Deux jours après l'interdictiondu Roundup Pro 360, herbicide à base de glyphosat par la justice administrative lyonnaise, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) réagit dans un communiqué et "conteste toute erreur d'appréciation".
C'est le Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN) qui avait saisi en mai 2017 la justice pour réclamer le retrait du Roundup 360 Pro. Le tribunal administratif de Lyon a annulé mardi 15 janvier l'autorisation de mise sur le marché de cet herbicide commercialisé par la firme Monsanto. La justice a estimé qu'il devait "être considéré comme une substance dont le potentiel cancérogène pour l'être humain est supposé". Et les juges ont clairement mis en cause l'Anses, organisme chargé d'attribuer ces autorisations en France, estimant qu'elle avait "commis une erreur d'appréciation au regard du principe de précaution" en autorisant ce produit le 6 mars 2017.
"La décision étant à effet immédiat, l'autorisation de mise sur le marché du Roundup Pro 360 est annulée. En conséquence la vente, la distribution et l'utilisation du Roundup Pro 360 sont interdites à compter de ce jour", a indiqué dés le 15 janvier l'Anses.
Il est donc désormais interdit de vendre, distribuer et utiliser du Roundup Pro 360, produit du géant de l'agrochimie américain Monsanto, filiale de l'allemand Bayer depuis 2018.
Cependant l'Anses "conteste toute erreur d'appréciation dans l'application de la réglementation nationale et européenne". Mais l'agence n'a toutefois pas encore décidé si elle ferait appel de cette décision, précise une porte-parole.
Le glyphosate sur la sellette
Le Roundup 360 Pro est un désherbant, essentiellement utilisé en viticulture. Il ne représente que 2% des ventes de glyphosate sous la marque Roundup en France. Pour autant, les défenseurs de l'environnement espèrent que la décision ait un effet domino sur les autres produits à base de glyphosate, au moment où le débat fait rage en France et en Europe sur la potentielle dangerosité de ce principe actif du Roundup. En novembre 2017, l'Union européenne avait renouvelé son homologation pour cinq ans, mais le président Emmanuel Macron s'est engagé à le bannir en France d'ici à 2021.Dans son communiqué, l'Anses rappelle que "dès 2016, elle a été la première autorité nationale à retirer les autorisations de mise sur le marché de 126 produits à base de glyphosate contenant un coformulant potentiellement génotoxique". Elle précise aussi qu'elle "réévalue actuellement l’ensemble des produits à base de glyphosate commercialisés en France et est pleinement engagée dans l’évaluation des alternatives à l’usage du glyphosate, conformément aux engagements du gouvernement."