Témoignage. "Je vis avec la colère depuis ce drame" : la détresse de la maman de Johanna, écrasée par un bus

Publié le Écrit par Dolores Mazzola

Sa fille Johanna, âgée de 15 ans, est morte tragiquement à Lyon le 16 janvier 2019, écrasée par un bus. Presque cinq ans après le drame, Sandrine Barthélémy réclame encore justice. Elle veut entamer une grève de la faim et compte s'installer devant l'Hôtel de Ville, face à l'endroit où sa fille a perdu la vie.

"Je suis toujours en colère, je vis avec la colère, je mange avec la colère, je dors avec la colère. Même au cimetière, j'y vais avec de la colère. Je n'ai jamais un moment de répit". Sandrine Barthélémy est aussi une maman endeuillée et inconsolable. Une mère qui passe des heures à écrire. Près d'elle, des photos de sa fille Johanna, à tous les âges, souriante, son visage encadré de peluches.

Écrire n'apaise rien

Elle écrit, mais l'écriture n'apaise pas sa peine. "Ça n'apaise rien, mais c'est un exutoire, j'y mets toute ma colère et toutes les choses vécues depuis ce drame innommable, des choses que je ne devrais pas vivre avec la justice", explique-t-elle. "Ça fait cinq ans, et ça n'est pas terminé. On ne la laisse pas s'en aller ! Johanna, je sais qu'elle veille sur moi pour que je puisse terminer ce combat ! Terminer le livre".

Sandrine Barthélémy s'accroche aujourd'hui à ses écrits, pleins de colère et d'amour, pour laisser une trace de sa fille disparue tragiquement à l'âge de 15 ans. "Le livre, il restera, je sais que mon histoire sera lue".

Une adolescente perd la vie

Johanna a perdu la vie le 16 janvier 2019, à Lyon. Une tragique journée ensoleillée au cœur de l'hiver. L'adolescente de 15 ans a été percutée et écrasée par un bus articulé de la ligne C3. Le choc a été fatal. Au moment du drame, la lycéenne traversait une rue près de l'Hôtel de Ville. Que s'est-il produit à l'angle de la rue de la République et de la rue Joseph Serlin ?

Le carrefour situé tout près de l'arrêt de bus "Hôtel de Ville-Louis Pradel" est réputé très dangereux. Le secteur est surtout très fréquenté, notamment par des jeunes qui sortent des établissements du secteur. 

D'après les éléments de l'enquête, la lycéenne portait des écouteurs et le chauffeur aurait été ébloui par le soleil et ne l'aurait donc pas vue. Les secours n'ont rien pu faire pour sauver la jeune fille. En juin 2022, deux frères âgés d'une quarantaine d'années, dont l'un était employé du centre de surveillance urbaine de la ville de Lyon, avaient été jugés et condamnés pour avoir diffusé des images de la mort de Johanna. La vidéo macabre avait été vue plus de 20 000 fois.

Pour Sandrine Barthélémy, cet accident n'aurait jamais dû arriver. Mais à ce jour, seul le conducteur du bus a été mis en examen pour "homicide involontaire" alors que la mère de Johanna s'interroge aussi sur les responsabilités des pouvoirs publics de l'époque et du gestionnaire des TCL. Le procès de cette affaire n'a toujours pas eu lieu.

Détresse et grève de la faim

Sandrine Barthélémy attend toujours une audience. En 2021, lasse d'attendre, elle avait déjà menacé de faire une grève de la faim. Alors que le procès n'est toujours pas d'actualité, cette maman en détresse a décidé de mettre sa menace à exécution : "Je n'ai plus le choix ! Pour que ça avance, pour qu'on me respecte et qu'on me voit en tant que victime, pour que justice soit rendue à Johanna d'abord. Je me bats pour elle. Je n'ai plus le choix pour qu'on comprenne ma détresse," explique cette maman à bout. "Cinq ans, c'est trop long (...) On ne peut pas nous faire attendre pendant des années... Ma fille, elle est dans un cercueil !". La mère de famille ne comprend pas pourquoi un tel délai.

Jean Sannier, l’avocat de Sandrine Barthélémy, n’admet pas non plus la lenteur de l’institution. L'homme de loi décrit un système judiciaire à bout de souffle et dans l'incapacité de répondre aux besoins des victimes. Il s'apprête à attaquer l'État français pour faute lourde de la justice. Il fait valoir l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'Homme selon lequel "chaque justiciable a le droit à ce que sa cause soit entendue par une juridiction impartiale dans un délai raisonnable".

Or, "attendre cinq ans un procès pour un accident de la route, non, ce n'est pas un délai raisonnable", tonne Jean Sannier.

Mme Barthélémy ne peut pas comprendre que sa souffrance, énorme et qui l'assomme, ne soit pas partagée par les interlocuteurs qui devraient représenter la justice.

Jean Sannier, avocat de Sandrine Barthélémy

Déterminée, Sandrine Barthélémy entend s'installer face à l'Hôtel de Ville, sur le parvis de l'Opéra, à quelques mètres seulement de l'endroit où Johanna a perdu la vie.

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