines.

"Comment aurait été la vie ?"

Raymond Drevet a six ans à cette époque. Il vit chez ses grands-parents, en Savoie. "Les autorités avaient demandé aux parents d'évacuer les enfants loin des villes" explique-t-il. Le 26 mai, avec son frère, ils voient passer des avions dans le ciel. Son frère lui raconte qu'ils les ont applaudis en reconnaissant les bombardiers américains. Mais, à quelques kilomètres de là, son père est devant l'usine Olida, située dans le quartier de Gerland.

Mon père se trouvait au 99 rue de Gerland, devant l'usine. Quand l'alerte a été donnée, le directeur de l'usine, pour protéger les employés et les personnes présentes, a fait entrer tout le monde dans l'abri. Une bombe est tombée, elle a fait 83 morts, dont mon père.

Raymond Drevet, président de "l'amicale des anciens d'Olida"

Une vie à raconter

Raymond n'apprendra le décès de son père que quelque temps plus tard, en voyant sa mère porter le deuil. Il ne pourra pas assister à ses obsèques, pour des raisons de sécurité, "les accès étaient limités".

Après la guerre, Raymond va consacrer sa vie à Olida. Il y travaillera et fera tout pour perpétuer la mémoire de ce jour funeste en devenant le président de "l'amical des anciens d'Olida". Il se rend, chaque année, aux commémorations. Une façon de garder le lien avec l'histoire et avec son père.

Ému, il se demande, 80 ans après : "comment aurait été la vie s'il avait été là ?". Il essuie une larme et poursuit : "c'est le destin, mais la vie reprend". "On est arrière-grands-parents aujourd'hui, des petits-enfants que l'on adore, que demander de plus ?".

À travers son association, il continue à témoigner. Il raconte sans cesse cette histoire. "Mon but maintenant, c'est de transmettre".

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Le 26 mai 1944, plus de 700 personnes trouveront la mort suite aux bombardements alliés qui visaient des infrastructures ferroviaires. ©INA / France 3 Rhône-Alpes

Des bombardements imprécis

L'objectif des alliés est d'empêcher l'armée allemande d'acheminer des troupes vers le nord-ouest de la France. Les débarquements de Normandie et en Provence se préparent. Il faut frapper fort. Mais les bombes lâchées à haute altitude ne sont pas précises, des cibles stratégiques sont atteintes. Les gares de triages de Lyon-La Mouche et de Lyon-Vaise sont détruites. "L’École du service de santé militaire, qui sert alors de siège à la Gestapo, est également touchée : la façade du bâtiment, donnant sur l’avenue Berthelot, est totalement détruite" peut-on lire sur le site du CHRD (le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon).

Un lourd bilan

Ce 26 mai 1944, plus de 700 morts seront comptés, certains découverts plusieurs jours plus tard et environ 1800 blessés seront acheminés vers les hôpitaux. La ville est ravagée, 1200 immeubles sont tombés. Plusieurs années pour la reconstruction seront nécessaires. Des historiens évoquent 1500 bombes larguées et parlent désormais de près de 1000 morts.

Les stigmates de ce bombardement sont encore visibles, sur certaines façades d'immeubles, on peut apercevoir des éclats d'obus. Régulièrement, lors de travaux, des bombes de 250 ou 500 kg sont mises au jour.

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