Pour diffamation envers le footballeur Karim Benzema, le parquet de Lyon a requis 10 000 euros d’amende contre le militant d’extrême droite affilié à Reconquête. Le jugement a été mis en délibéré au 19 septembre.
Des photos accolant des islamistes armés et Benzema. Une autre le montrant à côté d'un ancien imam de Meaux (Seine-et-Marne), entendu par la police après l'assassinat de Samuel Paty. Pour ces deux tweets signés Damien Rieu, de son vrai nom Damien Lefevre, le parquet de Lyon a requis 10 000 euros d’amende.
Selon Me Cormier, deux tweets successifs diffusés par Damien Lefevre sur son compte au nom de Rieu ont "dépassé les limites de l'acceptable", produits dans le contexte de l'assassinat du professeur Samuel Paty.
"On a le droit de se moquer de Karim Benzema (...), mais de l'associer à un terroriste, ça, on n'a pas le droit", a plaidé Sylvain Cormier, avocat du footballeur originaire de Bron.
Une amende au montant inhabituel
"L'amalgame est non seulement diffamatoire, mais il est abject et grotesque", a estimé le procureur Alain Grellet, réclamant une amende au montant inhabituel en matière de presse : 10 000 euros.
Selon le magistrat, cette façon d'insinuer une proximité entre le célèbre joueur de football et des djihadistes "constitue une insulte à l'égard de ceux qui luttent contre le terrorisme islamiste, et de ceux qui en ont souffert dans leur chair".
Un procès sous tension
“C’est la première fois que je vois ça. Quelqu’un qui met en scène son procès. Il est venu avec de faux gardes du corps, il s’est pris en photo avec eux, il avait un comité de soutien à l’entrée”, raconte encore étonné maître Cormier, avocat de Karim Benzema.
Selon maître Cormier, le polémiste et co-fondateur du groupuscule dissous Génération identitaire “a été convoqué à quatre reprises par le juge d’instruction. Il a tout fait pour passer à travers les gouttes”.
Pour lui, pas de doute : "Damien Rieu est un être profondément égocentrique. Il profite de la notoriété des gens qu’il attaque."
"Le cœur du dossier, ce sont les ambiguïtés de Monsieur Benzema”
"Le cœur du dossier, ce sont les ambiguïtés de monsieur Benzema qui like certaines publications qui font l'apologie du terrorisme", a plaidé en défense Pierre-Vincent Lambert, pointant un "like" du joueur en faveur d'un sportif du Daguestan ayant parlé "des ennemis de l'islam" à propos de caricaturistes. Selon Me Lambert, les tweets et la "juxtaposition de photos" ont légitimement critiqué le joueur "de manière ironique et sarcastique".
"Je suis lanceur d'alerte sur les questions islamistes", s'est justifié à la barre Damien Lefevre, se présentant comme "communicant", salarié du parti Reconquête.
"Quand on est une star, on a des responsabilités, il a envoyé des signaux ambigus très graves. C'est monsieur Benzema qui devrait être à ma place aujourd'hui", a déclaré le prévenu, qui, durant l'instruction judiciaire, n'a pas répondu au juge.
Le jugement a été mis en délibéré au 19 septembre.