Suite à une violente agression au cutter samedi 11 mars par son ex-compagnon, une jeune femme a eu le courage de porter plainte pour violences volontaires aggravées, usage d'arme et préméditation. Elle témoigne.
Cynthia* parle d’acharnement. Et énumère : 40 points de suture à la joue, 10 à la lèvre, 27 à la main et de multiples plaies au crâne. C'est son ex-compagnon qui l’a agressée, samedi 11 mars, alors qu’elle promenait son chien en bas de chez elle, à Vénissieux. Elle avait décidé de le quitter une semaine auparavant. Cynthia*, 29 ans, s’en sort avec 60 jours d’incapacité totale de travail. Mutilée, choquée et révoltée, elle décide de témoigner. Et de dire aux femmes de faire attention sur les réseaux sociaux.
Les coups, le traumatisme
"J'ai ressenti de la haine chez lui, parce qu'il m'a mis plus de dix coups. Il ne regardait même pas où il me mettait les coups de cutter. Pour lui, c'était une détermination de juste toucher mon visage. A un moment donné, j'ai voulu me relever pour me défendre et c'est là où il m'a mis le coup de cutter sur la joue et il est vite parti en courant."
La jeune femme est rapidement prise en charge par des garçons de son quartier jusqu'à l'arrivée des pompiers et policiers municipaux. Elle est transférée à l'hôpital.
"Cela m'a laissé un traumatisme. Quand je croise des hommes, j'ai l'impression qu'ils vont reproduire le même acte même si on ne se connait pas."
Cynthia*, victime d'une agression
Ce n'était pas la première fois que vous vous sentiez en danger, pourquoi ne pas l'avoir quitté ?
J'ai voulu le quitter, mais il m'a menacée. Donc, je me suis dit, je vais rester avec lui et faire en sorte que ce soit lui qui me quitte. Comme ça, il me laissera tranquille. En fait, en faisant cela, plus on avançait, plus au contraire il s'attachait à moi. Du coup, après, je n'avais plus d'échappatoire, je ne savais plus comment faire et j'ai finalement décidé de partir et d'en subir les conséquences.
Quelles menaces avez-vous subies ?
"Les menaces c'était : je vais te jeter de l'acide, je vais te découper le visage comme ça, plus personne ne voudra de toi. Il voulait me tuer. Il voulait enterrer mon corps dans un champ. Il me disait, toi et moi, c'est à la vie à la mort. C'est soit je vais en prison, soit la mort. En tous les cas, je ne te quitte pas.
Avant je sortais avec mes copines. Malgré tout ce qui se passe autour de nous, on va pas se dire que ça va nous arriver à nous. J'étais bonne vivante, j'avais une vie normale, j'étais quelqu'un de très sociable. Maintenant j'ai peur des hommes. C'est malheureux à dire, j'ai peur des hommes."
Pourquoi témoigner ?
"D'abord, je le fais pour moi. Puis ensuite pour toutes les femmes qui ont peut-être subi pire que moi et qui n'ont jamais osé en parler, jamais porté plainte. Pour leur montrer que moi aujourd'hui, j'ai porté plainte. J'ai d'abord fait confiance à la police. Maintenant je fais confiance à la justice pour qu'il aille en prison.
J'aimerais aussi faire passer un message de prévention à toutes les filles : il faut faire attention à qui on parle sur les réseaux. Car je l'ai connu sur TikTok. Sa vie, elle était inventée du début à la fin. Je ne savais pas la vérité sur lui jusqu'à ce qu'il me fasse ça et que j'apprenne beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses sur lui. Si un jour on se sent menacée par son copain, il faut en parler autour de soi. Moi je n'en ai pas parlé, j'ai essayé de me débrouiller toute seule pour protéger ma famille.
Et puis c'est aussi pour montrer aux autres hommes que ce n'est pas normal de faire ce qu'ils font. Quand une femme ne veut pas d'eux, il faut la laisser tranquille. Ce n'est pas en lui faisant des choses comme ça qu'il réussira à la récupérer."
Cynthia a porté plainte pour "violences volontaires aggravées, usage d'arme et préméditation".
* Le prénom a été modifié à la demande de la victime