Traiter le cancer par l'immunothérapie, les progrès obtenus sur les patients du centre Léon Bérard à Lyon, donnent des espoirs de guérison.
" Mon patient ne se serait pas rentré dans un essai clinique, il serait mort, il n'y a aucun doute". Le professeur Maurice Pérol, est oncologue au centre de lutte contre le cancer Léon Bérard à Lyon, dans son service il constate les progrès réalisés dans le traitement des cancers, par l'immunothérapie. Son patient a fait partie d'une vaste étude réalisée en 2014 dans le monde entier.
Nous vivons actuellement le début d'une véritable révolution : l'immunothérapie est une arme thérapeutique qui devrait toucher à terme, de nombreux types de cancers et quasiment à tous les stades
Maurice Pérol, oncologue médical au centre Léon Bérard à Lyon
Le patient de Maurice Pérol avait un cancer du poumon en progression, malgré deux traitements par chimiothérapie et radiothérapie. Grâce à l'immunothérapie, 9 ans plus tard, il est en totale rémission, les médecins considèrent même qu'il est guéri.
Depuis une dizaine d'années, l'immunothérapie a transformé la cancérologie : en particulier les cancers de la peau, les mélanomes, mais également les cancers du poumon, surtout chez les fumeurs. 1 diagnostic toutes les 15 minutes, 1 décès toutes les 20 minutes, le cancer du poumon et celui qui tue le plus.
La tumeur exerce un frein, bloque le système immunitaire, qui reconnaît la cellule tumorale comme un corps étranger, mais n'arrive pas à l'éliminer. Car pour se défendre, une cellule tumorale exprime une protéine à sa surface, comme un bouclier qui va bloquer l'action des lymphocytes.
L'immunothérapie ne cible pas les cellules cancéreuses, mais le système immunitaire du patient : c'est-à-dire, les cellules qui attaquent les cellules cancéreuses : ce sont des globules blancs, les lymphocytes, chargés de détruire tout ce qui est corps étranger. L'immunothérapie permet de réactiver, booster le système immunitaire, pour qu'il s'attaque plus efficacement aux cellules tumorales.
Il y a 10 ans, elle n'était pas accessible en dehors des essais cliniques. Parmi les grands laboratoires pharmaceutiques, c'était la course pour être le premier à mettre au point des médicaments satisfaisants. En 2014 le laboratoire japonais et un laboratoire américain font une avancée majeure et obtiennent le prix Nobel de médecine. Aujourd'hui ces médicaments font partie du traitement courant.
Les rémissions sont beaucoup plus prolongées que celles obtenues par les traitements traditionnels.
Maurice Pérol, oncologue médical centre Léon Bérard à Lyon
Malheureusement, seule une proportion minoritaire de patients répond au traitement. Dans le cas du cancer du fumeur, très agressif, 3 fois sur 4, quand on le découvre, il y a des métastases, d'autres organes sont atteints. Avant, les médecins couplaient la chimiothérapie et la radiothérapie.
En y ajoutant l'immunothérapie, cela permet de réduire le risque de rechute d'environ 10 à 12 %. Le nombre de malades qui survivent augmente de 10 % après 3 ans de traitement. Au début de son utilisation, l'immunothérapie était utilisée uniquement dans les stades très avancés de cancer, en cas de métastases, aujourd'hui elle l'est, y compris à des stades précoces chez des patients opérés. Les progrès sont remarquables mais insuffisants.
Les équipes médicales, notamment au centre de lutte contre le cancer Léon Bérard, essayent d'améliorer les résultats, en y associant un vaccin " le fait de vacciner contre sa propre tumeur, permet au système immunitaire de se réveiller et cela, libère son action par l'immunothérapie" précise Maurice Pérol.
L'immunothérapie est également développée dans de nombreuses autres tumeurs telles que les cancers du sein, du rein de la vessie ou la maladie de Hodgkin.
Ces traitements développés par les grands laboratoires pharmaceutiques du monde entier restent très onéreux.