L’épopée des frères Lebrun lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 a créé un engouement autour du tennis de table. De nombreux clubs locaux font désormais face à un boom des demandes d'adhésion.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont braqué les projecteurs sur le tennis de table français, incarné par Félix et Alexis Lebrun, ainsi que par Simon Gauzy. Les frères Lebrun ont gravi de manière spectaculaire les échelons dans cette discipline. Alors que l'hexagone ne brille pas d'ordinaire dans ce sport, leur parcours a suscité un regain d'intérêt pour celui-ci.
On qualifie même de "Lebrunmania" cet engouement nouveau pour le tennis de table. Sur le terrain, il se traduit par une affluence de nouveaux licenciés. Dans le Rhône, le nombre des demandes d’inscription est sans précédent. Le département comptait environ 5 500 licenciés en mars dernier, un nombre déjà historique.
Pour les clubs locaux, il s’agit d’une véritable aubaine."Le ping français va vivre une nouvelle année dans la lueur éclatante des exploits de l'équipe de France. Fini le sport de looser moqué par tous, nous allons pouvoir fièrement nous balader raquette en main et proclamer notre amour inébranlable du tennis de table" peut-on ainsi lire sur le site du club de Tennis de table de Gerland (TTG). Ce club est le plus important de Lyon, avec 550 adhérents et 8 salles.
Depuis les exploits de l’équipe de France, on a reçu une avalanche de mails pour des inscriptions. On est à environ +15% d’inscrits, avec des créneaux déjà pleins.
Sylvain Chometton, président du TTG
L’emballement a été pressenti par la fédération française de Tennis de table (FFTT), qui a envoyé par mail en début d'été un guide "Réussir l’accueil" à tous les clubs, avec plusieurs préconisations pour faire face au boom des nouvelles inscriptions.
"Avant, personne ne connaissait le nom d’un champion de tennis de table"
"Il y a quelques mois, on craignait de devoir refuser du monde, faute d’entraîneurs, mais beaucoup de jeunes ont toqué à notre porte pour se proposer, ce qui nous a permis d’avoir davantage de créneaux. On a notamment recruté des alternants" témoigne Sylvain Chometton. Au sein du club, il note un intérêt accru pour la compétition ces dernières années, stimulé par le succès des pongistes français alors que ce sport a longtemps été associé à une pratique loisir.
"Avant, personne ne connaissait le nom d’un champion de tennis de table. Désormais, on a chaque année de plus en plus de demandes d’inscription, alors qu’on ne fait aucune promotion. Comme il y avait eu un effet Gatien dans les années 90, il y a désormais un effet Lebrun et maintenant on est en train de surfer sur cette vague. On en est très contents" explique le président du TTG.
Des enfants qui tiennent leurs raquettes comme Félix Lebrun
Même son de cloche dans le 6ème arrondissement de Lyon, où le club de l’ASTT Lyon 6 recense déjà un nombre d’inscriptions record. "On s’y attendait un peu, mais pas à ce point. Même si on a accès à un grand gymnase, on ne peut pas repousser les murs. On a 200 inscrits et on va devoir refuser une centaine de personnes" affirme son président, Olivier Moynot. Pour cause, la majorité des clubs rhodaniens ne dispose pas de leur propre salle. Les créneaux réservés aux pongistes sont définis avec la municipalité dès mai, donc difficile d’en ouvrir de nouveaux malgré l’engouement. "On essaie de travailler sur des solutions, par exemple trouver des partenariats avec des collèges afin de pouvoir utiliser leurs infrastructures" détaille le président.
Un véritable effet JO donc, jusque sur le terrain. "Pour la première fois de ma vie, j’ai vu un enfant tenir spontanément sa raquette en porte-plume, comme le fait Félix Lebrun ! Cette manière de tenir la raquette est rare d’habitude" relève Olivier Moynot.
Autre particularité des nouveaux profils : beaucoup sont des séniors, ou encore d’anciens compétiteurs qui souhaiteraient reprendre. Selon le président du club, plusieurs facteurs ont participé au renouveau du sport : "la plupart des gens ont déjà joué au tennis de table, ça leur rappelle de bons souvenirs, ainsi que le côté spectacle avec les Lebrun, qui démontrent que c’est un véritable sport de compétition. Les JO ont été une vitrine excellente pour notre sport, mais sa grande force c’est d’être une pratique familiale et multi-âge".
Loin de l'image d'un "sport de camping"
Un succès qui se ressent également dans les plus petits clubs de la ville, à l’instar du Rhône sportif Tennis de table (RSTT)qui compte une quarantaine de licenciés. Ce club, qui a vu le jour en 1939, est le plus ancien de Lyon. "On a une dizaine de personnes sur liste d’attente. On a une forte demande notamment d’enfants entre 8 et 15 ans, ainsi que d’anciens joueurs qui souhaitent revenir à ce sport" raconte le président Franck Duvillard.
"Cela fait quelques années que le tennis de table attire davantage, notamment grâce à la médiatisation croissante de ce sport" ajoute-t-il. Avec cette mise en lumière, les licenciés sont ainsi de plus en plus nombreux à pratiquer en compétition. Ils représentent 75% des effectifs du RSTT.
"Les JO ont été la cerise sur le gâteau. Ils ont permis de donner une image plus positive et sportive de cette pratique, qui nécessite beaucoup de techniques et connaissances, bien loin de l’image de sport de camping!" appuie Franck Duvillard.