Trois cygnes poussés du haut du pont de la gare Lyon Perrache souffrent de graves fractures

Il y a tout juste une semaine, le mardi 17 octobre 2023, le centre de soins pour animaux sauvages, l'Hirondelle, a recueilli trois jeunes cygnes profondément blessés. Les volatiles poussés du haut du pont de la gare de Perrache se sont écrasés plus de 10 mètres en contrebas. La SNCF a diligenté une enquête.

Il était près de 9h, ce mardi 17 octobre, quand le centre de soins pour animaux sauvages, l'Hirondelle, a reçu plusieurs appels téléphoniques pour signaler que trois jeunes cygnes auraient été poussés à se jeter du haut du pont par au moins une personne travaillant sur le site.

Une chute de plus de 10 mètres

C'est dans un état critique que l'association l'Hirondelle a trouvé les oiseaux, le mardi 17 octobre en contrebas du pont de la gare de Perrache. Après leur chute de plus de 10m de haut, les jeunes cygnes étaient apeurés, en état de choc, immobiles.

Impossible pour eux de prendre leur envol, de multiples fractures les clouaient au sol. Plusieurs personnes, dont trois témoins, ont appelé le centre de soins pour signaler des animaux blessés et décrire un acte insensé.

"Les cygnes ont été poussés, jetés, les interprétations diffèrent selon les témoignages, du haut du pont SNCF à la sortie de la gare de Perrache et se sont littéralement écrasés en dessous", dit Pascal Tavernier, directeur de l'Hirondelle.

Dans leurs descriptions, les gens disaient que cela avait fait tellement de bruit que cela donnait l'impression que les oiseaux étaient tombés sur une dalle de béton plutôt que dans l'eau du Rhône.

Le cygne est un oiseau massif, pour s'envoler il a besoin de prendre de la distance. "Là, ils sont vraiment tombés comme des pierres, dit le directeur de l'association. Je pense que vu l'endroit, c'est le bord de l'autoroute et c'est très bruyant, c'est fou que les témoins aient pu entendre un bruit aussi sourd en étant en pleine ville."

Maltraitance intentionnelle ou incompétence notoire ? 

"Je reste prudent sur les termes, dit Pascal Tavernier, nous n'avons que la version des témoins de la scène. Avant "de nous fâcher sur les réseaux", nous nous sommes demandés au sein de l'association si l'auteur de cet acte n'était pas juste complètement incompétent, voire ignorant, et se serait dit : c'est un oiseau, si je le pousse, il va s'envoler. Le raisonnement aurait pu se tenir sur le premier cygne, mais quand il a dû voir que le premier s'écrasait, il n'aurait pas dû faire pareil avec le 2ᵉ et le 3ᵉ", détaille Pascal Tavernier.

Dans tous les cas de figure, les cygnes n'auraient jamais dû être poussés, jetés ni même portés pour être mis à l'eau. "La consigne que l'on a déjà explicitée plusieurs fois à la SNCF, c'est de nous appeler. On intervient très vite, ce qui évite de prendre des risques pour la circulation ou pour les personnes de la SNCF qui sont sur les voies."

Un retour à l'état sauvage incertain 

Ces cygnes ne sont pas des animaux domestiques, le rôle de l'association est de remettre les animaux secourus dans leur milieu naturel.

"Depuis leur sauvetage, ils vont mieux, ils s'alimentent, ce qui est positif. Mais en revanche, sur la gravité des blessures, nous sommes plus inquiets. Des opérations sont prévues dans la semaine pour que les oiseaux puissent récupérer leurs ailes le plus rapidement possible, explique Pascal Tavernier. Nous ne serons pas fixés avant minimum trois semaines, un mois sur d'éventuelles chances de retour dans la nature. La seule chose sur laquelle on peut se prononcer c'est l'amélioration de leur état, ils ne sont plus en état de choc comme lorsqu’ils sont arrivés."

Sept interventions cette année

La SNCF doit contacter l'association pour indiquer ce qui va être mis en place, en urgence, pour éviter que cela ne se reproduise. L'association souligne que la version des témoins concorde alors qu'ils ne se connaissent pas. 

Pour l'Hirondelle, c'est important que la SNCF puisse dire si un agent a commis une erreur et quelle procédure elle met en place.

Sur les réseaux sociaux, l'association mentionne que les agents SNCF connaissent la marche à suivre en cas de cygnes sur les voies ferroviaires. "Ils savent nous contacter quand ils le veulent. Rien que sur l’année écoulée, nous sommes intervenus à sept reprises sur des cygnes s’étant retrouvés coincés sur le pont ferroviaire."

Un précédent avec le chat Neko

Dans son message, l'Hirondelle précise que "les consignes données par la hiérarchie de la SNCF étaient que les cygnes présents sur le pont ne devaient pas perturber le trafic, quitte à ce que les trains les percutent."

L'association attend un engagement rapide et fort de la SNCF. Il y a un précédent en la matière, en gare de Montparnasse. Neko, un chat qui s'était échappé de sa cage, en janvier 2023 et s'était caché sous un TGV a été écrasé "volontairement". La SNCF a été poursuivie “pour atteinte involontaire à la vie ou à l’intégrité d’un animal domestique”.

"Il y a des comportements qui ne vont pas chez certains agents et personnel de la SNCF, martèle Pascal Tavernier, et la SNCF doit faire son travail de sanction. S'il n'est pas fait, le travail se fera via un dépôt de plainte et un tribunal."

Une enquête de la SNCF

La société ferroviaire explique avoir pris connaissance de l'incident. Elle a contacté l'association pour lui faire savoir qu'une enquête était en cours afin de comprendre les circonstances de l'évènement.

La société affirme dans un courrier adressé à l'Hirondelle qu'elle organise "des actions de sensibilisation auprès des agents de terrain" et s'appuye sur des partenariats signés avec FNE (France Nature Environnement) et la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux). 

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