Témoignage. "Je me suis vraiment senti revivre" : Emmaüs, refuge pour les plus démunis, sur les traces de l'Abbé Pierre

Publié le Écrit par Sébastien Allec et Sandra Méallier

La communauté Emmaüs de Vénissieux, ce sont une soixantaine de compagnons, une centaine de bénévoles et quelques salariés. Mais plus que ce chiffres, se sont autant d'histoires personnelles d'hommes et de femmes souvent abîmés par la vie qui se croisent et se rencontrent depuis 2005. Rencontre.

70 ans après l'appel de l'Abbé Pierre, lors de l'hiver 1954, pour une insurrection de la bonté, Emmaüs, poursuit son action. À Vénissieux près de Lyon, comme dans chacune des communautés, des vies ont été sauvées, d'autres ont rebondi vers un avenir possible. 

Ahmed Dosso a 29 ans et il vient de Côte-d'Ivoire. Ses 3 premiers mois en France, il les a passés à errer sans autre but que celui de s'en sortir, sans pour autant savoir ou aller. "J'étais sans-abri, j'étais fatigué et je n'avais plus le moral", nous raconte-t-il. 

La rencontre heureuse 

Un jour, il prend un TER au hasard à Lyon. Le destin l'envoie en direction de Roanne. "Je suis tombé sur un contrôleur... et cela ne s'est pas très bien passé", souffle-t-il. Descente forcée à Tarare. Ahmed est plus que jamais seul. "Un Monsieur de bonne volonté m'a demandé où j'allais. Je n'avais rien, j'étais dans un sale état. Je lui ai dit que je ne savais pas."

Le monsieur lui parle d'Emmaüs, où peut-être il pourrait trouver un abri, et l'emmène à la communauté la plus proche. "Quand je suis arrivé, la responsable m’a pris tout de suite. C’est parti comme ça." Après un mois et demi à Tarare, il est envoyé à Lyon. 

Aujourd'hui, un an et 4 mois précisément après cette rencontre heureuse. Ahmed respire la bonne humeur et l'apaisement. À Venissieux, il travaille au sein de la partie vente de vêtements. Son aisance est palpable. Les rayons n'ont plus aucun secret pour lui. "Il arrive parfois qu’il y ait des vêtements de marque qui arrivent en don. On les repère facilement avec l'expérience" sourit-il. 

Je rêve d'avoir une vie stable, un travail et une famille

Ahmed, compagnon d'Emmaüs

Les communautés d'Emmaüs de Tarare puis de Vénissieux lui ont donné un toit, un travail et la possibilité et la possibilité de se projeter dans l'avenir. 

"Ici j’apprends beaucoup", poursuit Ahmed. "Le marketing, la vente, la gestion de clientèle. J’essaie de prendre ça comme ça quand je sortirai je pourrai m’en servir pour continuer d'avancer". Son rêve ? Faire des études de commerce et travailler dans la vente. "Avoir une vie stable, un travail et une famille", nous explique-t-il. Tout simplement. 

"Emmaüs m'a tendu la main, m'a accueilli et donné beaucoup de respect. Ce respect et ce bonheur j'ai à cœur de le rendre chaque jour aux clients que je rencontre car je sais qu’eux aussi, dans une majorité, ont besoin qu'on leur tende la main."

Gagner en savoir-faire 

Papy Mposhi vient de la République Démocratique Congo. Cela fait maintenant 4 ans qu'il a franchi les portes d'Emmaüs pour la première fois. "Je ne savais pas ou aller. Ici on m’a donné une chambre, de quoi manger. Je me suis vraiment ressenti de nouveau en vie ici", témoigne-t-il. 

Depuis 4ans, il se forme à Emmaüs au métier de réparateur d'électroménager et ainsi se permet à nouveau de rêver d'un avenir. "J'ai suivi des formations en électricité, d'encadrement. J'ai aussi appris à conduire des transpalettes... ça m'aide bien parce qu’avant je déplaçais tout à la force de mes bras avec un diable", raconte-t-il entre deux rires. 

"Ils m'ont tout appris ! Quand je suis arrivé je ne savais pas brancher un fil électrique derrière une gazinière « plus, moins, neutre,’ je ne savais pas ! Ce sont eux qui m'ont tout appris", nous raconte-t-il en nous présentant ses formateurs, émus. "Ils nous aident beaucoup, surtout moi", plaisante-t-il encore. 

Aujourd'hui, Papy s'autorise à rêver d'une vie en dehors d'Emmaüs comme réparateur dans un grand magasin d'électroménager. Il en a fait son objectif. "Quand j'aurai des papiers je partirai d'ici. Je suis un homme responsable, j'ai des enfants en Afrique. Je veux les aider pour faire leurs études par exemple", explique-t-il. "Pour moi aussi, je veux me prouver que je peux m'assumer à l'extérieur". 

"Cela va être dur de partir car c'est comme une famille ici, mais je reviendrai, promis !". Il le promet néanmoins, il n'oubliera jamais la communauté.

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